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JO Paris 2024 : "Ils vivent l’aventure à deux, et c’est bien", les frères Lebrun racontés par leur papa

Les débuts : « Tout de suite une raquette dans la main. »

« Le ping, c’est ma passion depuis 40 ans, celle de toute la famille, alors forcément, à un ou deux ans, Alexis puis Félix jouaient déjà avec une balle et une raquette. Sans le savoir, ils travaillaient la coordination, en s’amusant, tout simplement, comme d’autres gamins joueraient aux jeux de société. Ils ont aussi fait du tennis, du basket, puis ils ont choisi le ping vers 8-9 ans. Il y avait plus de compétitions, ils partaient souvent en stages, ils voyageaient déjà à l’étranger, et c’est ce qui leur plaisait. »

Leur caractère : « Félix est plus bordélique. »

« Ils sont assez différents. Alexis est très ordonné, il aime faire les choses bien. Félix est bien plus bordélique?! Mais finalement, ça ne ressort pas dans leur jeu, car le plus bordélique ce serait plutôt Alexis. Avec lui, on ne sait jamais ce qui va se passer, tandis que Félix est un peu plus carré dans son jeu. L’éducation a dû jouer un rôle : Félix est arrivé trois ans après, et on n’élève pas toujours les suivants de la même manière?! »

Les études : « Une seule journée d’école cette année… »

« Alexis a un bac +2, avec un diplôme d’entraîneur. Il va mettre les études de côté et ne faire que du ping. Félix, lui, doit passer son bac en septembre, mais ce n’est pas gagné?! Le problème, c’est qu’il n’y a pas de dates. Il est sur un calendrier de professionnel, conçu pour des adultes. Or, il n’est pas un adulte. Il est déjà à 250 jours par an en compétition, il n’est allé qu’une journée à l’école cette année… Et ça pose souci, même s’il est plutôt brillant. »

La médiatisation : « On a appris à dire non. »

« On fait en sorte de les protéger. On refuse pratiquement tout et les sollicitations passent désormais par nous. Ma femme s’est d’ailleurs mise en disponibilité de l’éducation nationale. On reçoit plusieurs demandes par jour, de Chine, du Japon, de partout?! Alors on a appris à dire non. Felix, pendant un an, n’a pas eu une journée sans sollicitation. Ce n’était plus possible. Et il n’y a pas que les journalistes : il y a 3.500 clubs en France qui voudraient les voir. Alors on fait des déçus, mais il n’y a pas de solutions. »

Leur complicité : « Le grand frère protège. »

« Ils vivent l’aventure à deux, et c’est bien, car c’est une vie particulière, ils sont dix jours par mois dans les aéroports… Tout seul, ça peut être lourd. Comme deux frères, ils s’engueulent, se chamaillent, mais ça dure le temps d’un jeu. Félix ne veut jamais perdre, c’est un vrai lutteur. C’est moins le cas d’Alexis, plus calme, plus serein. Il est le grand frère, qui protège. Quand ils s’affrontent en match, ce n’est pas simple pour nous. On est pour celui qui perd, donc jusque-là Félix. La joie de l’un est plus courte que la peine de l’autre. En fait, à chaque point, on n’a jamais les bonnes émotions. Mais cinq minutes après, c’est fini, on va manger ensemble et on passe un bon moment. »

Les JO : « L’important c’est de vivre les choses. »

« Ils se sont battus toute la saison pour cela. Le message que je leur fais passer, c’est que les Jeux à la maison, c’est une fois dans une vie. Alors rester dans sa bulle, moi, je dis non. Gardez les yeux ouverts les gars, car vous retiendrez ce que vous avez vécu, pas forcément les résultats. Bien sûr, ils vivent pour la compet. Mais il n’y a pas que ça, l’important c’est de vivre les choses. »

La concurrence chinoise : « Aucun complexe. »

« Ils ont vu qu’ils étaient capables d’aller les chercher, ce qui ne veut pas dire qu’ils sont plus forts. Pour l’instant, les Chinois gagnent encore. Mais on a quelques joueurs en Europe qui sont capables d’aller chercher les meilleurs Chinois, et cela faisait longtemps que ce n’était plus arrivé. Et c’est pour cela que le ping revient fort, parce que les hégémonies, à la longue, c’est fatigant. L’écart s’est réduit, Félix et Alexis, à l’image de leur génération, ne font aucun complexe. »

L’engouement : « L’histoire de la fratrie, ça plaît. »

« Ils sont arrêtés dans la rue, dans les McDo… Pas seulement en France, c’est partout en Europe, même dans le monde. Il y a un engouement assez fou. Pour quelles raisons?? Je pense que l’histoire de la fratrie, de la famille, ça plaît aux gens. Il n’y a pas que les résultats qui comptent, pour l’instant. Même moi, dès que je sors à Montpellier, on me reconnaît : « Oh, c’est le papa des champions?! » À Angers, cette année, 1.000 places se sont vendues en 15 minutes. Des dirigeants de clubs me disent : « S’ils jouent contre nous, on prend l’Arena. » Aujourd’hui, Alexis et Félix ne font plus les médias pour eux ou pour leurs sponsors, ils n’en ont plus besoin. C’est pour le ping, pour son développement. Grâce à eux, c’est 10 % de licenciés en plus. J’espère que notre sport saura en profiter et qu’on sera bons pour accueillir tous ces gamins. » 

Romain Léger

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