World News

"On s'en remettra à sa décision" : pas de mutation forcée pour une institutrice du Cantal, harcelée par un corbeau

À Moussages, un corbeau harcèle la directrice et institutrice de l’école, lui reprochant son homosexualité. Elle souhaite conserver sa classe. Le rectorat, qui envisageait de la déplacer dans une autre école le temps que l’enquête avance, a évolué sur sa position.

C’est une petite classe de quinze élèves à laquelle elle s’est attachée, malgré tout. Malgré, depuis le mois de décembre 2023, les inscriptions sur le tableau du préau ou les mots chiffonnés dans la boîte aux lettres : « Va crever, sale gouine », ou « gouine = pédophile ».

À Moussages, 300 habitants, la directrice de l’école en classe unique, arrivée en 2021, est mariée à une femme et cela dérange un corbeau. Une enquête est en cours, les messages sont en train d’être analysés pour tenter de retrouver le ou les auteurs. Des véhicules de la mairie ont également été tagués.

L’institutrice a été en arrêt maladie, avant de revenir en fin d’année scolaire. Des messages sont réapparus et elle a de nouveau été arrêtée. Contactée, elle ne souhaite pas s’exprimer.

Mutation forcée

Révélée par La Montagne en avril, l’affaire est remontée jusqu’aux oreilles de Thierry Pajot, secrétaire du syndicat des directrices et directeurs d’école. Avec une inquiétude : l’enseignante veut « garder sa classe à la rentrée », confirme-t-il.Ce n’est pas le chemin qu’avait, dans un premier temps, pris le rectorat. L’institutrice a rencontré, en visioconférence, un médecin du travail. Celui-ci estimait la situation délétère pour l’enseignante, réputée « excellente, son professionnalisme n’est pas remis en cause ».

La solution envisagée ? « Elle est titulaire du poste et elle le reste, mais elle enseignait dans une autre école du secteur, pendant un an maximum, le temps que l’enquête avance. C’est une mesure de protection, pas une punition », indique le rectorat.

Ce choix a été mal vécu par l’enseignante, « c’est une double punition pour elle, une sanction personnelle avec le harcèlement et professionnelle avec le déplacement », s’indigne Thierry Pajot, qui a organisé une rencontre téléphonique entre l’institutrice et Fatiha Keloua-Hachi, députée (PS) tout juste élue à la tête de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale.

Un article de Marianne

Ce mardi 23 juillet, suite à la parution d’un article de Marianne reprenant le désarroi de l’enseignante, le rectorat a évolué sur sa position. « On s’en remettra à sa décision et nous maintenons les mesures que nous avons mises en place jusqu’ici », indique-t-il.

Une rencontre devrait être organisée avec la Directrice académique des services de l’Éducation nationale dans le Cantal, Maryline Lutic, afin d’évoquer les conditions de la nouvelle rentrée, précise-t-il.

Pierre Chambaud

Читайте на 123ru.net