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Macron affirme son soutien à la marocanité du Sahara occidental, crise en perspective entre Paris et Alger

Preview Dans une lettre adressée au roi du Maroc Mohamed VI, le président français Emmanuel Macron a affirmé le soutien de la France au plan d’autonomie de Rabat pour le Sahara occidental, Paris considérant désormais ce plan comme «seule base» pour le règlement du conflit... au risque de s’attirer les foudres de l’Algérie.

Pour Paris, le plan marocain est désormais «la seule base» de règlement du conflit du Sahara occidental, a affirmé le président français Emmanuel Macron dans une lettre adressée ce 30 juillet au roi du Maroc Mohamed VI, à l’occasion de la Fête du Trône célébrant l'intronisation du souverain marocain il y a 25 ans.

Dans cette lettre, le président français a promis que «la France accompagnera le Maroc dans cette démarche au bénéfice des populations locales», après voir «félicité» les efforts de Rabat «pour le développement économique et social» dans ce territoire, rapporte l’agence de presse d’Etat MAP en citant le cabinet royal marocain.

«Le présent et l'avenir du Sahara occidental s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine», écrit Macron dans cette lettre rendue publique par l'Elysée. «Cette annonce de la République française, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, constitue une évolution importante et significative en soutien à la souveraineté marocaine sur le Sahara», fait noter pour sa part MAP.

Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est considéré comme un «territoire non autonome» par l’ONU en l’absence d’un règlement définitif. Depuis près de 50 ans, un conflit armé y oppose le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie voisine.

Rabat prône un plan d’autonomie sous sa souveraineté exclusive, tandis que l’Algérie et le Polisario réclament un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU, prévu lors de la signature en 1991 d’un cessez-le feu, mais jamais concrétisé.

L’Algérie se rebiffe

Le 25 juillet, l’Algérie avait déjà fermement condamné un «imminent» soutien de la France au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental. Dans un communiqué, le ministère algérien des Affaires étrangères avait exprimé son «grand regret» et sa «profonde désapprobation», qualifiant cette décision de «surprenante, inappropriée et contre-productive».

Le ministère avait précisé que cette décision avait été officiellement communiquée aux autorités algériennes par leurs homologues français récemment, estimant que cette prise de position renforcerait «l’impasse» créée par le plan d’autonomie marocain, en vigueur depuis plus de dix-sept ans.

Tout en rappelant à la France qu’elle était membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, et qu’elle devait agir en conformité avec les décisions de cet organe et le droit international, le gouvernement algérien avait averti qu’il «tirer[ait] toutes les conséquences» de cette prise de position, dont le gouvernement français «assumera l’entière responsabilité».

Désormais actée, cette décision risque de déclencher une crise diplomatique de grande ampleur entre Paris et Alger, dont les relations sont déjà tendues.

Pressions et contreparties

Alors qu’Alger avait rompu ses relations diplomatiques avec Rabat en août 2021, Paris a réenclenché en février dernier un processus de réchauffement avec le Maroc, au risque de détériorer davantage les relations avec l’Algérie qui restent au plus bas depuis des années.

Le Maroc, lui, exerce depuis des années une pression intense sur ses partenaires internationaux — en particulier la France —, à travers une campagne médiatique sans relâche, pour qu’ils reconnaissent la «marocanité» du territoire.

En 2022, l'Espagne s'était déclarée favorable au plan marocain d'autonomie du Sahara occidental, sous souveraineté marocaine, marquant un revirement qualifié alors d’historique dans les relations entre les deux pays.

En juillet 2023, Rabat avait obtenu la reconnaissance par Israël de la marocanité du Sahara occidental, en contrepartie d'un processus de normalisation déjà déclenché en 2020, lequel constituait lui-même une contrepartie au soutien par le président américain Trump la même année aux aspirations marocaines sur ce territoire disputé.

Dressant des parallèles entre l’occupation israélienne de la Palestine et le sort des Sahraouis, les militants du Front Polisario avaient condamné cette décision tout en déclarant espérer que cela marquerait le début d’une solidarité accrue avec leur cause.

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