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L’hippodrome de Jullianges en passe de tenir son pari sur l'avenir

L’hippodrome de Jullianges en passe de tenir son pari sur l'avenir

Maintenir un petit hippodrome avec trois réunions dans l’année, le pari est audacieux. À Jullianges, une poignée de bénévoles continue d’y croire. La Société hippique joue la diversification avec l’endurance équestre. Le site accueille du mercredi 31 juillet au dimanche 4 août des cavaliers du monde entier.

Il a souvent été avancé, à tort, que Jullianges était le plus haut hippodrome d’Europe. Que nenni : il serait détrôné, de quelques mètres seulement, par celui de Zonza, un petit village Corse. Pour mettre tout le monde d’accord on peut dire que leurs pistes « culminent » toutes deux à près de 1.000 mètres d’altitude. Autre point en commun, un cadre naturel, préservé et forestier. Mais ils possèdent une différence notable : la petite structure de l’île de Beauté est en herbe, tandis que Jullianges est en mâchefer.

À Jullianges, on vient pour jouer,mais aussi pour prendre le frais

Le Craponnais Raphaël Payet a accédé il y a six ans à la présidence de la Société hippique de Haute-Loire à la suite de Pierre-André Jay. L’actuel président ne manque jamais l’occasion de défendre les belles installations qui sont un peu les siennes.Une nouvelle baraque à frites installée à l’ombre des pins.

Il les fréquente depuis l’adolescence, quand à 14 ans il a été invité par Gilbert Best, une figure du monde des courses dans le département, avec deux de ses copains à donner un coup de main. Ses parents étaient déjà bénévoles sur le site.

Trente ans plus tard Raphaël Payet est toujours là. Sa passion est intacte. Alors qu’il ne possède pas de chevaux, il a passé l’examen pour devenir commissaire de course. Ce dernier est l’arbitre de la course. Rien ne lui échappe : coups de cravache, changement de ligne, empiètement… Il est accompagné de juges aux allures. Feurs, Saint-Galmier, Dijon… Raphaël Payet se déplace d’hippodrome en hippodrome. Après son « taf » dans l’industrie plastique, il change radicalement d’univers, pour s’immerger dans celui du turf. On entend dire que les paris hippiques n’auraient plus autant la cote face à l’explosion des jeux de toutes sortes, et que plusieurs champs de courses mettraient la clé sous la porte.

Dans les années soixante les premiers turfistes

En Haute-Loire, l’hippodrome fait mieux que résister, il envisage l’avenir sereinement, si l’on en croit les représentants de l’association. « Chez nous, les chevaux respirent bien mieux qu’en plaine », assure le président. Les équidés gagneraient ainsi en résistance et en performances, comme n’importe quel athlète.

Il n’y a pas que les bêtes pour apprécier le cadre. Sur les 12 hectares de l’hippodrome, une vaste pinède est fréquentée par les familles et pas seulement les parieurs. À Jullianges, on vient pour jouer, mais aussi pour prendre le frais. Les jours de réunion, le sous-bois est noir de monde. Et dès le matin?! Pour la dernière course de trot attelé (la spécialité du lieu) et de trot monté, le 14 juillet passé, l’hippodrome de Lachamp Gilbert-Best (du nom de son ancien président) a facilement accueilli 3.000 parieurs, neuf courses et 120 chevaux.

Depuis plusieurs années, Jullianges propose trois réunions chaque été : en juin, juillet et août (la prochaine : dimanche 25 août). La Fédération nationale du cheval français établit le calendrier. L’hippodrome de Lachamp créé par un ancien maire de Jullianges (et maquignon de son état) Jean Charret, a commencé par une seule réunion dans les années soixante, puis deux, puis trois désormais. Au début des années quatre-vingt-dix, Gilbert Best a acquis des terrains et reconstruit entièrement la structure.

Serge Antonin secrétaire, Raphaël Payet président et Yves Cuerq responsable du concours d’endurance.Raphaël Payet remarque : « Le site et l’activité hippique n’ont rien à voir avec ce qu’ils étaient au début : avant, la route était barrée le temps des courses. Un train était spécialement affecté depuis Saint-Étienne. Dans les années soixante, la Française des jeux n’existait pas. J’ai entendu dire que l’hippodrome a pu accueillir jusqu’à 10.000 personnes. La Société hippique a la chance d’être propriétaire de la totalité du site. Ailleurs, dans bien des communes, les terrains sont convoités pour la construction ».

À Jullianges, seul petit bémol la piste d’environ 900 mètres en mâchefer ne permet pas d’accueillir n’importe quel type de course. Sa spécificité est de pouvoir recevoir des chevaux n’ayant jamais couru (inédit). Raphaël Payet précise : « Pour participer à une course, un cheval doit en passer par des qualifications, à Feurs ou Saint-Galmier. Nous, on reçoit aussi des chevaux un peu difficiles, ou qui reviennent de convalescence, mais qui peuvent évoluer, autrement dit, il n’est pas impossible de les retrouver à Vincennes ». Une grande partie des équidés engagés en Haute-Loire viennent de la plaine du Forez, du Roannais ou des Monts du Lyonnais. Quelques-uns de petites écuries du nord de la France qui ont du mal à rivaliser avec les cracks de la région parisienne.

Un atout de poids, le bénévolat

La société hippique de la Haute-Loire peut compter sur un autre atout, ses bénévoles, qui sont une soixantaine. Ils sont sur le pont dès le début du mois de mars pour remettre en état les installations au sortir de l’hiver, nettoyer les sous-bois, puis vient le temps de s’occuper de la piste, du nettoyage des box et des stalles, sans parler de la partie administrative pour préparer les réunions. Chaque journée de course mobilise une quarantaine de bénévoles : entrée, billetterie, buvette, restauration (espace VIP), entretien de la piste. Depuis peu, dans la forêt de résineux où l’on échappe à la touffeur estivale, une construction bois est réservée à la restauration. Chaque année ou presque, les habitués découvrent une petite nouveauté.Encore trois réunions cet été, la dernière ayant lieu le 25 août.

Envisager l’avenir, doit passer par une plus large ouverture de l’hippodrome à d’autres manifestations que les courses de trot. C’est ce qui est entrepris par le bureau de l’association. Cette semaine, et pour la septième année consécutive, Lachamp sert de cadre logistique à des épreuves d’endurance équestre, une discipline en plein essor en France, la deuxième après le saut d’obstacles. Raphaël Payet reste par conséquent confiant : « Les temps sont difficiles, dit-il, mais on continue à faire des bénéfices ».

Sur l’agenda de l’hippodrome

Quelques dates à noter pour les prochaines semaines : dimanche 18 août, un comice agricole est organisé par l’Entente paysanne de la vallée de l’Ance. Les concours de bovins lait et viande s’accompagnent d’un marché de producteurs, d’une exposition de matériel et de nombreuses animations. Samedi 31 août et dimanche 1er septembre, le traditionnel concours national d’attelage organisé par l’association Attelage 43 aura lieu. Enfin, dimanche 8 septembre l’hippodrome accueillera le vide-greniers pour clore la saison hippique.

Philippe Suc

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