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Avec le retour des grosses chaleurs, les Restos du cœur de Montluçon sont une oasis en toute saison

La précarité ne prend pas de vacances. Pour les restos du cœur de Montluçon, c’est un début d’après-midi comme un autre ce jour-là. La distribution de colis vient de commencer. Sous un soleil caniculaire, une longue file s’esquisse déjà devant les locaux.

"Cultiver le lien social"

Aujourd’hui, on n’a plus le droit. Ni d’avoir faim… Ni d’avoir chaud. Cet été, le refrain des Enfoirés résonne différemment. L’antenne montluçonnaise des Restos du cœur doit mettre les bouchées doubles : "La pauvreté augmente et touche tout le monde", s’attriste Pascale Maffre, la responsable départementale de l’association.

Les Restos du cœur proposent des produits frais.

Le 2 rue des Droits de l’Homme est devenu un endroit "où l’on cultive le lien social afin de lutter contre la déshumanisation", continue sa présidente. Philippe, un de ces "invisibles", vient ici depuis deux ans "pour voir du monde et pour se rafraîchir l’été".

La possibilité donc de résister à des grosses chaleurs : "Nous proposons de quoi se désaltérer et se doucher", explique Pascale Maffre. Des services nécessaires alors que le mercure ne cesse de grimper ces derniers jours. 

Les personnes de la rue viennent plus souvent et plus longtemps se mettre au frais. Ils peuvent profiter des ventilateurs.

Derrière le comptoir, les bénévoles mettent les bouchées doubles pour servir "les 651 familles bénéficiaires". Pas de répit possible puisque l’antenne montluçonnaise du mouvement initié par Coluche reste "la seule association d’aide alimentaire ouverte presque tout l’été", rappelle la présidente de l’organisation.

Ce qui leur permet de "ne pas manquer de ressources puisque nous récupérons davantage de denrées issues des enseignes partenaires". Des invendus de la grande distribution aux plateaux du centre hospitalier, les bénévoles luttent contre le gaspillage alimentaire. Des repas distribués "toujours à titre gracieux".

 L’association accueillent ceux dans le besoin toute la journée.

En dehors de la semaine du 15 août, les Restos ne possèdent pas le luxe d’interrompre leurs activités : "Les adhérents ne sont pas oubliés puisque nous fournissons deux semaines de vivres." Ce travail se réalise en collaboration avec les autres structures : "Ce soir [le 2 août dernier] nous venons en aide à Actisolidaire en apportant de quoi se nourrir à des personnes dans le besoin".

Pour l’association qui compte 90 volontaires en temps normal, pas le temps de s’arrêter : "C’est la course, admet Pascale Maffre, je dois m’occuper de l’administratif, de l’accueil des gens". Cet été, une quarantaine de bénévoles se relaient. Dont Romane, une jeune recrue qui "en échange de 80 heures de bénévolat, voit son permis de conduire être en partie pris en charge par la Région". Une première expérience qui lui "donne envie de continuer".

"Ici personne n’est jugé"

C’est aussi un lieu de sociabilité : "On prend le temps de discuter. C’est important d’écouter ces personnes trop souvent oubliées", insiste la responsable du centre. "Ici les gens ne jugent pas", apprécie Séverine, une adhérente.

Un esprit de solidarité qui forge de belles amitiés. Notamment avec Aurélie, bénévole et bénéficiaire. "Les restos nous aident donc on tente de rendre la pareille", explique la jeune mère de famille pour qui les Restos sont devenus une seconde famille : "J’aime venir ici les matins pour prendre le café". Elles sont saluées par Jacquemine qui donne de son temps depuis 20 ans : "On se connaît tous, il y a un vrai esprit d’entraide."

Un lien social mis en exergue par les divers séjours proposés : "Le 18 juillet, les enfants étaient en visite au parc animalier d’Auvergne. Les personnes en couple partent la première semaine de septembre à Fréjus", souligne Pascale Maffre. De quoi offrir des vacances à ceux qui ne peuvent pas partir.

Texte : Céline DeveauPhotos : Florian Salesse

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