"Les travaux nous ont tué !" : le cri du coeur d'une commerçante clermontoise installée depuis 30 ans
« C’est un périple pour venir chez vous. J’ai failli faire demi-tour ! », s’exclame cette Beaumontoise, en pénétrant dans la boutique Singer de la rue Blatin. C’est épaulée de son mari que cette Auvergnate de 71 ans a réussi à emporter sa machine à coudre de 15 kg devant l’œil expert de Marie-Laure Goy. Une illustration en temps réel de ce que vit la quadragénaire depuis de trop longs mois.
Un chiffre d'affaires plombé par les travaux« Ça dure depuis 11 mois et ça va encore continuer pendant 2 ans… On ne voit plus personne. Notre chiffre d’affaires a chuté de plus 60 %. Il est loin le temps où pendant le covid j’étais une essentielle, avec une file d’attente devant la porte… » Si elle pointe du doigt les travaux, la Clermontoise sait parfaitement de quoi elle parle. « J’ai fait la foire de Paris en mai et je peux vous dire que les amateurs de couture sont très nombreux. On a cartonné. Ce n’est pas la machine qui est en berne, ce sont les travaux qui nous ont tués ! » D’un naturel fonceur et refusant de trop subir, Marie-Laure Goy a décidé de s’adapter
. « J’ai commencé chez Singer à 19 ans en allant chez les gens, je faisais du conseil, de la démo et de la réparation de machines, j’ai décidé de reprendre le dépannage à domicile. »
Des points relais ont été également installés à Aubière (chez Esprit fil), Chamalières (chez Eureka), à Issoire (chez M & K) et à Courpière (mercerie Gourcy). La spécialiste Singer s’y rend une fois par semaine, quitte à sacrifier ses jours de repos. « Je fais du 7 jours sur 7, mais je n’ai pas le choix. J’ai même été obligée de licencier ma salariée que j’avais depuis 13 ans. Ça faisait 1 an que je résistais pour rien. Avec 20 euros de chiffre d’affaires pas jour, j’en arrive à éteindre les lumières en l’absence de clients. »
Mais loin d’avoir dit son dernier mot, Marie-Laure Goy qui promet « de ne jamais abandonner ses clientes fidèles » mûrit un nouveau projet dans ce magasin qu’elle a acquis il y a 12 ans. « Je suis très attachée à ce local. Et puis, j’aime trop le commerce. Singer c’est l’histoire de ma vie. Je vais donc assurer une activité, et compléter mon offre pour pouvoir en vivre. »
Carole Eon