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Sida : la méthode qui a permis la guérison d’un septième patient du VIH

Sida : la méthode qui a permis la guérison d’un septième patient du VIH

Nouvelle prouesse de la médecine. Un Allemand d’une soixantaine d’années aurait guéri du VIH, le virus responsable du Sida. Testé séropositif en 2009, il a cessé de prendre ses antirétroviraux en septembre 2018, et n’a depuis subi aucune rechute. "Plus le temps passe sans besoin d’une thérapie contre le VIH et plus nous sommes confiants dans une éradication complète du VIH", a expliqué Christian Gaebler, spécialiste du VIH à l’hôpital de la Charité à Berlin, où le patient a été suivi.

Ce patient qui souhaite conserver son anonymat deviendrait ainsi la septième personne au monde à avoir guéri du VIH à ce jour. Un exploit permis par une méthode aussi étonnante que prometteuse, découverte dans les années 1990 : la mutation des protéines CCR5 sur le troisième chromosome permet d’éradiquer le virus du corps humain. Et pour cause, lorsque les protéines CCR5 dysfonctionnent en raison de cette mutation, les souches du VIH ne parviennent pas à se fixer sur récepteurs CCR5, et ne peuvent pénétrer le système organique de l’individu.

La protéine CCR5, clef de cette guérison

Ainsi, comme cinq des six autres personnes guéries du VIH, le patient allemand a reçu des greffes de cellules souches. Mais le cas de ce septième patient désormais en rémission aurait permis une avancée : alors que jusqu’à présent, les recherches se concentraient sur les donneurs possédant deux copies du gène CCR5 défectueux, il semblerait qu’une seule copie du gène puisse suffire. C’est en tout cas ce qu’aurait permis de démontrer les résultats de la greffe du sexagénaire.

Car son donneur ne présentait qu’une seule copie du gène CCR5, ce qui signifie que ses cellules immunitaires disposent probablement d’une moitié seulement de quantité "normale" de la protéine. "L’étude suggère donc que nous pouvons élargir le groupe de donneurs pour ce type de cas", a déclaré le Dr Sharon Lewin, directeur de l’Institut Peter Doherty pour l’infection et l’immunité à Melbourne, en Australie, lors d’une conférence de presse la semaine dernière.

Une technique réservée à un nombre resserré de patients

Toutefois, "il nous faut maintenant comprendre comment ce nouveau système immunitaire a pu se greffer au patient et comment son corps a pu éliminer tous les réservoirs de VIH au fil du temps", a déclaré le Dr Gaebler, qui s’est dit surpris du résultat positif. Le système immunitaire initial du patient aurait pu jouer un rôle important.

Raison pour laquelle les chercheurs restent prudents, préfèrent tempérer l’enthousiasme du grand public. Premièrement, la mutation de la protéine CCR5 au troisième chromosome reste très rare : moins de 1 % de la population mondiale en est porteuse, et sa localisation se concentre dans les pays d’Europe du Nord. Deuxièmement cette transplantation ne peut avoir lieu que sur des patients porteurs du VIH atteints d’un cancer.

Enfin, le patient allemand n’ayant lui-même qu’une seule copie du gène à l’instar de son donneur, ces deux facteurs génétiques combinés ont pu augmenter ses chances de guérison. "Le système immunitaire inné du donneur a peut-être joué un rôle important ici", confirme Christian Gaebler. Une chose est sûre : cette méthode de transplantation n’est pas près d’être utilisée à grande échelle.

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