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Soupçonné du meurtre de sa jeune compagne à Lempdes, il maintient sa version d'un "tir accidentel"

Soupçonné du meurtre de sa jeune compagne à Lempdes, il maintient sa version d'un

Dix-huit mois après sa mise en examen et son placement en détention provisoire, l'auteur présumé du féminicide de Lempdes, en janvier 2023, nie toujours avoir voulu tuer sa compagne. Les éléments recueillis au cours de l'instruction ne plaident pas en sa faveur et sa demande de remise en liberté a été rejetée.

Barbe noire sur visage juvénile, Donovan R. s’installe calmement dans le box de la cour d’appel de Riom. Dix-huit mois après sa mise en examen et son placement en détention provisoire pour le meurtre de sa compagne, ce jeune homme de 21 ans vient demander sa remise en liberté devant la chambre de l’instruction. Une magistrate entame le récit glaçant des faits dont il est soupçonné. Donovan R. l’écoute en la fixant, toujours aussi impassible.

Tuée d'une décharge de fusil 

Le 24 janvier 2023, vers 21 h 30, le corps sans vie d’Eva Hospital, une étudiante de 20 ans avec laquelle il était en couple depuis trois ans, est retrouvé dans un appartement situé au rez-de-chaussée d’une paisible résidence de Lempdes. La jeune femme vient d’être tuée d’une décharge de fusil en pleine tête.C’est un témoin qui alerte les policiers après avoir aperçu le compagnon de la victime sortir de la résidence avec « une arme longue » dans la main.

Celui-ci est interpellé dans la foulée, à proximité de l’immeuble et en compagnie de deux amis appelés à la rescousse après les faits, avec lesquels il tente de fuir. Le fusil, qu’il avait acheté quelque temps auparavant à des gens du voyage, est retrouvé posé au pied d’un arbre.Face aux enquêteurs, le Puydômois, vendeur dans un magasin de chaussures, évoque un tir accidentel. Le coup, selon lui, serait parti tout seul alors qu’il changeait l’arme de place dans l’appartement. La veille, toujours selon ses dires, le fusil était tombé sur le pied de sa conjointe.

"Situation d'emprise" selon des témoins

Un an et demi après le début de l’instruction, sa version n’a pas varié d’un pouce. Et ce, en dépit des multiples éléments qui la mettent à mal et accréditent plutôt la piste d’un coup de feu volontaire. Selon de nombreux témoins entendus, les disputes et insultes étaient très fréquentes au sein du jeune couple. D’aucuns évoquent une situation d’emprise de l’étudiante à l’égard de son conjoint. D’autres affirment avoir déjà vu ce dernier la frapper. S’il reconnaît "des hauts et des bas" dans sa relation avec Eva Hospital, le mis en examen nie avoir été violent avec elle.

Un tir " à bout touchant"

Une analyse balistique a été réalisée. Celle-ci conclut à un tir effectué "à bout touchant" voire "à bout touchant appuyé", ayant "nécessairement nécessité" une pression sur la queue de détente de l’arme. L’autopsie de la victime indique qu’elle était dos au mur au moment des faits. La position du tireur n’a pu être déterminée avec précision. Mais pour les experts, il est fort possible que celui-ci se trouvait face à la jeune femme.

"Nous sommes dans une scène chaotique sur laquelle on essaie de coller une intention criminelle, totalement contestée", déplore Me Laure Vaillant, avocate de Donovan R. Le conseil clermontois a demandé un complément d’expertise concernant le fusil. Sans réponse réelle pour le moment. Une reconstitution est attendue dans les semaines à venir.En attendant, pour les deux avocats de la partie civile, hors de question de voir la détention provisoire du suspect levée. Le juge des libertés et de la détention, qui a rejeté cette requête en première instance, évoque notamment un trouble à l’ordre public encore perceptible.

"Il s'agit d'un féminicide"

"L’ordre public est toujours atteint car il s’agit d’un féminicide, d’une femme exécutée par son compagnon", tonne Me Maud Vian. "La jeune femme voulait le quitter mais elle n’y arrivait pas car il la harcelait sans cesse", fustige à son tour Me Jean-François Canis, autre avocat de la partie civile."Plus inquiétante encore est cette façon indécente de soutenir, contre toute logique, la thèse de l’accident. On est face à un homme qui n’a aucun remords, qui ne semble éprouver aucune peine, alors qu’il a tué la femme qu’il était censé aimer."Même opposition ferme de la part de Charlotte Trabut, avocate générale, pour qui « on ne peut pas faire confiance à ce garçon. Son positionnement vis-à-vis des faits et de sa relation toxique, celle qui a conduit au drame, n’est pas clair.  » 

À la fin de l’audience, Donovan R. n’a pas souhaité s’exprimer. La chambre de l’instruction a rejeté sa demande.

Olivier Choruszko

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