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"La mère des sources" : à la découverte du premier réseau d'eau potable de Montluçon

À l’occasion de l’été, alors que la ressource en eau est plus que jamais précieuse, l’archéologue Olivier Troubat revient sur l’histoire des sources et des fontaines de Montluçon (Allier). Au Moyen Âge, le premier réseau d’eau potable de la ville est construit, rue des Conches.

C’est une petite porte en bois verrouillée, nichée au 24, rue des Conches. En bordure de route. À première vue, rien d’extraordinaire donc. Pourtant, c’est bien une partie de l’histoire montluçonnaise qui se cache derrière ces quelques lattes abîmées.

Éclairé par des lampes torches, il faut descendre quelques marches avec des bottes pour arriver, arc-bouté, à ce petit bassin où de l’eau claire coule doucement. Comme une mélodie dans le silence rassurant. Une trace de l’Histoire.

Il faut descendre quelques marches pour découvrir ce lieu caché.

Terre riche en eau

La voilà, ladite "mère des fontaines", point de départ de ce qui forme au Moyen Âge le premier réseau d’eau potable de la cité des bords du Cher. Mais retour à la genèse de cette installation. Jusqu’au début du Moyen Âge, la cité de Néris-les-Bains est la plus grande ville du bassin. Montluçon ne sera fondée que bien plus tard et ce, pour deux avantages dont ne dispose pas sa concurrente. La future cité est située sur de grandes voies gallo-romaines et le lieu est riche en eau.

À l’instar de Moulins et de Vichy, le site se trouve en effet sur "une terrasse alluviale" avec un "stock d’eau possible", vulgarise Olivier Troubat, archéologue local, spécialisé dans le domaine subaquatique est coauteur de l’ouvrage L’eau à boire - archéologie de l’eau en ville. Entre "le VIIIe et le Xe siècle", une seigneurie installe donc ses quartiers sur ce site attractif.

La population se développe et, à la fin du XIe siècle, "la concurrence entre les villes incite certains seigneurs à rendre leur cité plus attractive", éclaire Olivier Troubat. Et cela, passe entre autres par l’installation "de fontaines".

Premier réseau, premières fontaines

Deux seront construites à cette période : la première, celle de la place Saint-Pierre, "une fontaine grotte" aujourd’hui reconnaissable par ses têtes de lions ; la seconde, place Notre-Dame, dont seule la coupole est encore d’origine. Ces monuments, conçus en grès,  "s’usent avec le froid, le gel et l’eau" et ont dû, de fait, être remaniés à de nombreuses reprises.

Mais alors, comment alimenter ces points d’eau ? Par cette "mère des fontaines", construite au XIe-XIIe, un bassin de recueil où se retrouvent deux sources d’eau potable (*). Le système est ingénieux : ici, à 1 mètre 50 sous terre, l’eau de ces sources est récoltée, puis, elle est acheminée par un aqueduc en pierre sur des dizaines de mètres, passe par des conduits pour, enfin, approvisionner les fontaines. Au total, "c’est un débit d’eau de 119.000 litres par jour", estime l’archéologue. Ce système restera quasi à l’identique pendant des siècles avec quelques petites modernisations du côté des canalisations.

L'aqueduc, rue des Conches. 

Une chose est sûre, pour l’époque et la taille de Montluçon, deux fontaines représente un chiffre conséquent. Il y en aurait eu le même nombre à Narbonne et à Dijon, selon les recherches du spécialiste. À titre de comparaison, le Paris de Charles V (1364-1380), alors ville la plus peuplée d’Occident, "en comptait trois".

(*) Il y en aura une troisième à partir de 1875 dans l’aqueduc.

Pratique : L’eau à boire - Archéologie de l’eau en ville, édité par le Cercle d’archéologie de Montluçon et sa région, 26 euros, à retrouver dans les librairies locales. 

Texte : Camille Gagne Chabrol

Photos: FLorian Salesse

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