Pape du disco, Cerrone sera-t-il sacré aux Jeux olympiques de Paris ?
Marc Cerrone, 72 ans, s’est produit samedi 20 juillet 2024 juste à côté de Sens, dans l'Yonne. Avant une prestation écourtée par un violent orage, l’artiste, musicien-producteur aux 30 millions d’albums vendus dans le monde, a évoqué son actualité.
La rumeur vous prête une participation à l’ouverture des Jeux olympiques… Je ne peux pas en parler. Il y aura moins de dix artistes chanteurs, à ce que j’ai entendu. C’est dans moins de huit jours. Il n’y aura pas d’annonce. Il y a eu une fuite et ça s’est avéré très positif. Le public a réagi extrêmement bien. C’était une belle surprise pour moi.
Ce festival dans le nord de l’Yonne, comment cela s’est fait ? J’en fais encore beaucoup, des concerts, une trentaine par an. On me contacte et je viens. Je travaille avec une platine où l’on peut tout mélanger. Je l’ai bourrée de samples de mon catalogue : guitares, cordes, cuivres, percussions…. Je ne joue que ma musique, mon répertoire, vingt à vingt-cinq titres, dans un ordre qui change. Quand on monte sur scène, c’est un peu un jeu de séduction, et je m’adapte en fonction des réactions du public. Récemment, j’ai fait chanter Supernature a cappella à 60.000 personnes, aux Vieilles Charrues. Ça restera l’un de mes plus beaux cadeaux de carrière.
Vous jouez seul sur scène ? Ce soir oui (samedi 20 juillet, ndlr), mais pas toujours. Samedi prochain à Perpignan, il y aura un chanteur, un clavier et un bassiste.
Est-ce que ça coûte cher de faire venir Cerrone ? Ça n’est pas un problème de prix, mais plutôt de savoir si je rapporte de l’argent au festival. Vu le nombre de dates que j’assure et celles que je refuse, ça veut dire que oui. Si j’ai tenu cinquante ans, c’est parce que le public est là. Évidemment, tout cela se résume à l’argent…
On parle souvent de Patrick Hernandez, qui gagne jusqu’à 1.500 € brut par jour avec Born to be Alive. Qu’en est-il pour vous avec le titre également planétaire Supernature ? Je ne sais pas. Je mentirais en donnant un chiffre. Je ne regarde pas ça. Ce qui m’importe, c’est d’avoir les moyens de continuer. Je fais ce métier par passion, pas pour être connu ou gagner de l’argent.n Un magazine US parle de vous comme l’un des musiciens les plus riches au monde… J’ai toujours joué la fourmi, pas la cigale. J’ai fait attention, car je pensais que cela n’allait pas durer…
Préparez-vous de nouveaux albums ? Avant la fin de l’année, sortira un triple album correspondant au catalogue joué en symphonique en novembre 2023 au palais Nikaïa de Nice. Un formidable succès. C'est peut-être d’ailleurs ça qui a interloqué Thomas Jolly, le directeur artistique des cérémonies des JO… J’ai aussi, à venir, trois collaborations avec d’autres artistes, des Anglais surtout.
Vous restez très actif… Extrêmement… C’est ça qui permet de conserver une certaine jeunesse.
Jeune, vous étiez provocateur…
"La provocation, ce n’est pas forcément les femmes nues sur les pochettes de disques, c’est de faire des choses qui n’existent pas, qui peuvent paraître un peu folles, musicalement"
marc cerrone
Vous êtes considéré comme le pape du disco. Ce genre n’est jamais mort finalement… Tant que les gens auront envie de bouger, de s’envoyer en l’air, d’oublier leurs problèmes, de picoler un peu pour l’ambiance, tant que les discothèques seront vivantes, cela continuera. Je n’ai rien inventé. Avec une poignée de mecs comme Nile Rodgers et Giorgio Moroder, j’ai juste fait de la musique spécifique pour les discothèques.
Quels changements avez-vous impulsés ? J’ai mis en avant la batterie et tout le monde a suivi. Aujourd’hui, tous les genres musicaux sont concernés. Par ailleurs, avant moi, en discothèque, on jouait de la musique de radio, des hits pop courts. J’ai fait des titres moins chargés en vocal et plus longs, jusqu’à 16 minutes. Cela partait d’un constat simple : en boîte, quand les gens dansent, se draguent, il faut leur laisser le temps ! (rires) C’est comme ça que j’ai pensé mon premier album, Love in C Minor.
Emmanuel Gougeon