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Le Wwoofing, partager la vie et le travail d'une ferme pour "voir comment pousse notre alimentation"

Le Wwoofing, partager la vie et le travail d'une ferme pour

Ils sont nombreux dans le Livradois-Forez à s’être laissé séduire par le concept du Wwoofing. Mais de quoi s’agit-il exactement ?

Un drôle de nom pour un drôle de concept : le Wwoofing a traversé la Manche en 2007 pour s’installer dans l’Hexagone, où il s’épanouit désormais. "La France est le premier pays de Wwoofing dans le monde", se réjouit Cécile Paturel, en charge du développement et de la communication à l’association Wwoof France (lire ci-dessous).

Mais en quoi cela consiste-t-il exactement ? Il s’agit en fait, pour des fermes sélectionnées par cet organisme sur des critères notamment écologiques, de proposer gîte et couvert à des voyageurs en échange de 4 à 5 heures de travail bénévole quotidien. Dans le Puy-de-Dôme, ils sont une quarantaine d’hôtes à adhérer à l’association, une vingtaine rien que dans le Livradois-Forez.

L’échange humain au cœur du concept

Du côté de Celles-sur-Durolle, le concept a notamment séduit Pauline Valmier, hélicultrice à son compte. Depuis son installation en 2021, l’éleveuse d’escargots accueille chez elle ceux que l’on appelle les Wwoofeurs en échange d’un coup de main pour le désherbage ou l’entretien extérieur de sa petite exploitation.

Leurs motivations, leurs âges, leurs origines géographiques sont diverses. Certains viennent se mettre au vert, d’autres sont curieux d’apprendre ce qu’ils ne maîtrisent encore pas, d’autres enfin utilisent l’expérience comme un stage avant de se lancer eux-mêmes dans l’agriculture. Ce qui est invariable, c’est que tout le monde y gagne. "C’est un échange de bons procédés, et cela se passe très bien depuis trois ans !", confirme Pauline Valmier.

Ce ne sont pas des salariés, je ne leur demande pas d’être performants.

Car c’est bien l’échange humain qui est au cœur de ce concept dépourvu de tout intérêt pécunier.

C’est ce qui plaît d’ailleurs à Christine Dörr, fondatrice de Maka Wakan à Marsac-en-Livradois. Son exploitation, qui propose des stages de développement personnel facilité par le cheval, attire beaucoup les Wwoofeurs. Si elle a connu quelques désagréments, quelques rencontres moins réussies, Christine Dörr reste fidèle au concept.

Un coup de main verte bienvenu

"Parfois, on rencontre des gens vraiment super avec qui on a de supers échanges et avec qui on reste en contact, raconte-t-elle. Et puis, il faut être honnête, on a bien besoin du coup de main !"

L’association Wwoof France ne permet d’adhérer qu’à de petites exploitations, qui reposent souvent sur les épaules d’une ou deux personnes. "Sans les Wwoofeurs, je tiendrais quand même, mais je serais plus fatiguée", sourit Christine Dörr, qui prend de son temps pour enseigner son savoir à ses invités. Gagnant-gagnant.

Véronique, de Wwoofeuse à maraîchère

Véronique Peillon a effectué deux séjours de Wwoofing avant de lancer sa micro-entreprise de maraîchage à Viscomtat.

Si la plupart des wwoofeurs ont entre 25 et 35 ans, "il y a aussi beaucoup de femmes d’une cinquantaine d’années qui ont fait le jardin toute leur vie et souhaitent en apprendre davantage, voire démarrer une nouvelle vie", explique Cécile Paturel, chargée du développement et de la communication à Wwoof France.

C’est le cas de Véronique Peillon, à Viscomtat. Ancienne professeure des écoles, la sexagénaire a exercé plusieurs professions et s’est "toujours dit que ma quatrième carrière serait paysanne, et je tiens à ce mot". Alors, à 62 ans, elle s’est lancée." J’avais vu un reportage sur le Wwoofing et je me suis dit : “Vas-y !”", se souvient la Viscomtoise.

J’ai fait deux séjours, un en Haute-Savoie et un en Isère. J’ai rencontré des gens qui ont eu des expériences à droite à gauche : on échangeait nos savoirs, on cuisinait tous ensemble… être Wwoofeuse m’a permis de rencontrer du monde et de me forger une expérience.

Prête à repartir

Véronique Peillon a depuis monté sa micro-entreprise de maraîchage, Aux bonheurs du jardin, et vend sa production sur les marchés du coin. Seul bémol, l’hébergement. "En Isère, je serais bien restée plus longtemps mais je logeais dans une cabane sans eau ni électricité. Pour une femme de 64 ans, ce n’est pas vivable", regrette la sexagénaire, loin d’être découragée. "Je le referais volontiers, mais il me faudrait une chambre cette fois-ci !", sourit-elle.

Née en 2007, Wwoof France met en relation des fermes bios et paysannes avec des volontaires prêts à donner un coup de main.

"Le Wwoofing, ce n’est surtout pas du tourisme vert !" Voilà une phrase que Cécile Paturel ne se lasse pas de répéter. C’est que la vocation de Wwoof France, pour laquelle elle est en charge du développement et de la communication, lui tient particulièrement à cœur.

Association à but non lucratif

"Nous sommes une association à but non lucratif, dont l’objectif est de proposer à des gens de partager la vie de petites fermes bios et paysannes, explique-t-elle d’emblée. Ce n’est pas un échange matérialiste mais humain !" Via une plateforme sur internet, Wwoof met ainsi en relation des personnes volontaires pour donner un coup de main et de petites exploitations disposées à les recevoir. 

L’idée est d’initier les gens à l’agriculture que l’on ne croise plus, même à l’école, pour qu’ils puissent voir comment pousse notre alimentation.

Pour éviter les deux principaux écueils qu’un tel concept pourrait engendrer, les règles sont strictes. "Il existe deux dérives : celle des gens qui viennent faire du tourisme à moindre coût et ne veulent pas travailler, et celle des fermes qui prennent leurs invités pour de la main-d’œuvre gratuite", explique Cécile Paturel.

Les adhérents à l’association sont donc priés, avant le versement de leur cotisation, de signer une déclaration mentionnant sans détour les règles du jeu : "Je sais que l’association recommande cinq demi-journées par semaine d’entraide aux activités agricoles" ou encore "j’éprouve l’envie sincère d’apprendre de mes hôtes, de les aider et de faire leur connaissance. Je leur suis reconnaissant de me transmettre leur savoir-faire et de m’accueillir dans leur vie quotidienne."

L’association Wwoof France compte six employés qui s’assurent notamment du bon déroulé des séjours et sélectionnent les fermes hôtes sur des critères écologiques et éthiques. Côté volontaires, on retrouve tous les genres et toutes les tranches d’âge même si les 25-35 ans diplômés, étudiants ou jeunes actifs sont en majorité.

Louise Llavori

Pratique. Plus d’informations sur wwoof.fr

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