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Du basket au vélo : Mathilde Gros, la pistarde qui a rêvé très tôt des Jeux olympiques

Elle est de celles et ceux que le souffle du rêve a poussés, un jour, sur le chemin de l’effort. Devant les Jeux de Pékin, en 2008, la petite Mathilde s’est fait une promesse : un jour, elle serait là, derrière l’écran et devant la foule, l’étincelle au cœur et au corps.

En elle, la détermination semble avoir toujours dribblé le découragement, les douleurs, les épreuves. Enfant puis adolescente, Mathilde Gros s’essaie à remporter le match de sa vie : intégrer l’équipe de France de basket, un sport qu’elle pratique depuis ses trois ans, pour atteindre les Jeux.

"Elle était toujours motivée pour se donner à fond"

Elle enchaîne  : sélection départementale des Bouches-du-Rhône, sélection régionale Provence, puis entrée au Pôle espoir d’Aix-en-Provence, en 2012. Son corps parfois cède, le mental tient. "Le basket n’était pas adapté à sa morphologie" reconnaît aujourd’hui son père Maurice. Mais "Mathilde ne lâchait pas", se souvient son entraîneur Olivier Jordy. "Elle rencontrait des écueils, mais était toujours motivée pour se donner à fond. Elle s’est battue, et elle est devenue leader du groupe."

Approche alors le virage de sa carrière, peut-être le plus relevé que la pistarde ait eu à négocier. Testant, avec le chercheur Arnaud Hays, un nouveau protocole pour développer l’explosivité de trois de ses joueuses, Olivier Jordy les place sur des wattbikes, dotés de capteurs de puissance.

Objectif : atteindre 1.000 watts en cinq secondes. 600, 700… "Comme ce sont des hypercompétitrices, elles boostent", raconte Olivier Jordy. "Et là, Mathou fait 980. 1.000. 1.040." Celle qui n’avait jusqu’alors jamais tenu le guidon taquine les 1.200 watts. Lui faudrait-il délaisser le ballon au profit des pédales ?

Dernier rebond : ce sera le vélo

S’ensuivent hésitation, réflexion, discussions familiales, quelques heures passées avec Olivier Jordy sur une piste d’athlé à se familiariser avec le rétropédalage, quelques larmes de frayeur versées à la vue de l’inclinaison de la piste lors d’un stage avec l’équipe de France de sprint. "J’ai été obligé de forcer un peu", décrit son père. "La première fois, elle a tourné en survêt’. Le deuxième jour, ils l’ont équipée en pistarde, elle est montée pratiquement à la balu’. Elle s’est prise au jeu, et elle a fait sa semaine complète."

Dernier rebond pour la basketteuse. C’est décidé : elle entrera à l’Insep. Les JO, elle les ferait avec ce qu’elle a dans les jambes. Et dans la tête. "On savait que quand elle allait tomber, elle allait se relever et avancer", partage Olivier Jordy. "On était convaincus qu’elle était une athlète de haut niveau en devenir."

"Elle aura tout fait" pour maximiser ses chances

Les multiples titres nationaux et internationaux que la championne a gagnés depuis 2015, Mathilde Gros les doit à "sa volonté de fer, que l’on ne mesure pas", estime son père. Son histoire n’a rien du mythe de l’individu "pétri de talent qui arrive à performer naturellement."

Mais ni les échecs ni les blessures n’ont fait dévier sa fille de la trajectoire de son ambition. Son père l’assure : pour ces Jeux, cette "épreuve magistrale", "elle aura tout fait" pour maximiser ses chances, s’astreignant à "une discipline de vie d’une rigueur extrême."

"Elle a l’expérience de Tokyo, mais ce sera différent, cette fois-ci", ajoute son agent, l’ancien athlète Leslie Djhone. "À Tokyo, il n’y avait pas de public et les athlètes n’étaient pas au village olympique. Là, ce sont trois ans de travail qui vont être mis en jeu."

Avec l’avantage, pour Mathilde Gros, de courir sur la piste du vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines, "dont elle connaît le moindre millimètre", rapporte François Lamiraud, manager piste de la FFC. Le carburant de Mathilde, dit-il, "c’est la victoire. Et depuis son titre de championne du monde, elle sait qu’elle peut le faire."

Derrière elle, "à l’unisson", ses parents, le club Salon Cyclosport, toute une région, tout un pays. Mathilde Gros a, déjà, gagné le respect et les cœurs. Bientôt la médaille d’or ? 

En quelques dates

1999 : Naissance dans le Pas-de-Calais.

2012 : Intègre le Pôle espoir basket d’Aix-en-Provence. Entre à l’Insep, en cyclisme, en 2014. Premier titre national en 2015.

2017 : Triple championne d’Europe et du monde junior en vitesse.

2021 : 9e en vitesse individuelle et 13e du keirin à Tokyo. En 2018 et 2019 : championne d’Europe de keirin.

2022 : Décroche le titre de championne du monde de vitesse individuelle.

Alice Forges

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