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Un documentaire inédit sur le film "Le Chagrin et la pitié", tourné en partie à Clermont-Ferrand

Un documentaire inédit sur le film

En 1969, Marcel Ophüls choisit Clermont-Ferrand pour raconter une "chronique d’une ville française entre 1940 et 1944". Le Chagrin et la pitié sort en 1971, mais il est interdit à la télévision. Plus de vingt ans plus tard, Joseph Beauregard revient sur ce documentaire culte qui offre "une vision décapante sur les années d’Occupation".

Joseph Beauregard est documentariste. Pour les besoins d’une série de la chaîne Arte intitulée « Avant/Après », il a réalisé Le Chagrin et la pitié - La France de Vichy dynamitée.

Joseph Beauregard a travaillé longtemps sur France Inter. Il a réalisé dix films, parmi lesquels Jacques Doriot, le petit führer (2017) ; La Parole est au garde des Sceaux (2015) ; Beuve-Méry-De Gaulle, Le Monde contre le président (2013) ; François Duprat, une histoire de l’extrême-droite (2011) ; Les Avocats du salopard (2006), sur le tueur en série Emile Louis.

Pourquoi avez-vous décidé de réaliser ce film sur le film ?

C’était une évidence même ; comme une matrice dans mon existence, dans ma vie intellectuelle. J’ai vu Le Chagrin et la pitié alors que j’étais lycéen à Paris, en terminale, en 1981. J’avais 18 ans. Je suis d’une génération où on nous a enseigné De Gaulle, la Résistance...

Vous avez réalisé de nombreux documentaires sur l’Histoire, la Résistance, l’extrême-droite. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps ?

Arte a sorti cette collection "Avant-Après". C’était une chance pour moi. Comme me l’a dit Samuel Blumenfeld ( journaliste, critique cinéma au quotidien Le Monde, auteur, il fait partie des nombreux intervenants du film de Joseph Beauregard), on dirait que cette série a été créée pour le film. Pour moi, il est aussi le résultat d’un échec précédent : Je voulais faire un film sur Jean Cavaillès, qui a un lien avec votre région puisqu‘il a rejoint des collègues de l’université de Strasbourg, repliée à Clermont-Ferrand. Quand j’ai repensé à ce film que je n’ai pas pu faire, Le Chagin et la Pitié m’est apparu comme une évidence.

Avec Le Chagrin et la pitié - La France de Vichy dynamitée, quel film vouliez-vous faire, alors ?

J’aurais voulu avoir une heure et demie. Il y a des rushs exceptionnels ; c’est un tourment très très sincère. J’avais un cahier des charges. J’ai retrouvé des gens qui ont participé au film ; mené une enquête ; identifié tous les témoins ; interrogé des historiens, des spectateurs...Le tournage a duré une semaine. Le troisième soir, toutes ces personnes avaient créé une communauté autour du film.

Simone Veil, alors administratrice de l'ORTF, était opposée à la diffusion du film.Quelle a été la réaction de Marcel Ophüls à qui vous aviez demandé l’autorisation de faire ce film ?

Des gens ont intercédé en ma faveur et il s’est construit entre nous une relation de confiance. Je respecte infiniment Marcel Ophüls. J’ai beaucoup d’admiration, mais j’ai gardé mon indépendance et une mise à distance. Il a découvert le film le soir où il a été montré sur Arte. Il l’a trouvé "admirable".

Comment voyez-vous ces deux films maintenant, avec du recul ?

Marcel Ophüls a fait un film sur la mémoire ; le mien est sur la mémoire de la mémoire.

Hélène Mouchard-Zay dans un témoignage émouvant. Elle est annoncée à Riom à l'automne, en compagnie du réalisateur Joseph Beauregard.

Diffusion. Le Chagrin et la pitié - La France de Vichy dynamitée peut être vu en replay sur la chaîne Arte et en streaming sur le site arteTV.fr. Rencontre. Joseph Beauregard devrait venir présenter son film au cinéma Arcadia, à Rion, à l’automne, en présence d’Hélène Mouchard-Zay, fille de Jean Zay.

Véronique Lacoste-Mettey

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