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“Le Jardin des Finzi-Contini” de Vittorio de Sica : la jeunesse italienne sous la botte du fascisme 

L’adaptation oscarisée du roman de Gorgio Bassani, “Le Jardin des Finzi-Contini”, réalisée par Vittorio de Sica, ressort en salles dans le lustre d’une copie restaurée.

C’est l’effondrement d’un monde insouciant que Vittorio de Sica dépeint dans l’un de ses chefs-d’œuvre, Le Jardin des Finzi-Contini, dont la ressortie en salle a lieu ce 24 juillet.

Adapté du roman éponyme de Giorgio Bassani publié en 1962, le film nous plonge d’emblée dans la lumière dorée d’une fin d’été dans le jardin des Finzi-Contini, une riche famille aristocratique de Ferrare. Un écrin de verdure où une partie de la jeunesse juive ferraraise tout de blanc vêtue se réunit protégée par de hauts murs d’enceinte. Nous sommes en 1938 et le péril fasciste commence à étendre son ombre sur l’ensemble du territoire italien. Comme pour espérer échapper aux terreurs de la réalité, ce groupe se met hors-jeu en s’enfermant dans ce jardin, lieu hétérotopique où les lois raciales promulguées par Mussolini semblent être hors de portée.

Paradis perdu  

Le jardin devient ainsi un espace hors du temps où, face à la brutalité de la réalité politique, les Finzi-Contini offrent à une joyeuse troupe de jeunes gens un espace préservé, propice aux balades à vélo et aux parties de tennis. Parmi ces jeunes bourgeois·es hostiles aux fascistes, se trouve Giorgio (Lino Capolicchio). Le jardin est l’occasion pour lui de retrouver la fille des Finzi-Contini, Micòl, campée par Dominique Sanda, qui exerce sur lui un attrait magnétique depuis son enfance. Elle étudie Emily Dickinson et lit Les Enfants terribles de Cocteau. Appartenant à la caste nobiliaire, elle aspire à vivre dans la poésie du passé, le souvenir d’un bonheur immaculé. C’est pourquoi elle refuse les avances de Giorgio et désire qu’il demeure figé dans l’image du gentil garçon qu’il était autrefois. 

À mesure que la terrible noirceur du régime mussolinien progresse, Le Jardin des Finzi-Contini offre l’illustration que la violence politique peut faire effraction dans les plus hautes sphères sociales. L’aristocratie n’est pas plus protégée par des garde-fous que ce qu’elle s’imagine. S’ouvre alors la deuxième partie du film, qui contribue à déconstruire ce qui fut mis en place et marque le début de la désillusion, sentimentale et politique. L’image se voile peu à peu, figurant l’obscurcissement progressif de la conscience. Le blanc éclatant de l’insouciance perd tout son éclat sur le visage funeste d’Alberto et cède la place à l’austérité du noir.  

Reprise en salle le 24 juillet

Cette vision de la fin d’un monde se cristallise autour de l’image du corps nu de Micòl contre celui d’un homme dans un clair-obscur mortifiant, sous le regard peiné de Giorgio à travers la fenêtre. Rejeté par Micòl, Giorgio quitte le jardin, désormais transformé en un royaume de tristesse où s’évanouissent lentement ses illusions. En auscultant le contexte de l’époque, le cinéaste italien brosse un tableau à la fois tendre et cruel de la jeunesse insouciante dans l’Italie fasciste. Un adieu touchant à la dolce vita.


Le Jardin des Finzi-Contini de Vittorio de Sica – reprise en salle le 24 juillet 2024

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