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Cocaïne, cannabis, expédition punitive et rafales de kalachnikov dans le Puy-de-Dôme

Comme c’est presque une tradition dans les affaires de stups, c’est un "renseignement anonyme" qui met, en avril 2023, les gendarmes de la brigade de recherches de Thiers sur la piste d’un réseau qui alimenterait la cité coutelière, mais aussi Clermont-Ferrand, en cocaïne et en résine de cannabis.

Une seconde information, tout aussi anonyme, vient confirmer, en juillet, l’existence de ce trafic. Avec, au passage, la désignation de deux hommes qui seraient aux manettes : l’organisateur présumé, Khalid Guergour, né en octobre 1985, et son "lieutenant" supposé, Mathieu Armillon, né en août 1988.

A Thiers, les événements prennent une tournure particulièrement inquiétante en septembre 2023

Alors que les investigations des militaires se poursuivent, une série d’événements vont subitement donner à ce dossier une coloration très particulière.

Le 1er septembre, Khalid Guergour est suspecté d’avoir fait irruption dans un bar à chicha thiernois, armé et encagoulé pour y régler des comptes avec certains clients.

Le lendemain, peu avant 2 heures du matin, la façade de son domicile, rue du Docteur-Lachamp, en plein centre de Thiers, est ciblée par vingt-six tirs de kalachnikov, ainsi qu’en attestent les étuis de calibre 7,62 découverts sur place. Le même jour, vers 13 h 30, Khalid Guergour est cette fois directement visé par neuf tirs d’arme de guerre, mais en réchappe miraculeusement sans aucune blessure.

La minutieuse enquête des gendarmes suit son cours

Ces trois épisodes successifs de violences, qui ont donné lieu à l’ouverture d’une information judiciaire, toujours en cours actuellement, n’ont cependant pas empêché les longues investigations concernant le trafic de stups de continuer à prospérer, entre surveillances, écoutes téléphoniques, géolocalisations et sonorisation de véhicules. Jusqu’à l’interpellation des deux principaux suspects, en mai dernier et leur placement en détention provisoire.

Jugés ce lundi 22 juillet en renvoi de comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand (ils avaient demandé un délai pour préparer leur défense, le 21 juin), les deux prévenus ont écouté la présidente, Isabelle Ferret, détailler tous les éléments d’une enquête "énorme et très carrée."

Mais ceux-ci n’ont pas fait varier Khalid Guergour – qui se présentait sans avocat après un litige avec son conseil – dans sa ligne de défense initiale : il n’a "strictement rien à voir" avec un quelconque trafic. Tout juste consent-il à se présenter comme "un simple consommateur qui dépannait parfois [ses] amis."

"Dans ce dossier, il n'y a aucune place au doute concernant le rôle et l'implication des deux prévenus dans ce trafic."

Le reste ? "Un complot, une machination et des gendarmes qui ne disent pas la vérité."

 "Et ces tirs de kalachnikov ?", l’interroge la présidente. "Oh, c’est juste un gamin un peu mal dans sa tête qui a fait ça, juste parce que je voulais empêcher qu’on vende des stups en bas de chez moi", répond-il avec aplomb.

" Ce n’est pas plutôt parce que cela gênait votre propre trafic ?", insiste la magistrate. "Non, non, moi je n’ai jamais rien trafiqué. Je ne veux pas passer pour une tête de réseau !"

"Le présenter comme le lieutenant de Khalid Guergour est une interprétation très large de la procédure. Ce jeune homme jusque-là sans histoires a basculé dans ce trafic en raison de sa dépendance à la cocaïne et à ses mauvaises fréquentations."

À côté de lui, Mathieu Armillon, défendu par Me Jean-François Canis, semble un peu compter les points, attendant qu’on l’interroge. Il admet, prenant soin de ne pas trop charger son voisin de box, avoir vendu des stups, "mais sans faire aucun bénéfice."

"C’était juste pour financer ma propre consommation de coke, explique-t-il. J’ai perdu beaucoup plus que j’ai gagné dans cette histoire… "

Khalid Guergour a été condamné à un total de trois ans et demi de prison et Mathieu Armillon, à quatorze mois, avec interdiction de paraître à Thiers pendant cinq ans pour le premier et pendant deux ans pour le second. Tous deux ont été maintenus en détention.

Christian Lefèvre

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