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Pourquoi Limagrain ingredients, filiale de Limagrain, investit 27 millions dans le Puy-de-Dôme ?

Pourquoi Limagrain ingredients, filiale de Limagrain, investit 27 millions dans le Puy-de-Dôme ?

Limagrain ingredients, filiale de Limagrain, ambitionne de doubler son chiffre d’affaires d’ici à 2030. Cela passe notamment par un investissement de 27 millions d’euros à Saint-Ignat, dont 15 millions pour créer une ligne d’extrusion qui devrait produire jusqu’à 4.000 tonnes de protéines texturées par an.

Limagrain ingredients, filiale spécialisée de Limagrain sur le marché des ingrédients, ambitionne de doubler son chiffre d’affaires d’ici à 2030 et dépasser les 400 millions d’euros. 15 millions sont en cours d’investissement à Saint-Ignat, afin de créer une nouvelle ligne d’extrusion destinée à la production de protéines végétales texturées et de farines fonctionnelles en Auvergne.

Parallèlement, 12 millions d’euros supplémentaires sont prévus, toujours à Saint-Ignat, pour l’agrandissement du moulin à blé. Inauguré en 2022, il permet la transformation des productions de blés des agriculteurs adhérents de la Coopérative.

L’objectif est aujourd’hui d’augmenter la capacité d’écrasement de l’outil. La farine de blé produite est destinée à la boulangerie industrielle, dont les unités de production de Jacquet Brossard et à la filière régionale de boulangerie artisanale.

Limagrain ingredients, c’est quoi??

"L’histoire de Limagrain ingredients a commencé en 1983, avec la construction de la maïserie sur le site d’Ennezat-Saint-Ignat", débute Sébastien Vidal, président de Limagrain. Il s’agissait d’une diversification supplémentaire pour le semencier. Il y a quelques années, Limagrain ingredients représentait à peine plus d’une centaine de millions d’euros de chiffre d’affaires.

Désormais, c’est 215 millions de chiffre d’affaires, suite à l’acquisition d’Unicorn - acteur notamment présent dans la nutrition animale -, un rachat qu’on a réalisé aux Pays-Bas. Aujourd’hui, on se donne l’objectif de doubler ce chiffre d’affaires à l’horizon 2030 et d’atteindre les 400 millions.

Comment Limagrain ingredients peut-il doubler son chiffre d’affaires??

Pour parvenir à son objectif, la filiale dispose de trois leviers. "Le premier, c’est l’acquisition. Nous recherchons une ou plusieurs entreprises européennes capables de compléter nos technologies de traitement thermique afin d’apporter de nouvelles solutions Clean Label pour nos clients", précise Sébastien Vidal.

La chance du semencier, c’est qu’il dispose d’une entreprise capable de faire de la croissance interne, "et cela, c’est notre deuxième levier, à travers l’innovation qu’on est capable de proposer. Le troisième levier, c’est aussi de continuer à renforcer les productions réalisées par les agriculteurs adhérents de la Coopérative, car c’est bien d’avoir l’ambition de créer de nouveaux ingrédients, mais il faut pouvoir alimenter les moulins. Donc on a l’objectif, notamment à travers notre blé LifyWheat (un blé particulièrement riche en fibres), d’augmenter un peu plus nos capacités de production de farine."

Pour ce faire, Limagrain réinvestit dans le moulin à blé de Saint-Ignat, inauguré en 2022, en injectant 12 millions d’euros sur 2025. "On avait réservé une place dans la carcasse du bâtiment lui-même pour mettre une ligne supplémentaire. Elle sera dédiée à ces nouvelles productions", indique Sébastien Vidal.

15 millions d’euros ont également été investis pour la création d’une ligne d’extrusion, actuellement en cours de construction. Elle devrait produire jusqu’à 4.000 tonnes de protéines végétales texturées par an et générer dès son lancement jusqu’à dix embauches. Son inauguration est prévue pour le second semestre 2024. Elle ouvre la voie à la mise en place d’une nouvelle filière locale autour des légumineuses.

En quoi consiste l’extrusion??

L’extrusion est un process industriel qui permet, par thermisation des farines, c’est-à-dire l’augmentation de leur température, de leur donner des propriétés particulières.

Cette nouvelle ligne va permettre de transformer à la fois des farines de céréales, mais aussi, demain, de travailler toute la question des protéines végétales, indique le président de Limagrain. Ce sera une ligne qui pourra ainsi transformer des farines à base de pois, féverole.

"Elle amènera aussi la possibilité, pour nous agriculteurs de Limagne, de diversifier nos assolements. Le seul bémol, c’est qu’on ne peut pas décréter de produire des légumineuses dans les champs sans s’assurer de garantir un revenu décent à l’agriculteur. Le problème des légumineuses, c’est que la génétique n’a pas été bien travaillée sur ces espèces depuis longtemps, parce qu’il n’y avait pas réellement de marché."

La lentille en est le parfait exemple, illustre Sébastien Vidal : "Nous sommes allés chercher des variétés qui ont quarante ans. Nous les avons semées dans un contexte pédoclimatique qui avait complètement changé par rapport à quarante ans en arrière. On s’est rendu compte que les rendements n’étaient pas bons, qu’on avait de gros problèmes d’insectes, d’effets de chaleur au moment de la floraison… Donc des résultats catastrophiques pour l’agriculteur. Résultat, personne ou peu veulent semer de la lentille dans leur champ. Il faut donc procéder par étapes, les unes après les autres."

D’où seront originaires les légumineuses dédiées à cette nouvelle ligne??

À travers son investissement de 15 millions d’euros, Limagrain sera capable de créer des ingrédients à base de pois, par exemple. "Si on n’arrive pas à se sourcer en Limagne, on pourra se sourcer en Europe. Et puis nous avons un avantage : nous pouvons compter sur un programme de sélection qui existe au niveau de notre activité semences de grandes cultures. Par ailleurs, nous avons également développé un partenariat, depuis un peu plus d’un an, avec des agriculteurs au Canada, pays qui est le premier producteur de protéagineux au monde", précise le président de Limagrain. Les équipes de Limagrain se chargent des travaux de recherche et de sélection pour des variétés locales.

"On se donne encore quelques années pour créer des variétés qui seront adaptées au contexte climatique actuel, sauf que la bataille n’est pas gagnée. Toutefois, on ne s’interdit pas de réussir et d’avoir, demain, des légumineuses en Limagne. À mon avis, il nous reste encore sept à huit ans de sélection pour arriver à créer les bonnes variétés de semences", estime Sébastien Vidal.

Limagrain ingredients en chiffres

2018

Limagrain ingredients est né de la fusion de Limgrain Céréales Ingrédients et de Unicorn Grain Spécialities. Il est aujourd’hui un leader européen en farines fonctionnelles, farines traitées thermiquement pour apporter des fonctionnalités techniques et organoleptiques.

"On produit des ingrédients naturels pour l’alimentation humaine et animale. Des farines fonctionnelles, des grains puffés (notamment utilisés pour l’alimentation des jeunes animaux)?; des ingrédients toastés?; des snacks pellets pour l’apéritif?; des ingrédients de panification (améliorants et mixes)?; des farines masa, qui entrent dans la fabrication des aliments à dipper comme les tortillas chips", égrène Emmanuel Goujon, directeur général de Limagrain Ingredients.

215

Limagrain ingredients réalise un chiffre d’affaires de 215 millions d’euros, réalisé à plus de 80 % en France, aux Pays-Bas, en Allemagne et au Royaume-Uni. Des ventes sont également effectuées dans le reste de l’Europe, en Asie et au Moyen-Orient.

372

Limagrain ingredients, c’est 372 emplois et 330.000 tonnes d’ingrédients produits et commercialisés.

6

On compte six sites de production : Arques (Pas-de-Calais) et son usine de farines fonctionnelles?; Ennezat et son usine de pellets?; Riom et son usine mixes et améliorants?; Saint-Ignat et son moulin à blé et maïserie?; Weert (Pays-Bas) et son usine de farines fonctionnelles et PRESsure Cooking.

Texte : Gaëlle Chazal

Photos : Rémi Dugne et Fred Marquet

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