Recrudescence de la coqueluche : la Haute autorité de santé renforce les recommandations vaccinales
Depuis le début de l'année 2024, la France connaît une recrudescence marquée de la coqueluche, une infection bactérienne respiratoire hautement contagieuse. Cette épidémie a déjà entraîné la mort de douze nourrissons, un chiffre alarmant qui dépasse celui du dernier pic épidémique en 2017.
Face à cette situation, la Haute Autorité de Santé (HAS) a été saisie par le ministère chargé de la santé pour émettre des recommandations cruciales, afin de freiner la propagation de la maladie et protéger les plus vulnérables.
La vaccination de la femme enceinte, meilleure protectionLa coqueluche se transmet par les voies aériennes et peut être particulièrement grave, voire mortelle, chez les nouveau-nés et les nourrissons de moins de six mois, trop jeunes pour être entièrement protégés par leur propre vaccination. En réponse à cette crise, la HAS rappelle que "la vaccination de la femme enceinte constitue le moyen le plus efficace de protéger le nouveau-né et le nourrisson avant qu’ils ne puissent l’être par leur propre vaccination."
La HAS souligne l'importance de la vaccination des femmes enceintes, recommandée depuis 2022 en France à partir du deuxième trimestre de grossesse et jusqu'à un mois avant l'accouchement. Cette mesure, qui assure une protection des nourrissons grâce au transfert transplacentaire des anticorps maternels, est "sûre et très efficace, assurant une protection des nourrissons contre les formes sévères et les décès de plus de 90 %."
Malgré cette efficacité, la HAS déplore que "cette mesure est encore insuffisamment appliquée en France" et encourage vivement les femmes enceintes à se faire vacciner. En l'absence de vaccination pendant la grossesse, il reste crucial que la mère soit vaccinée avant la sortie de la maternité.
Ne pas différer la primovaccinationPour les nourrissons, la HAS insiste sur l'importance de ne pas différer la primovaccination dès qu'ils atteignent l'âge de deux mois. Cette précaution vise à réduire le risque de formes graves de la maladie, car "les recommandations vaccinales contre la coqueluche visent en premier lieu à réduire le risque de forme grave chez les nouveau-nés et nourrissons, trop jeunes pour être protégés par leur propre vaccination, laquelle est réalisée à 2 et à 4 mois avec un rappel à 11 mois."
Dans ce contexte épidémique préoccupant, la HAS recommande également un rappel vaccinal à toutes les personnes pouvant être en contact rapproché avec des nouveau-nés et nourrissons de moins de six mois, si la dernière injection reçue date de plus de cinq ans.
Cette recommandation concerne particulièrement les professionnels de santé et de la petite enfance, pour lesquels les rappels étaient jusqu'ici recommandés tous les vingt ans. La HAS explique que "des études suggèrent que l’efficacité vaccinale s’estomperait rapidement à compter de cinq ans après la dernière dose, devenant insuffisante pour garantir une protection contre l'infection."
Enfin, la stratégie dite du "cocooning" est réaffirmée, visant à vacciner l'entourage proche du nouveau-né (parents, fratrie, grands-parents) sauf si la mère a été vaccinée pendant la grossesse. Les vaccins Boostrixtetra et Repevax, indiqués chez l’adulte, sont des vaccins combinés diphtérie, tétanos, coqueluche, polyomyélite (dTcaP) et sont bien tolérés. En cas de rappel récent contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (dTPolio), la HAS précise qu'"un délai minimal de un mois devra être respecté pour la réalisation du rappel vaccinal anticoquelucheux dTcaP."
Nicolas Faucon