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JO Paris 2024 : à Châteauroux, sur le tir sportif, même les émotions restent sous contrôle

Si les athlètes louent la qualité des installations du centre National de Tir Sportif (CNTS) de Châteauroux, l’ambiance est bien différente de celle du Grand Palais, par exemple, où se produisent d’autres tireurs, ceux de l’escrime. Toutefois, il pourrait difficilement en être autrement.

Déjà, parce que le site a été construit sur une immense base militaire désaffectée, au sein d’une zone industrielle. Pour la rejoindre, il faut compter une bonne vingtaine de minutes en bus depuis le centre de Châteauroux, un lieu de villégiature pas forcément prisé des touristes habituellement. Depuis 1967 et le départ des Américains de la base de l’OTAN, la bamboche, c’est fini !

Ensuite, depuis samedi, la plupart des épreuves se sont déroulées au stand “finales” du CNTS. Dans cette salle, la capacité habituelle est de 600 places. Pendant les Jeux, cet espace est en partie réservé aux membres des délégations et aux journalistes du monde entier. La place du public est donc restreinte.

« On n’est pas à la fête foraine »

Par ailleurs, les disciplines du tir sportif nécessitent beaucoup de concentration, de maîtrise et parfois de contrainte. Au tir à la carabine, aussi bien les vestes, que les pantalons et les chaussures sont contrôlés, pesés et leur épaisseur est mesurée. Le carabinier qui arrive sur le pas de tir donne l’impression de boiter tellement son équipement rigide entrave ses mouvements. Même en cas de médaille, il lui est impossible de sauter de joie. D’autant plus que des règles de sécurités strictes encadrent le maniement des armes.

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La personnalité des tireurs s’exprime aussi plus ou moins selon leur culture. Lundi, la joie de la Suisse Audrey Gogniat, médaillée de bronze au tir à 10 mètres, était communicative. Sa délégation d’une vingtaine de membres a même lancé une olà en tribune. Dans le même temps, sur les deux plus hautes marches du podium, la Coréenne Hyojin Ban et la Chinoise Yuting Huang — seulement 16 et 17 ans — esquissaient un léger sourire, bien pâle au regard de leur exploit.

La joie de la Suisse Audrey Gogniat (à droite), médaillée de bronze, contraste avec celle de ses adversaires sur les deux plus hautes marches du podium.

Néanmoins, les tireurs français ne manquent pas de soutien et d’encouragements. Le carabinier Lucas Kryzs, dont c’était la première participation aux Jeux, a ressenti l’engouement de la part du public quand il a pris la tête de sa finale (tir à 50 mètres), avant de se classer sixième. « C’était compliqué de “redescendre la machine” quand on a le public qui pousse, déclarait-il. J’ai fait comme j’ai pu pour qu’il y ait le moins d’impact possible sur mon tir. Après, l’ambiance olympique, je ne la connais pas vraiment, vu que l’on est un peu détaché ici. En tout cas, le groupe a bien la sensation qu’on n’est pas à la fête foraine, mais sur une compétition majeure. »

À l’instar de sa partenaire de l’équipe mixte, Océanne Muller, ils se sont promis de rejoindre rapidement le village olympique, à Paris, pour goûter à une autre ambiance sur d’autres sports.

Philippe Roch

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