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JO-2024: le Languedoc, coeur du volley français

"Pour nous, le volley, c'est le sud!". Venant d'un citoyen du Brésil, où ce sport est roi, la parole est presque d'Evangile: Marcelo Fronckowiak est l'entraîneur de Tours, en déplacement en ce jour de mars au "Barrou", l'enceinte de l'Arago Sète.

La vétuste et légendaire salle, avec son chaud public "qui te tape l'épaule quand tu vas servir", selon l'ancien international Renaud Herpe (223 sélections de 1995 à 2002), doit être totalement rénovée à partir de la rentrée, refermant la page de près de 40 ans de souvenirs.

La ville respire le volley. Sète, "c'est Georges Brassens et l'Arago", dit Gérard Castan, ancien joueur du club dans les années 1970 et adjoint aux sports de la ville.

"Je ne connais pas un Sétois qui n'ait pas joué ou assisté à un match. Tous jouent au volley sur la plage les jours été, tous les bars de plage ont un filet de volley", affirme encore l'ancien manager de l'équipe de France.

Le sable des plages et le sol des salles: le volley dans le Languedoc est assis sur ces deux piliers, qui nourrissent l'amateur ou le professionnel douze mois sur douze, ou presque.

Renaud Herpe est passé par les trois clubs phare du pourtour languedocien (Montpellier, Sète et Narbonne, présents en 1re division 2024-2025). Il se souvient qu'alors au centre fédéral (implanté à Montpellier), il "prenait le bus" pour aller jouer lors de ses week-ends libres sur les plages de Palavas-les-Flots ou de Carnon.

"Il n'y avait pas beaucoup de terrains, il fallait se battre pour jouer", raconte le Narbonnais, croisé avant un "derby" contre Montpellier, en avril.
Rivalités
Les antagonismes opposent surtout Sétois et Montpelliérains et se vérifient sur le sable chaque été au rythme des nombreux tournois, de la Grande-Motte à Gruissan en passant par Valras-Plage.

"Les rivalités dans les tournois de plage se voient très bien dans les compte rendus de la presse d’avant-guerre: entre les équipes sétoises et montpelliéraines... heureusement qu’il y a un filet", raconte Guy Laurans, docteur en sociologie qui a étudié, avec son collègue Christian Guiraud, l'implantation du volley-ball dans l'Hérault.

Introduit en France par les soldats américains pendant la Première Guerre mondiale, il débarque dans la foulée sur les rivages héraultais dans un contexte de développement de la pratique sportive et des loisirs.

"Les premiers tournois de plage sont organisés dans les années 1920. Cela amène une pénétration relativement en profondeur de la population languedocienne", explique Guy Laurans.

Les volleyeurs languedociens profitent aussi d'une spécificité locale, le sol meuble, qui leur permet de développer leur agilité et leur technique par exemple en plongeant pour éviter que le point ne soit perdu, "ce qu'on peut difficilement faire sur un terrain en dur de la région parisienne", observe le sociologue.

"Il y a là je pense une spécificité technico-physique des volleyeurs montpelliérains, qui expliquerait leur domination après la Deuxième Guerre mondiale: ils mettent en place un jeu spectaculaire qui apparemment serait neuf en France", poursuit-il.

Avec quatre titres de champion de France de 1947 à 1951, le Montpellier UC (devenu MHSC, sacré en 2022) règne alors sur le volley français masculin, alors sa section féminine empoche trois titres de 1949 à 1952.
Plages et villages
Près de cinquante ans plus tard, quand le beach volley devient sport olympique, en 1996 à Atlanta, c'est logiquement que la paire française qualifiée, composée de Christian Pénigaud et Jean-Philippe Jodard, ait pour terrain d'entraînement le Languedoc.

Idem pour Stéphane Canet et Mathieu Hamel, présents aux Jeux d'Athènes en 2004, qui fondent ensuite le Montpellier Beach Volley, premier club ayant une filière de très haut niveau en France.

Le volley essaime aussi jusqu'aux campagnes de l'arrière-pays à partir des années 1950 via les foyers ruraux et sous l'impulsion de Fernand Soucailles, un instituteur de la localité de Pouzols.

Ce village situé à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Montpellier devient l'un des meilleurs clubs français du volley rural, remportant par exemple le Critérium national sans interruption de 1988 à 1992.

Il comptait alors, selon le sociologue Guy Laurans, une cinquantaine de volleyeurs pour une population de 450 habitants.

Il y a un volley de village comme un rugby de villages. Et Renaud Herpe, 49 ans dans quelques jours, raconte ses souvenirs d'enfance au "tournoi de Roubia", au nord-ouest de Narbonne et qui existe encore: "Tous les joueurs du coin venaient: pendant deux jours, 300 joueurs étaient rassemblés dans un village de 500 habitants environ."

Probablement entre deux parties sur la plage.

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