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Yahya Sinouar, le nouveau chef du Hamas, un adepte d'une stratégie militaire "radicale"

Yahya Sinouar, le nouveau chef du Hamas, un adepte d'une stratégie militaire

Déjà chef depuis 2017 du mouvement islamiste palestinien à Gaza, Yahya Sinouar, 61 ans, a été désigné mardi soir comme le nouveau leader politique du Hamas. Il succède ainsi à Ismaël Haniyeh, assassiné en Iran il y a une semaine. Yahya Sinouar est décrit par la presse étrangère comme l'"architecte" des attentats du 7 octobre en Israël, et comme une personnalité à la fois "radicale" et "pragmatique".

Militant de longue date du Hamas

Fils de réfugiés, il a grandi dans un camp de réfugiés à Khan Younis à Gaza, selon la chaîne de télévision basée au Qatar Al Jazeera. Yahya Sinouar rejoint le mouvement islamiste palestinien Hamas dans les années 1980. D’après le think tank ECFR, il "aurait participé à la création de la force de sécurité interne du Hamas ("al-Majd") en 1988", avant d’être emprisonné "pour avoir assassiné des Palestiniens qu’il accusait d’apostasie ou de collaboration avec Israël" selon des documents judiciaires israéliens datant de 1989 et consultés par le quotidien américain New York Times. Il va passer au total 24 ans en prison.

En 2011, Yahya Sinouar est libéré avec plus de 1 000 prisonniers palestiniens "en échange du soldat israélien Gilad Shalit, enlevé par des combattants palestiniens lors d’un raid transfrontalier en 2006", raconte le média Middle east eye. Selon l’EFCR, il est ensuite inscrit en 2015 sur la liste des terroristes internationaux spécialement désignés (SDGT) par le département d’Etat américain. Deux ans plus tard, il devient chef du mouvement à Gaza. Il impulse alors une stratégie "radicale sur le plan militaire et pragmatique en politique", décrypte pour l’Agence France Presse Leïla Seurat, chercheuse au Centre arabe de recherches et d’études politiques à Paris. "Il ne prône pas la force pour la force" mais "pour amener (les Israéliens) aux négociations", selon elle.

"Une position influente"

"Aucune décision ne peut être prise sans consulter Sinouar", déclarait déjà en mai au New York Times Salah al-Din al-Awawdeh, membre du Hamas et analyste politique qui s’est lié d’amitié avec le nouveau chef alors qu’ils étaient tous deux emprisonnés en Israël dans les années 1990 et 2000. "L’avis de Sinouar est très important parce qu’il est sur le terrain et qu’il dirige le mouvement de l’intérieur", ajoutait alors Abu Marzouk, premier chef du bureau politique du Hamas dans les années 1990.

"Il s’est hissé à une position influente au sein du Hamas", analyse pour Al Jazeera Nour Odeh, analyste politique palestinienne basée à Ramallah. Le choix du Hamas de le nommer chef du mouvement "place désormais Gaza au premier plan, non seulement des événements sur le terrain, mais aussi de la dynamique du mouvement Hamas", selon elle.

Derrière l’attaque du 7 octobre

Yahya Sinouar est aussi considéré "comme l’une des principales figures reliant les ailes politiques et armées du Hamas", rappelle le think tank ECFR, "et comme l’architecte des attaques menées par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023." "C’est sa stratégie, c’est lui qui a monté l’opération" probablement pendant un an ou deux, explique à l’Agence France Presse la chercheuse Leïla Seurat.

Cette attaque a entraîné la mort de près de 1200 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP, basé sur des données officielles israéliennes. Sur 251 personnes enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l’armée. En riposte, Israël a lancé une offensive qui a fait jusqu’à présent 39 653 morts, d’après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants morts.

En nommant Yahya Sinouar, le Hamas "a choisi l’option d’un extrémisme proche de l’Iran", considère un analyste pour le Washington Post. "La nomination de l’archi-terroriste Yahya Sinouar à la tête du Hamas, en remplacement d’Ismaïl Haniyeh, est une raison supplémentaire de l’éliminer rapidement et de rayer de la carte cette ignoble organisation", a pour sa part réagi sur le réseau social X le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz.

"Yahya Sinouar a été et reste le premier décisionnaire en ce qui concerne la conclusion d’un cessez-le-feu" dans le territoire palestinien, a déclaré mardi lors d’un briefing presse le ministre américain des Affaires étrangères, Antony Blinken. Le mouvement Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas, rival du Hamas, a pour sa part jugé par la voix d’un de ses responsables, Jibril Rajoub, "logique" et "attendue" la nomination de Yahya Sinouar, une "personnalité pragmatique, réaliste et logique".

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