World News

6 livres féministes à emporter en vacances

Essais, roman, récit de voyage ou autofiction, on a rassemblé six livres qui nous ont marquées cette année et qui fraient, de près ou de loin, avec les luttes féministes. Qu’on vous emmène dans les tréfonds de l’intimité, dans la jungle de la maternité solo, sur la route de Thelma et Louise ou dans une forêt profonde où flotte le paranormal, les auteur·ices de cette sélection vous invitent à un voyage protéiforme au cœur de nos préoccupations actuelles.

La Gosse, de Nadia Daam (Éditions Grasset)

C’est sans aucun doute l’un nos livres préférés de l’année, du genre de ceux qu’on ne repose pas avant d’avoir atteint la dernière page. Cette pépite, signée de la journaliste et autrice Nadia Daam, est un récit autobiographique à la fois drôle, profondément bouleversant et déculpabilisant. Élever seule sa fille adolescente, c’est ce dont Nadia Daam nous parle ici : elle n’élude rien, ni les défis rencontrés, les doutes qui l’assaillent, les contradictions qui l’animent ou encore les joies et les peurs inhérentes à l’éducation d’une enfant. Le tout avec une sincérité qui touche droit au cœur.

Dans la cage, d’Océan (Éd. Julliard)

C’est un premier livre qui pose une question essentielle à l’heure de la lutte contre les violences sexuelles : comment expliquer que les fantasmes de domination continuent de nourrir nos imaginaires sexuels et érotiques ? Océan tente d’y répondre dans cet essai intime et bien évidemment politique paru dans la collection “Fauteuse de trouble” de Vanessa Springora. Dans cette autobiographie socio-pornographique, l’auteur et réalisateur militant féministe et transgenre dissèque ses fantasmes pour mieux comprendre comment le patriarcat s’y est fait une place de choix et s’en débarrasser.

Cinq petites tristesses, de Léontine Behaeghel (Éd. Rober Laffont)

Dans son premier roman, Léontine Behaeghel, 24 ans, nous raconte avec beaucoup de clairvoyance l’histoire de son double fictionnel, Léonie, jeune femme de 19 ans sans expérience amoureuse ni sexuelle, qui débute une relation avec son parrain, Gilles, 62 ans. Les sentiments d’indépendance et de liberté que cette liaison, à la dissymétrie flagrante, lui procurent au départ disparaissent très vite pour laisser la place à une “descente aux enfers”. L’autrice décortique ici avec beaucoup de sagacité le mécanisme d’emprise pour mieux s’en extraire définitivement à l’aide des mots.

À la vie, à la mort – sur la route avec Thelma et Louise, de Catherine Faye et Marine Sanclemente (Éd. Paulsen)

Devenues amies lors d’un voyage de presse au Qatar, les journalistes et autrices françaises Catherine Faye et Marine Sanclemente ont décidé de sillonner ensemble les États-Unis en empruntant la route suivie par Thelma et Louise dans le film de Ridley Scott. Ce voyage sur les traces des deux héroïnes féministes révèle un visage authentique, parfois inquiétant, de l’Amérique profonde, qu’il est utile de regarder en face alors qu’approche l’élection présidentielle dans le pays. Mais le récit de la trentenaire et de son amie sexagénaire est aussi la retranscription d’une discussion intergénérationnelle riche et fertile autour de sujets féministes majeurs, de #MeToo au droit à l’IVG. Un road trip littéraire en excellente compagnie.

Aliène, de Phœbe Hadjimarkos Clarke (Éd. du sous-sol)

Cette année, on n’a toujours pas trouvé de roman aussi fort qu’Aliène à tous les niveaux : une histoire dingue de fille qui doit garder une chienne clonée dans une maison de campagne isolée, de l’humour, du fantastique, un sous-texte engagé (le roman dénonce en creux les violences policières et cette héroïne éborgnée est résolument féministe), un style littéraire contemporain et singulier, à la fois badass et châtié, une pensée profonde servie dans une narration ultra fluide… On ne compte plus les raisons d’adorer ce deuxième récit de la Franco-Américaine Phoebe Hadjimarkos Clarke après Tabor (2021).
Laissez Aliène vous porter très haut et très loin, vous ne regretterez pas le voyage.

La Charge raciale – Vertige d’un silence écrasant, de Douce Dibondo (Éd. Fayard)

Dans son premier essai, Douce Dibondo développe le concept de “charge raciale”. Le terme, popularisé en France par la chercheuse Maboula Soumahoro sur le modèle de la charge mentale, désigne les stratégies d’adaptation mises en place par les personnes racisées en Occident pour se fondre dans la majorité blanche, ainsi que le rôle de pédagogues qu’elles endossent malgré elles, mais aussi les conséquences très directes de cette charge sur leur vie et leur santé. Après un début d’année marqué par la montée en flèche d’un racisme décomplexé, conforté par les chiffres désespérants du RN, les vacances seront aussi le temps de se réarmer intellectuellement, pour les personnes concernées comme pour leurs allié·es.

Читайте на 123ru.net