Un seul chien responsable, un autre blessé… Ce que l'on sait de l'enquête sur l'attaque de molosses dans le Puy-de-Dôme

Trois personnes ont été blessées et un chien tué, jeudi 1er août, à Chabreloche (Puy-de-Dôme), par un berger d’Anatolie qui s’était échappé de chez lui. Vendredi, on a appris que le molosse, qui risque l’euthanasie, aurait attaqué encore un autre chien.

Jeudi 1er août, peu avant 9 heures, deux bergers d’Anatolie, un mâle et une femelle, divaguent au niveau de la D 2089 à la sortie de Chabreloche, en direction de Noirétable. Un homme qui promène son petit chien se fait mordre à l’épaule (*) par le mâle, alors qu’il tente en vain de sauver son animal de compagnie. Deux passants qui tentent de s’interposer sont également mordus, à la main. Les trois personnes seront transportées à l’hôpital. Le premier, le plus grièvement blessé, a pu rejoindre ce jeudi en fin d'après-midi, son domicile.Musa Demirci, gérant du garage Prestige Auto et propriétaire des chiens, n’était pas chez lui au moment des faits mais grâce à des caméras installées, il affirme avoir vu la scène qui se serait déroulée devant son portail. "C’est lorsque le monsieur a pris son petit chien dans les bras pour le protéger qu’il est tombé. Il s’est alors mis en boule et c’est là qu’il a été mordu à l’épaule. Mon chien a fait n’importe quoi.", déplore-t-il.

Peu avant les faits, son berger d’Anatolie était attaché à l’intérieur de l’enclos et a réussi à casser son collier en ferraille. " Je n’ai pas compris comment il a fait pour s’évader."

Installé depuis 2020, Musa Demirci a récupéré le molosse après avoir subi plusieurs vols au garage. "Je n’en pouvais plus, il fallait que je prenne un chien protecteur. J’avais prévenu tout le monde qu’il ne fallait pas s’approcher du portail mais il n’avait jamais attaqué d’humains."

Cette situation le touche beaucoup. "C’est un choc émotionnel et il y a beaucoup de peur. Je ne pensais pas que cela allait arriver un jour", confie le jeune homme qui, de son propre aveu, avoue avoir perdu le contrôle de son chien. "Quand je suis allé le récupérer le matin, il avait compris qu’il avait fait une énorme erreur, il avait baissé la tête, la queue entre les jambes. Mais quand je suis revenu le chercher dans son enclos un peu plus tard, il a couiné et a montré les crocs."

« Il l’a secoué dans tous les sens »

Ce même jour, vers 9 h 15, Christiane et Daniel Begon assurent que les deux bergers d’Anatolie seraient venus chez eux. Leur portillon donne sur la route du Gros Châtaigner. "Mon mari sortait pour aller chercher une salade, il ne les a pas vus arriver. Le plus gros s’est jeté sur notre petit bouledogue français et il l’a secoué dans les sens", s’émeut Christiane Begon. Son mari aurait tout de suite réagi et sauté sur le molosse pour lui faire lâcher sa proie.Âgé de 13 ans, leur animal de compagnie, blessé au niveau du cou, a rapidement été pris en charge par une clinique vétérinaire. Il a eu des points et a pu rentrer le soir même. Il sera sous surveillance pendant quinze jours.

"Notre petit chien est traumatisé, il ne veut plus manger ni sortir de la maison. Il est sous morphine, peut-être que cela joue également", reconnaît-elle. Le couple devait porter plainte vendredi 2 août. 

"Pour moi, ce n’est pas mon chien. Avec un coup de croc, le bouledogue aurait été mangé en une bouchée", réfute le gérant du garage. Pour lui, "il faut que les habitants de la commune arrêtent de mettre leur nez dans les histoires qui ne les regardent pas".

Une étude comportementale du molosse sera réalisée

Jean-Pierre Dubost, maire de la commune, a décidé dès le jeudi soir de prendre un arrêté municipal. Une évaluation comportementale du plus gros des deux chiens sera réalisée dans les quinze jours. "Si le chien est considéré comme impossible à contrôler, un deuxième arrêté sera pris demandant son euthanasie", précise l’édile. Désormais c’est une disposition que le maire souhaite prendre "systématiquement quand des personnes se feront agresser par des chiens. C’est devenu insupportable".

Le propriétaire du berger d’Anatolie redoute ce moment. "C’est mon chien, on s’en est occupé avec mon père, cela fait mal au cœur. À tout moment, ils vont me le piquer. Je ne veux pas le voir mourir".

Selon les informations du parquet de Clermont-Ferrand, le propriétaire du chien incriminé devrait être poursuivi pour blessures involontaires. Il sera entendu par les gendarmes en audition libre tout comme les trois blessés.

(*) Contrairement à ce qui a été dit au départ, seul le mâle a attaqué.

Lydia Reynaud et Christian Lefèvre