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Engouement "vintage" pour la dernière cabine téléphonique de France

Engouement

"Et là, vous avez la cabine": depuis quelques jours, c'est par ces mots que Thomas Studer, guide-conférencier, achève sa visite du patrimoine de Murbach, petite localité du Haut-Rhin d'environ 160 habitants.

Mais début juillet, un article de Paris Match a levé le voile sur un pan inconnu et insolite du patrimoine local: la présence, près du parking municipal, de la dernière cabine téléphonique encore en fonction en France. Deux autres "points phone" sont également actifs, dans le Territoire de Belfort et dans la Drôme, mais ils sont "sans habitacle", contrairement à la cabine de Murbach, précise Orange.

Télécarte et annuaire papier

Avant, "on terminait la visite au niveau du jardin médiéval", juste au-dessus de la cabine, sourit Thomas Studer. Mais depuis, l'engouement médiatique pour cette relique des télécoms, objet de plusieurs reportages, a changé la donne, constate-t-il.

"Il y a beaucoup de curieux qui viennent voir cette cabine, qui la prennent en photo", confirme Esméralda Mura, deuxième adjointe à la maire de Murbach.

La topographie du village, situé en pleine zone blanche, dans un secteur vallonné et boisé, rend extrêmement compliquée l'installation d'une antenne-relais, explique-t-elle, même si le village dispose de la fibre. Un service de wifi gratuit est disponible au niveau du parking.

D'où la présence de cette cabine et des deux autres "points phone" encore "en service tant que leur point d'implantation ne sera pas couvert en réseau mobile par au moins un opérateur", précise Orange.

Portes manquantes, ancien logo "France Télécom" apposé sur une vitre, écran HS: la cabine numéro 468 n'est plus toute jeune. A l'intérieur, ni annuaire papier ni mégots écrasés, comme c'était l'usage lorsque ses homologues maillaient encore le territoire, avant de décliner inexorablement face à la généralisation des téléphones mobiles.

La 468 fonctionne encore pour les appels d'urgence ou PCV: impossible d'y insérer des pièces ou une "télécarte", ces cartes à puce qui permettaient de téléphoner dans les publiphones (et qui, de toute façon, ne sont plus en vente depuis longtemps).

Cette année, Orange comptabilisait pour cette cabine "moins de cinq appels sortants par mois" et "très peu d'appels entrants".

Mais après les articles mentionnant son numéro (03.89.74.11.53), "elle n'arrête pas de sonner!", s'amuse Mme Mura, qui confie que le village ignorait jusqu'alors qu'il abritait une telle curiosité.

Elle a depuis scotché dans la cabine une feuille et un stylo pour que les personnes qui décrochent notent les appels qui viennent de toute la France, mais aussi de l'étranger: la semaine dernière "quelqu'un d'Afrique a essayé d'appeler", glisse-t-elle.

L'AFP a pu constater que la sonnerie un brin rustique retentissait régulièrement, souvent dans le vide. Même si parfois une main curieuse décroche le combiné.

Appels "secrets"

Comme celle de Jean-Paul Grasser, un retraité strasbourgeois qui se lance dans un bref échange avec un inconnu: "Dites-moi d'où vous êtes ? Amiens ? C'est pas la porte à côté ! (...) Allez, je vous quitte ! Au revoir monsieur !"

"Ca me rappelle des bons souvenirs !", s'enthousiasme l'octogénaire. "Il y a 30, 40 ans, j'avais des coups de fil secrets à passer, je les passais dans la cabine téléphonique", explique-il, mystérieux.

Nouvelle sonnerie, l'AFP décroche. Alex Thibaud, 46 ans, au bout du fil. "Je suis assez branché +vintage+", explique cet auto-entrepreneur qui appelle de Haute-Saône où il est en vacances.

"Je ne veux pas dire que c'était mieux avant, mais il y avait à l'époque un goût d'autre chose, notamment au niveau du relationnel", soupire le quadragénaire, qui trouve que "le tissu social s'est perdu avec la technologie", à l'image des smartphones sur lesquels les gens sont désormais "tous penchés".

"Et pourquoi ne pas remettre" des cabines téléphoniques en souvenir du "bon temps" ?, avance Jean-Paul Grasser. Ca peut être "utile pour des (coups de fils) un peu secrets..."

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