Pascal Danel et le mal de mère
Le chanteur, qui vient de disparaitre à l’âge de 80 ans, racontait son parcours singulier dans un livre
Pascal Danel s’est éteint dans la nuit du 25 juillet, à l’âge de 80 ans, victime d’un malaise cardiaque après une opération. La chanson française perd l’emblématique interprète des Neiges du Kilimandjaro et de La Plage aux romantiques. Il continuait à se produire lors de rares festivals en province, voici encore quelques mois, recueillant l’estime d’un public composé de plusieurs générations qu’il avait traversées avec générosité et simplicité. Son amour de la scène et du disque (il travaillait avec ses musiciens sur de nouvelles chansons) étaient aussi intacts que sa voix.
Une enfance difficile
Pascal Danel était né le 31 mars 1944, dans Paris occupé et bombardé. Sa mère l’abandonna à la naissance, et il resta hanté toute sa vie par cette fuite restée sans explication. On lui mentit, enfant, en affirmant qu’elle était très tôt décédée. Après les premiers succès de Pascal Danel, tous deux furent présentés l’un à l’autre dans le cadre d’une rencontre organisée par la presse. L’enfant découvrit, à l’âge de 22 ans, une mère restée jusqu’alors inconnue, qu’il revit peu. Il intitula son dernier ouvrage J’ai le mal de mère…
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Pascal Danel fut recueilli par ses grands-parents Jean-Marie et Alicia Buttafoco. Après avoir intégré un mouvement de résistance en Corse, Jean-Marie Buttafoco fut désigné pour fédérer les actions dans la capitale des Corses contre l’occupant nazi. L’arrestation puis la déportation sans retour de ses grands-parents, quelques jours après la naissance de Pascal Danel, signa un deuxième abandon. Il dut la vie sauve à la vivacité d’esprit d’une voisine de palier, qui le fit passer pour son propre enfant auprès des agents de la Gestapo.
Commença alors une vie d’enfant placé, entre plusieurs familles et centres d’accueil, où Pascal Danel grandit en développant un sens progressif de l’adaptation. Il finit par être intégré au hameau-école d’Annelles, comme avant lui Michel Piccoli, Jean-Claude Pascal et Michel Auclair. Comme eux, il y découvrit sa vocation artistique, encouragé par son responsable, le docteur Préau, et son épouse. Pascal accola le nom du hameau-école d’Annelles à son prénom, pour créer son identité scénique.
Premiers succès au milieu des années 60
Il intégra ensuite l’école de la rue Blanche, réussissant l’examen d’entrée muni d’une dispense de majorité signée par le docteur Préau. Il se produisit également à l’adolescence dans un cirque, présentant un numéro de funambule à moto dangereux. La rencontre avec Michel Delancray, que Pascal Danel suscita en dormant une nuit dans l’escalier de l’immeuble de l’auteur-compositeur, fut décisive. Le compagnonnage avec Lucien Morisse, patron du label Disc AZ et puissant responsable de la programmation musicale, lui permit d’accéder au succès.
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Possédant un public fidèle aux strates variées, Pascal Danel a accompagné, avec ses chansons célèbres ou moins connues, nombre de familles francophones qui possédaient ses disques portant une œuvre personnelle. L’ami Jacob, Mamina, Les Trois dernières minutes constituent notamment des perles jouissant d’une moindre notoriété, mais d’une profonde sensibilité, comme Ton âme (Prix de la Rose d’Or).
Politiquement proche de Mitterrand et de FO
En 1974, la rencontre à Château-Chinon entre Pascal Danel et François Mitterrand signa une amitié quasi-filiale et indéfectible. Margit et Pascal Danel, parents de l’artiste Jean-Pierre Danel, possédaient leur chambre à Latche (40), dans la maison de l’ancien président de la République. À partir des années 1980, l’artiste produisit des émissions de télévision (Cadence 3, puis Macadam) et organisa la programmation de la fête annuelle de Force Ouvrière pendant plusieurs années.
Homme aux diverses complicités amicales et artistiques – on ne compte pas le nombre de ses proches dans le show-biz – Pascal Danel possédait avant tout une passion pour le public, qu’il souhaitait impatiemment retrouver après une période d’affaiblissement physique. Les dernières lignes qu’il a écrites sont pour lui : « Une bonne chanson, c’est celle que les personnes dans la salle auraient pu écrire. Parce que cette mélodie et ce texte, qui les fait vibrer, leur appartiennent. »
Marc Benveniste est co auteur de J’ai le mal de mère…
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