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Puy-de-Dôme : mandat d'arrêt contre le père incestueux, condamné à trois ans ferme

Puy-de-Dôme : mandat d'arrêt contre le père incestueux, condamné à trois ans ferme

Reconnu coupable d’agressions sexuelles incestueuses sur sa fille, un sexagénaire vient d'être condamné à trois ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Et il fait désormais l'objet d'un mandat d'arrêt.

"Je trouve que je ne vaux rien… Je me rends compte que je ne suis absolument pas comme les autres, comme si j’étais née pour n’être qu’un objet sexuel. Tout ça m’a détruite. Aujourd’hui, j’ai un nombre de traumatismes impressionnant. C’est difficile d’admettre, même si j’essaie de me convaincre que je suis une personne à part entière, que rien de tout ce qui est arrivé n’est de ma faute ".

Les séquelles "glaçantes" d'un inceste devant le tribunal de Clermont-Ferrand

A la barre, cette jeune femme de 26 ans tient à témoigner du calvaire qui a été le sien depuis son enfance et jusqu’à ces toutes dernières années.

Un profil particulièrement inquiétant

Livrée à un père incestueux durant presque dix ans, entre 2012 et 2021, dans les Yvelines, puis dans le Puy-de-Dôme, au sein d’une famille visant en vase clos et à huis clos, elle ne le désigne plus qu’en évoquant "cet homme".

À quelques pas d’elle, assis devant son avocate, le prévenu, un ingénieur aujourd’hui âgé de 64 ans, jugé le 24 juin dernier devant le tribunal correctionnel clermontois pour ces agressions sexuelles répétées, secoue la tête.

"Ce n’est pas ce que j’ai voulu", marmonne-t-il. Après le témoignage de sa fille, il revient à la barre. Affirme être "étonné" par les propos bouleversants de la victime.

"Ce n’est pas ce que je voulais, je regrette tellement", répète le sexagénaire. Pourtant, derrière ces mots, peut-être sincères, le profil de cet homme – décrit par l’expert psychiatre comme présentant "des troubles de la personnalité à caractère pervers" et "criminologiquement dangereux"– fait froid dans le dos.

N’ayant visiblement jamais intégré que l’inceste constitue l’interdit fondamental, il admet avoir commis "une faute", ayant pensé que l’inceste était "normal"…

"Je voyais cela comme un partage de plaisir avec ma fille, ajoute-t-il. Je ne voulais que son bonheur. J’ai d’abord été en grande admiration devant elle, dès son enfance, avant d’en tomber amoureux".

Le tribunal est allé au-delà des réquisitions du parquet

"Le prévenu a tout simplement projeté sur son enfant ses désirs sexuels d’adulte", a estimé Me Juliette Michelon pour la partie civile.

"Aujourd’hui encore, à cette audience, il ne semble pas voir est où est le problème dans les relations incestueuses qu’il a eu avec sa fille pendant des années", a poursuivi la procureure de la République, Emmanuelle Cano. Elle a requis six ans de prison, dont quatre avec sursis. Concernant les deux ans ferme, elle a demandé que le prévenu fasse l’objet d’un mandat de dépôt à délai différé. Enfin, elle a également demandé dix ans de suivi sociojudiciaire.

Me Charlène Lambert, en défense, sans évidemment minimiser l’extrême gravité des actes commis, a estimé que son client, "dont l’attitude peut légitimement paraître écœurante, s’est construit dans la certitude que ses agissements étaient normaux". "Tout cela s’est fait sans garde-fous, sans repères, dans cette famille refermée sur elle-même. Il n’a pas agi comme un prédateur, mais avec les sentiments qui étaient alors les siens, aussi anormaux soient-ils".

Le tribunal, qui avait mis sa décision en délibéré, a condamné, ce mercredi 24 juillet, le père de famille (*) à trois ans de prison ferme et à six ans de suivi sociojudiciaire (il devra en outre verser 8.000 euros de dommages et intérêts à sa fille). Absent à cette dernière audience, il fait désormais l'objet d'un mandat d'arrêt.

Christian Lefèvre

(*) Nous ne publions pas son identité afin de préserver l’anonymat de la victime.

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