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JO Paris 2024 : La skateuse Nana Taboulet, 15 ans, deviendra grande

Vous faisiez quoi, vous, l’été de vos 15 ans?? Pendant que la plupart des ados avalent des pots de glace devant Netflix ou chillent à la plage, Louise-Aïna Taboulet, elle, participe aux Jeux olympiques, rien que ça?! Dans un décor de carte postale, où se fondaient l’obélisque de la Concorde, le Grand Palais et la Tour Eiffel, la blondinette de Leucate, dans l’Aude, a vécu ce mardi la journée la plus trépidante, et stressante, de sa (très) jeune carrière. À midi, devant plusieurs milliers de spectateurs chauffés par un soleil de plomb, et sous l’œil des caméras du monde entier, celle que tout le monde appelle Nana a challengé les meilleures rideuses de la planète. Complètement fou à cet âge-là, même si elle n’était pas la plus jeune. Face à elle, dans cette discipline constellée d’ados, il y avait notamment une Chinoise de… 11 ans?!

Dimanche, Nana a réalisé d’un coup qu’elle était aux Jeux olympiques, et elle nous a fait un petit coup de pression. On a dû aller la chercher au village, on est allé se balader ensemble à la Tour Eiffel, elle en avait besoin. Nana, elle est encore jeune…

Comment supporte-t-on le poids d’un tel événement quand on est encore collégienne?? Pas si simple, à écouter le père de Nana, très détendu lui, qu’on a croisé quelques minutes avant la compétition, au bord du skate park, entouré de sa famille, autoproclamée la “wesh family’’ : « Dimanche, Nana a réalisé d’un coup qu’elle était aux Jeux olympiques, et elle nous a fait un petit coup de pression. On a dû aller la chercher au village, on est allé se balader ensemble à la Tour Eiffel, elle en avait besoin. Nana, elle est encore jeune… » Pensez donc, elle vient juste d’obtenir son brevet, mention bien.

Trois chutes en qualifs, apprentissage douloureux

Le skate, c’est une culture, et Nana a grandi dans celle des sports de glisse. Ses parents, Julien et Caroline, étaient windsurfers de haut niveau. Ils tiennent aujourd’hui une école à Leucate, baptisée la « wesh center crew », où ils font également tourner un restaurant. Pas étonnant que leur fille soit grimpée pour la première fois sur des roulettes alors qu’elle savait tout juste marcher. Le papa - casquette sur la tête, tatouages un peu partout sur la peau et pancarte d’encouragement dans les mains - se souvient : « Elle a commencé à en faire un peu dès l’âge de deux ans. Puis plus assidûment vers 5-6 ans. Ça lui plaisait, alors on lui a proposé de l’accompagner. » Et quand il accompagne, le papa ne fait pas semblant : comme il n’y avait pas de skate park à Leucate, il s’est retroussé les manches et a bâti une rampe de 3,60 mètres. Tout simplement?!

Discipline de casse-cou, le skate met les corps à rude épreuve. Que celui qui ne s’est jamais rien cassé lève le doigt?! En janvier, Nana, elle, s’est fracturée le poignet, un gros contretemps dans sa préparation. L’avant-veille des Jeux, elle a encore pris une belle gamelle à l’entraînement et s’est présentée, mardi midi, avec un gros bleu. De quoi la gêner pour ses runs?? On ne le saura pas, elle est passée comme une flèche en zone mixte, la tête basse et les yeux embués. Sans doute grignotée par la pression, elle a chuté sur chacun de ses trois runs. Apprentissage douloureux pour la jeune fille, chaleureusement applaudie malgré tout et qui a répondu au public d’un geste des mains qui voulait dire « je suis tellement désolée… »

J’ai envie de voyager dans le monde, de faire des rencontres. Le skate, c’est une communauté, on s’entraide beaucoup, il y a toujours de la bonne humeur.

À 15 ans, Nana aura bien des occasions de se rattraper, elle qui vit déjà du skate, dont l’économie de niche n’est pas si négligeable. « J’ai envie de voyager dans le monde, de faire des rencontres, confiait-elle récemment dans une interview à Brut. Le skate, c’est une communauté, on s’entraide beaucoup, il y a toujours de la bonne humeur. » En septembre, elle entrera en seconde à distance, et suivra ses cours le matin en visio. « C’est bien d’être sportif de haut niveau, mais il faut le petit bagage derrière », soulignait hier matin le papa.  Derrière lui, l’obélisque de la Concorde contemplait le skate park, un décor que Nana n’oubliera sans doute jamais, contrairement à ses trois runs manqués… 

Romain Léger

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