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JO Paris 2024 : après le règne d'Usain Bolt, le sprint mondial cherche un héritier charismatique

JO Paris 2024 : après le règne d'Usain Bolt, le sprint mondial cherche un héritier charismatique

L’épreuve emblématique du 100 m masculin se déroule ce dimanche (21 h 50) et depuis la retraite sportive d’Usain Bolt en 2017, aucun sprinter ne domine la discipline. L’athlétisme cherche toujours un héritier au plus grand de l’histoire.

On ne remplace pas une légende. On lui succède parfois, mais on ne la remplace pas. Depuis la fin de la carrière d’Usain Bolt en 2017, l’athlétisme mondial se cherche un nouveau chef de file, même si Armand Duplantis semble taillé pour tenir ce rôle, un emblème, une icône.

Le sprint, lui, attend vainement l’émergence d’un héritier, un homme possédant les qualités de vitesse du Jamaïquain, ainsi que son sens du spectacle sur et en dehors de la piste. Sa classe simplement.

Leader incontestable et surtout charismatique du sprint durant près de dix ans avec huit médailles d’or aux Jeux olympiques, onze titres mondiaux qui font de lui l’athlète le plus titré de l’histoire des championnats du monde, ainsi qu’un appétit pour le show sans pareil, Usain Bolt a laissé sa discipline orpheline.

Il détient toujours les records du monde sur 100 m en 9’’58, du 200 m en 19’’19, ainsi que du relais 4x100 m avec ses partenaires de la Jamaïque en 36’’84. Difficile de faire mieux et cela ne se bouscule pas dans les starts pour prendre la place.

Des passeurs d’histoire un peu ternes

Il y a eu la grande époque de Carl Lewis, certainement le plus grand athlète de tous les temps. Mais après lui, l’intérêt pour le sprint est retombé avec l’arrivée des sprinters US élevés sous la fonte comme Maurice Greene, double champion du monde et médaille d’or olympique. Sans parler de la période Justin Gatlin, sacré à Athènes en 2004 après avoir purgé une suspension de deux ans pour dopage. Des passeurs d’histoire finalement un peu ternes.

“ Je ne suis pas sûr qu’on reverra un autre athlète du niveau d’Usain Bolt ”

Aujourd’hui, cet héritier se fait clairement attendre. D’une compétition à l’autre, personne ne se détache et domine le sprint comme “Lightning Bolt” pouvait le faire à son époque. Avec fluidité, légèreté, puissance naturellement pour faire avancer cet athlète et tracter ce corps, 1,95 m pour 94 kg au meilleur de sa forme. Avec décontraction et ce qu’il faut de chambrage sans jamais verser dans la méchanceté.

Ce supporter US croisé avec le chapeau de l’Oncle Sam sur la tête doit faire semblant de ne pas comprendre la question. A moins qu’il ne s’intéresse pas au sprint. « Usain qui ? Ah oui, Bolt. Moi, je suis venu pour voir la finale du 10.000 m. Je m’en fous de cette histoire d’héritier d’Usain Bolt. » Damned. Pas mieux avec ses supporters de la Squadra Azzura pas convaincus par Marcell Jacobs, sacré à Tokyo.

Kerley dans le plus anonymat

Kerley peut se promener sur les Champs-Élysées, il ne sera pas dérangéLes Jamaïquains Kishane Thompson et Oblique Seville, le Kényan Ferdinand Omanyala, l’Américain Christian Coleman, le Botswanais Letsile Tebogo, autant de noms qui ne sonnent pas à l’oreille du grand public.

Et Fred Kerley, champion du monde du 100 m à Eugene en 2022. Ils ne sont que trois (*) à avoir couru le 100 m en moins de 10”, le 200 m en moins de 20’’ et le 400 m en moins de 44’’. Mais il peut se promener tranquillement sur les Champs-Élysées, personne ne lui demandera un autographe ou un selfie.

Autant demander à un spécialiste, double médaillé olympique. Il possède toujours le record de France du 200 m et lui aussi coule une tranquille retraite depuis quelques semaines.

« Un phénomène comme Bolt, on n’en voit pas à chaque décennie, répond Christophe Lemaitre. Parmi les coureurs actuels, Noah Lyles est pas mal. Je ne sais pas s’il sera aussi charismatique que Bolt, mais il réalise de grosses performances. Quand on parle de Bolt, on parle du plus grand sprinter de tous les temps. Je ne suis pas sûr qu’on reverra un autre athlète du niveau d’Usain Bolt ». (*) Wayde van Niekerk et Michael Norman ont également signé ce triplé rarissime.

« World champion of what ? ». Il a suffi que le sprinter américain Noah Lyles lâche cette petite phrase, l’an passé, aux Mondiaux de Budapest pour changer de standing.

Un athlète brillant et rapide avec six titres mondiaux, mais une seule médaille olympique pour l’instant. Une tête bien pleine aussi et une bouche bien grande surtout. Mais dans ce monde qui prend et jette les athlètes les uns après les autres, il a fait en sorte que l’on se souvienne de lui pour autre chose que ses performances.

Il y a un an, Noah Lyles se moque donc ouvertement de la NBA, le championnat professionnel de basket américain et un peu des Denver Nuggets, vainqueurs de la finale 2023, et autoproclamés "Champion du monde", alors qu’il s’agit seulement des Etats-Unis.Des performances qui claquent, des déclarations qui piquent, le sens du spectacle et la tête de l’emploi : l’Américain Noah Lyles possède tout pour devenir la star du sprint. Photo L. AUREGAN

« Ce qui me fait le plus mal, c’est quand je vois les Finales NBA où ils ont ‘’champion du monde’’ inscrit sur la casquette… Soyons clairs, j’adore les États-Unis, mais ce n’est pas le monde entier. Dans l’athlétisme, on a quasiment tous les pays qui se battent, qui se donnent à fond et qui portent leur drapeau pour montrer qu’ils sont représentés ».

Voilà comment, en plus d’être le numéro 1 du sprint actuel, Noah Lyles a changé le regard porté sur lui. Il a tout pour devenir la nouvelle icône. 

 

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