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Au fait, elle écoute quoi, Kamala Harris ?

Depuis que Joe Biden a raccroché les gants et remisé le costume de candidat à sa propre succession au vestiaire, tout le monde ne parle plus que de Kamala Harris pour lui succéder dans la course à la Casa Blanca.

Son ancienne colistière et actuelle vice-présidente des États-Unis fait en effet figure de favorite pour reprendre le flambeau et espérer coller une branlée à Donald Trump le 5 novembre prochain – même si le candidat populiste ne l’entend probablement de cette oreille.

Plutôt du genre Mingus

En parlant d’oreilles : quel·les sont les artistes qui tournent dans les esgourdes de Kamala Harris ? Depuis quelques jours a refait son apparition sur les réseaux sociaux une vidéo datant du 3 mai 2023, montrant l’ex-procureure générale de Californie sortie de chez Home Rule (HR) Records, un disquaire de Washington D.C. situé sur Kennedy Street et spécialisé dans le jazz, la soul, le reggae et autres deep cuts venus du continent africain. “Elle en connaît un rayon, j’étais impressionné”, avait confié Charvis Campbell, le propriétaire des lieux. Quand ce dernier lui a recommandé un Coltrane, Kamala lui aurait rétorqué qu’elle était plus du genre Mingus. Plutôt contrebasse que saxo, la future présidente ?

Toujours est-il que Kamala Harris s’est pointée devant une caméra qui traînait par-là en détaillant ses achats : un Charlie Mingus (l’immense Let My Children Hear Music, de 1972), Roy Ayers Ubiquity et son Everybody Loves The Sunshine (1976), dont elle dira qu’il est son préféré de tous les temps, et le Porgy And Bess (1959), de Ella Fitzgerald et Louis Armstrong.

Le goût, c’est le dégoût du goût des autres

Comme les traditionnelles listes des chansons, films et bouquins favoris de Barack Obama publiées en chaque fin d’année, les trois albums (en vinyle) choisis par Kamala Harris pour venir enrichir sa discothèque sont… parfaits. Au risque de manquer d’aspérité ? Le geste de la vice-présidente semble sûr, sincère et son goût, affirmé. Certes, ces trois disques sont des œuvres consacrées, reconnues et faisant consensus quand le moment est venu de dire qu’elles comptent parmi les meilleures de leurs créateur·ices. Aurait-il fallu qu’elle reparte avec un export du 45t de Tout nu, tout bronzé (1973) de Carlos pour le frisson de la faute de goût ? Sûrement pas.

Toujours en 2023, après un périple en Afrique pour promouvoir l’investissement américain et l’innovation sur le continent, avec escales au Ghana, en Tanzanie et en Zambie, la probable candidate au poste de 47e présidente des États-Unis, a partagé une playlist de 25 titres rassemblant des artistes issu·es du territoire africain quand d’autres auraient ramené une série de photos. Une playlist qui a non seulement le mérite de mettre en lumière la production musicale des pays susmentionnés, mais d’aller plus loin dans le défrichage, puisque qu’elle est exclusivement constituée de titres récents pour la plupart inconnus du grand public. De quoi laisser penser que la musique, qu’elle soit au Panthéon ou à peine sortie du studio, est l’une des pierres angulaires de la vie de Kamala Harris.  

Bande-son de campagne

Imagine-t-on Donald Trump en faire autant ? Non. Lui, préfère ressortir l’hymne patriotique crétin de Lee Greenwood, God Bless the U.S.A. pour exciter ses ouailles au cours de ses giga-meetings mortifères. Pour sa défense, à chaque fois qu’il a voulu utiliser du Bruce Springsteen ou du Neil Young, ces derniers l’ont sommé de ne pas avoir recours à leur musique pour distiller ses messages de haine.

Kamala Harris, quant à elle, a eu le feu vert pour faire du Freedom de Beyoncé (feat. Kendrick Lamar), l’une des bandes-son de la campagne à venir. Dis-moi qui tu écoutes, je te dirai pour qui tu votes.

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