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Paloma : "L'existence des drag queens dans l'espace public est toujours remise en question"

Paloma :

Présent lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, notamment dans la scène du repas qui fait polémique, Hugo Bardin, de son nom de scène "Paloma", nous raconte cette aventure "historique" que lui a proposée Thomas Jolly. Ce Clermontois d'origine revient sur la place des drag queens dans la société.

Hugo Bardin, de son nom de scène "Paloma", est un artiste, comédien, réalisateur, lauréat du Drag Race 2022. Il faisait partie des queers du défilé de mode à l'ouverture des Jeux olympiques, ce vendredi. Il était aussi à la table, dont l'interprétation (de la Cène, dernier repas entre Jésus et les apôtres ?  tableau Le Festin des dieux de Jan van Bijlert ?...) fait polémique. Il raconte.

Comment vous êtes-vous retrouvé dans le spectacle mis en scène par Thomas Jolly ?

Je connaissais Thomas Jolly. Nous nous sommes croisés. Il m'a dit : "Jaimerais beaucoup que tu sois dans ma cérémonie". J'ai dit "oui" tout de suite. Ça ne se refuse pas, c'est historique. On peut difficilement faire mieux en termes de représentation. C'était très chouette.

J'avais envie de participer, de montrer la France dans tout ce qu'elle a de complexe et de contradictoire.

C'était amusant, aussi, de travailler sur un truc qui est secret.

Quel était votre rôle?

Je participais à ce grand défilé de mode qui durait une bonne vingtaine de minutes. Thomas voulait que ce soit un spectacle pour les gens qui regardaient à la télévision, mais aussi pour ceux qui étaient sur place.

Ce grand défilé est un mélange de la mode française avec également la scène ballroom, la culture queer, avec toutes les formes de danse (auvergnate, classique, contemporaine, de rue...).

On vous voit, aussi, dans la scène du repas, qui fait, depuis, polémique parce que certains y voient une représentation de La Cène, dernier repas de Jésus et des apôtres, quand d'autres pensent au tableau Le Festin des dieux de Jan van Biljert.

Je trouve ça hypocrite. Il n'a pas été dit que c'était la Cène. L'œuvre a été souvent reproduite dans la culture. Par les Simpsons, Disney, des photographes, dans des clips... Dans La Cène, de Léonard de Vinci, il y a même Marie-Madeleine ! Léonard de Vinci qui, d'ailleurs, était homosexuel et anticlérical !

Ici, il y des drag queens, juste en ligne derrière une table. Si ça avait été d'autres personnes, il n'y aurait pas eu autant de bruit.

En 2022, à propos de l'émission de télévision Drag Race, vous disiez ceci : "Mettre un programme de drag queen sur le service public est un acte politique". Voyez-vous ainsi cette cérémonie d'ouverture des JO?

Notre existence dans l'espace public est toujours remise en question. Quoi que nous fassions, nous dérangerons. Nous sommes une force de rébellion nécessaire. Nous ne sommes pas là pour déranger, mais pour divertir. Ce n'est pas plus méchant que ça. Le spectacle d'ouverture des JO représente tous les arts. Thomas Jolly est cohérent avec ce qu'il a toujours fait dans sa vie.

Pour le public, nous sommes comme des icônes populaires. Nous avons une place dans le paysage culturel.

Sur quoi travaillez-vous en ce moment?

Je continue mon spectacle PluriElles jusqu'à fin décembre, ainsi que Drag Race, qui réunit 2.000 personnes par soir. Je vais sortir la bande dessinée du spectacle en septembre-octobre. Je sors aussi un album. Je rejoins le spectacle de Valérie  Lesort (metteuse en scène aux six Molière, plasticienne, comédienne...) et plein d'autres choses.

Allons-nous vous voir bientôt à Clermont-Ferrand, dont vous êtes originaire??

Je viendrai jouer mon prochain spectacle, qui est en écriture. Et je viendrai présenter ma BD à Clermont, c'est sûr !

Quelques vacances, cet été?

Ah oui ! c'est nécessaire?! Je vais me promener sur la planète, en Asie, au Mexique, aller voir les drag à l'étranger...

Propos recueillis par Véronique Lacoste-Mettey

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