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Le pastoralisme renoue avec son histoire en Creuse et en Limousin

Le pastoralisme renoue avec son histoire en Creuse et en Limousin

La tradition du pastoralisme a trouvé un nouveau souffle à Vassivière depuis quelques années. Les estivants et les locaux peuvent découvrir son histoire sur le territoire et ses enjeux lors d’une sortie tous publics prévue mercredi 7 août à Vassivière.

Ne soyez pas surpris si, en vous promenant autour du lac de Vassivière, vous croisez un berger ou une bergère et ses moutons. La montagne limousine possède une longue tradition de pastoralisme, qui a périclité après la Seconde Guerre mondiale, mais qui connaît un renouveau depuis quelques années. En 2019, Jérôme Orvain, alors conseiller régional de la Creuse, s’est mobilisé pour que la Région Nouvelle-Aquitaine étende à ce territoire une aide qui concernait jusque-là essentiellement les Pyrénées, destinée à accompagner les investissements, favoriser l’embauche de bergers et proposer des animations autour du pastoralisme.

« Dès la première année, cela a amené 100.000 € sur le territoire. Cela a notamment permis de réaliser des diagnostics sur la surface pastorale, le type de nourriture que les brebis peuvent y trouver, pour créer des estives », explique Jérôme Orvain, aujourd’hui président de l’Association pour le pastoralisme de la Montagne limousine (APML), qui s’applique à fédérer les différents acteurs : éleveurs, propriétaires fonciers qui mettent leurs terres à disposition pour les estives, bergers et institutionnels (Syndicat mixte du lac, ONF, Conservatoire des espaces naturels et Conservatoire du littoral notamment). 

Huit estives pour 1.000 hectares

Actuellement, sur la montagne limousine, le pastoralisme concerne environ 1.000 hectares appartenant principalement à des propriétaires privés, répartis en huit estives, avec environ 500 bêtes pour chacune d’elles, mais, « entre les zones non mécanisables et les autres délaissées, il y a un potentiel de 9.000 hectares supplémentaires », souligne Jérôme Orvain.

Neuf bergers ont été recrutés cette année. Pour les éleveurs, l’intérêt de confier leurs moutons à un berger pendant la belle saison est pluriel. « J’amène mes bêtes en estive depuis trois ans, à partir de fin mai, début juin et jusqu’à fin septembre. Avant quand je les gardais sur la ferme, il fallait que je mette de l’engrais pour avoir du fourrage. Aujourd’hui, j’ai pu réduire les quantités d’intrants et, une fois que les brebis sont parties, je peux faire beaucoup plus de fourrage. Ça permet aussi de me libérer du temps et c’est une fierté de mettre une partie de mon troupeau en estive pour entretenir les espaces », explique Vivien Moreau, agriculteur à Poussanges. Des avantages pour un coût réduit grâce à l’aide régionale pour l’embauche d’un berger et les économies réalisées sur les engrais. En mangeant la végétation dans les estives, les brebis maintiennent en effet des milieux spécifiques tels que des zones humides riches en biodiversité. 

Ici (tout autour du lac de Vassivière), c’était un paysage de landes à bruyères il y a un siècle lorsque la population pratiquait le pastoralisme et les cultures vivrières.

« Le Fonds forestier national mis en place après-guerre afin d’encourager la production d’arbres pour la rentabilité économique, la mécanisation agricole et l’exode rural de ceux qui n’ont pas pu prendre le train de la modernisation agricole en marche, ont contribué à le changer. » 

photo Floris Bressy

Apéro-pasto le 7 août

Aujourd’hui, une démarche de retour à un paysage ouvert s’est enclenchée et elle passera par le pastoralisme. « Le Conservatoire du littoral achète des terrains autour du lac pour ouvrir le paysage et l’ONF s’inscrit aussi dans cette démarche, la forêt n’ayant pas qu’une fonction économique, mais aussi sociale, paysagère, touristique », souligne Jérôme Orvain. 

Ce renouveau du pastoralisme en Limousin et ses enjeux, le public pourra les découvrir sur le terrain, mercredi 7 août, lors d’un apéro-pasto organisé par Conservatoire d’espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine, le Syndicat mixte du lac de Vassivière et l’APML. Après une balade commentée dans les bois et les landes de la presqu’île de Chassagnas, les participants pourront rencontrer une bergère en plein travail qui leur expliquera les spécificités de son métier. La sortie s’achèvera par un apéritif de produits locaux. 

Pratique. Inscription obligatoire pour l'apéro-pasto au 06 66 90 54 82. 

Nicolas Barraud

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