Pendant les JO, l'artiste Abraham Poincheval s'enferme dans une bouteille devant le Stade de France
"Je vais entendre la clameur, les moments de joie, les moments de déception aussi", a expliqué le performeur français de 52 ans à l'AFP, pointant l'arène monumentale, entièrement décorée de larges bannières aux couleurs des Jeux.
Dans son embarcation atypique de six mètres sur deux, l'artiste veut questionner tant l'intimité que l'usage que chacun fait de l'espace public.
A l'heure où "beaucoup de gens mettent leur vie sur les réseaux sociaux", Abraham Poincheval questionne "comment on s'organise dans une vie tout en sachant qu'on est regardé à chaque instant".
Ce Robinson Crusoé a entamé son isolement en ayant évidemment de quoi manger et boire jusqu'au 3 août, date à laquelle il terminera sa performance.
Sommaire, son habitation éphémère est équipée de toilettes sèches ainsi que d'une petite éolienne et de capteurs solaires afin de lui offrir un minimum d'électricité pour l’éclairage et la ventilation.
"Où sont les toilettes ?"
A quai, Jennifer Rodriguez, 49 ans, "adore" le travail de l'artiste et cette bouteille géante allongée sur un petit tapis de verdure.
"Tu n'es pas dans un monastère, tu n'es pas entre quatre murs et pourtant tu es seul, mais au milieu de tout le monde", s'émerveille cette habitante d’Aubervilliers, commune voisine de Saint-Denis.
Will Bozor a lui stoppé net sa balade à vélo le long du canal, intrigué par l'installation. Le quadragénaire qui habite le quartier éclate de rire en apprenant qu'un artiste allait y vivre durant dix jours.
"La première question que je me pose, c'est +où sont les toilettes ?+," s'amuse-t-il avec son fils de 4 ans, rassuré de savoir que la bouteille géante était bien équipée de commodités.
Lentement, Abraham Poincheval a glissé le long du goulot avant de ranger ses quelques sacs dans l'habitacle, sous les applaudissements d'un public clairsemé.
Une fois le large bouchon remis en place, le maire socialiste de Saint-Denis Mathieu Hanotin a inauguré le rudimentaire système de communication greffé à l’œuvre: des tuyaux reliant la berge à la bouteille permettent ainsi aux passants de discuter avec l'artiste.
Abraham Poincheval n'en est pas à sa première expérience d'enfermement. En 2015, il avait passé deux semaines dans un ours empaillé et en 2016, il avait vécu une semaine sur une plateforme à 20 mètres au-dessus du sol devant la gare de Lyon, à Paris.
Cette performance, intitulée sobrement "La Bouteille", s'inscrit dans le parcours artistique pensé par l'établissement public territorial Plaine Commune le long du Canal Saint-Denis, en marge des JO qui débutent vendredi et s'achèveront le 11 août.