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Les records de température s'enchaînent, quelles conclusions en tirer ?

Record de « la journée », du « mois » ou de « l’année » « la plus chaude jamais enregistrée », record de la température mesurée ou ressentie « la plus élevée jusqu’ici »… Ces dernières années, la météo semble faire des exploits, ou plutôt des ravages. Les records de chaleur s’enchaînent et ne manquent pas de laisser flotter un vent anxiogène sur l’avenir.

Dimanche 21 juillet 2024, le réseau européen Copernicus enregistrait la « journée la plus chaude de l’histoire » avec une température moyenne mondiale de 17,09 °C sur la surface du globe. Un record qui n’aura finalement duré que 24 heures, avant que la journée du lundi 22 juillet n’en établisse un nouveau à 17,15 °C. Le mois de juin 2024 avait lui aussi été marqué par un double exploit, celui du « mois de juin le plus chaud jamais mesuré », mais surtout celui du « 13e mois consécutif » à battre un record.

"Les moins de 30 ans connaissent moins bien les enjeux climatiques que leurs ainés", selon la Fondation Jean Jaurès

Mais si ces chiffres semblent être tout à fait exceptionnels, ils ne sont pour autant « pas une surprise » si l’on se réfère aux projections climatiques, explique Françoise Vimeux, climatologue et directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Pour comprendre ce que signifient concrètement ces mesures et comment elles sont établies, il est « important de bien différencier climat et météo », rappelle la chercheuse.

Distinguer météo et climat

Lorsque l’on évoque la météo, on s’en remet au « temps qu’il a fait hier, qu’il fait aujourd’hui et qu’il fera cet après-midi », précise la climatologue. En météorologie, « les prévisions les plus lointaines sont très compliquées à réaliser », voire « presque impossible au-delà de deux semaines ». En revanche, le climat est constitué de « tendances » et de « moyennes » des conditions météorologiques, « aussi bien en France, en Europe que dans le monde ». Autrement dit, « on regarde sur le long terme, en raisonnant non pas en valeur absolue, mais en anomalies ».

 Alors que les prévisions météorologiques dépendent d’un grand nombre de variables (pluie, position des anticyclones et des dépressions…) les rendant incertaines, le climat est, quant à lui, plus « facile à prévoir », affirme la chercheuse. « Le climat dans 50 ans dépend uniquement de la concentration des gaz à effet de serre, de l’insolation que l’on reçoit, dont la tendance est constante sur ces échelles de temps, et éventuellement des éruptions volcaniques plus difficiles à prévoir ou des événements climatiques comme El Nino ». Si pour le moment, « la seule tendance en hausse est celle des gaz à effet de serre », toutes les études « ont montré sans surprise que les records actuels sont attribuables au réchauffement climatique », conclut la climatologue.

Comment les records de chaleur sont-ils établis??

Pour définir de tels chiffres, les agences météorologiques américaines ou européennes qui suivent l’évolution du climat mondial « se basent sur les données de stations météorologiques sur terre et sur mer que fournissent l’ensemble des pays, et sur les donnés satellites ». Bien que chaque agence possède « son propre outil de traitement », les résultats sont « très proches les uns des autres », précise Françoise Vimeux. La preuve pour la chercheuse de la « fiabilité » et de la « grande précision » des réseaux de stations météorologiques nationaux « très développés sur tous les continents ». Météo France se base par exemple pour notre pays sur « 30 stations très bien réparties » sur le territoire. Les relevés de température s’y font dans des conditions précises, « à l’abri et à une hauteur comprise entre 1m50 et 2 mètres du sol ». Si l’établissement de ces records par des agences d’État est « d’abord là pour informer sur l’état du climat, la reprise médiatique, en revanche, a pour but d’alerter ». D’où l’importance de replacer ces chiffres dans leur contexte climatique et d’observer leur évolution sur le long terme, selon la chercheuse : « Dans un climat qui se réchauffe, il est normal que les températures augmentent ».

Les analyses les plus pessimistes parlent de + 5 °C entre 1850 et 2100, l’équivalent d’une sortie de période glaciaire sur 10.000 ans normalement

Notre climat actuel est « complètement inédit depuis des dizaines de milliers d’années », signale-t-elle. « Avec de telles hausses de température, on est complètement en dehors de la variabilité naturelle de notre climat », avertit la climatologue. « Il faut comprendre que quand on parle de 5 degrés en plus, on parle d’une Terre totalement différente ».

 

Victor Delair

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