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"Un piège purement politique " : le sort de Paul Watson suscite l’émoi après son arrestation

Le célèbre militant et fondateur de l'ONG Sea Shepherd, opposé à la chasse à la baleine, a été arrêté dimanche au Groenland. Son avocat revient sur le risque d’extradition vers le Japon.

À bord de son navire, la vie de Paul Watson ressemble à bien des égards à celle d’un corsaire sans frontières, pour qui la traque des baleiniers japonais n’a plus de secret. Durant des dizaines d’années, le Canadien de 73 ans n’a eu de cesse de sillonner les mers, cherchant notamment à dénoncer, par des actions coups de poing, la pratique de la chasse à la baleine. Mais sa dernière expédition pourrait plonger le capitaine en eaux troubles. Dimanche, lors d’une escale à Nuuk, la capitale du Groenland, le fondateur de l’ONG Sea Shepherd a été appréhendé par la police danoise. Visé par un mandat d’arrêt international, il pourrait être extradé au Japon.

Qui est Paul Watson ?

Célèbre pour avoir fondé en 1977 l’ONG Sea Shepherd, Paul Watson est une figure de l’éco-activisme. La chasse à la baleine est très vite devenue son combat emblématique. Lui qui a également participé à la création de Greenpeace n’hésite pas « intercepter » les baleiniers japonais en mer. Il s’apprêtait dimanche à mener une action contre le dernier baleinier mis à l’eau par le Japon, le Kangei-Maru.

Son arrestation au Groenland est-elle légale ?

L’un de ses avocats, Maître Jean Tamalet, dénonce « un piège purement politique » et fustige la « complicité d’Interpol » dans son arrestation qu’il juge « illégale », car effectuée sur la base d’une notice rouge confidentielle « dont Watson n’avait pas connaissance ». Selon lui, « le Danemark a aussi un intérêt » dans l’affaire. Sea Shepherd cible régulièrement le « Grind », un rituel des îles Féroé, qui appartiennent au Danemark, consistant à mettre à mort des centaines de dauphins chaque année. Selon lui, « tout repose désormais sur la conscience du Danemark », aucune convention d’extradition n’ayant été signée avec le Japon.

Que risque-t-il au Japon ?

Bien que l’accès au mandat d’arrêt japonais et donc à la peine encourue par Paul Watson soit encore confidentiel à ce jour, l’extradition demandée par le Japon inquiète ses avocats. « Le Japon possède un système judiciaire archaïque, signale Me Jean Tamalet, et s’affranchit des règles du procès équitable ». Les conditions de détention dans le pays « sont régulièrement critiquées par les Nations unies » et la peine de mort continue à être appliquée. Suite à ses combats, « le Japon a fait de lui l’ennemi public numéro 1 », alerte sa défense. Tokyo l’« accuse d’avoir causé des dommages et blessures » lors d’incidents survenus en 2010. Des plaintes qui, selon ses avocats, sont un « mensonge » et cachent un « intérêt politique ».

Pourquoi la nouvelle fait-elle autant réagir ?

L’annonce de son interpellation a provoqué un vent d’émoi et d’indignation à l’international, et particulièrement en France où Sea Shepherd est très actif. Une pétition lancée dans la foulée pour réclamer sa libération a déjà réuni plus de 300.000 signatures. À l’instar de Brigitte Bardot, qui accuse le Japon d’avoir lancé une « chasse à l’homme mondiale », de nombreuses personnalités demandent à la France d’agir pour sa libération. Ses avocats déclarent être « en lien direct avec Emmanuel Macron » qui, selon l’Élysée, « suit la situation de près » pour éviter son extradition. En 2012, Watson avait déjà fait l’objet d’une arrestation en Allemagne qui avait débouché sur son assignation à résidence, avant qu’il ne prenne la fuite.

 

Victor Delair

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