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Cyclisme sur piste: le chef d'oeuvre de Benjamin Thomas "réveille le volcan"

Le quatorzième titre pour la délégation française s'était fait attendre depuis la vague dorée de Kauli Vaast lundi en surf.

Mais quelle libération !

"J'étais parti pour faire podium. Je ne voulais pas me mettre la pression avec un objectif de médaille d'or. Ce qui a fait la différence c'est le public, on a réveillé le volcan", a lancé Thomas, très ému après son triomphe qui récompense des années d'efforts sur la piste, en parallèle à sa carrière sur route au sein de l'équipe Cofidis.

Le cyclisme sur piste français aussi commençait à s'inquiéter après trois jours sans médaille, loin des résultats exceptionnels sur la route, en VTT et au BMX.

Mais Benjamin Thomas a délivré tout le monde lors d'une course qui a tourné au chef-d'oeuvre dans ce "décathlon" des anneaux, qui requiert des qualités d'endurance, de vista et aussi une grande intelligence de course.

Magistral de maîtrise, le Tarnais de 28 ans a montré tout ça jeudi, en plus d'un sang-froid à toute épreuve.
"Les planètes étaient alignées"
Confortablement en tête dans la dernière discipline, la course aux points, il était bien parti lorsque le coeur des 3.600 spectateurs du vélodrome s'est arrêté de battre d'un coup devant la chute du Français à vingt-cinq tours de la fin.

C'est fichu, pouvait-on alors penser, un nouveau crève-coeur à la française. Mais Thomas savait que le règlement lui laissait cinq tours pour retrouver le peloton.

D'un calme olympien, il a attendu qu'on lui donne un nouveau vélo avant de reprendre sa course. Le cuissard était déchiré, le coude droit écorché et l'avant-bras brûlé.

Peu importe! Lui ne sentait plus rien, galvanisé par le public qui, après trois jours timides, avait enfin basculé dans la même ferveur que sur les autres sites olympiques.

Le coureur de Cofidis est même reparti à l'offensive pour assurer sa place sur la première marche du podium devant le Portugais Iuri Leitao et le Belge Fabio van den Bossche.

"Aujourd'hui les planètes étaient alignées, il ne pouvait rien m'arriver", a-t-il balbutié.

"C'était son jour", a commenté Steven Henry, l'entraîneur de l'endurance française, qui a vu son coureur "détendu comme jamais" avant la course, au point de faire des mots croisés.
Détendu, "sous un parasol"
"Cet après-midi, avant de partir, il était sous un parasol, allongé dans l'herbe, en train de lire un livre", a rapporté Florian Rousseau qui était, avant Thomas, le dernier médaillé d'or français sur la piste chez les hommes, en 2000 à Sydney.

Ce titre, qui vient après cinq sacres de champion du monde sur la piste, dont deux à l'omnium, est une consécration pour ce coureur apprécié qui ne se connaît "pas d'ennemi dans le peloton".

"Les autres m'ont dit qu'ils étaient content que ce soit moi qui gagne", a-t-il dit.

"Ça aurait été injuste qu'il perde l'or à cause de sa chute. Il le mérite, c'était le plus fort, le plus régulier et le plus malin", a commenté le Portugais Iuri Leitao, en argent.

Installé depuis sept ans en Italie, au bord du lac de Garde avec sa compagne, la pistarde italienne Martina Alzini, Benjamin Thomas brille aussi sur la route et a remporté cette année une victoire d'étape dans le Giro.

Son sacre sonne également comme une revanche sur Tokyo-2020 où il était débarqué en favori de l'omnium avant d'échouer à une frustrante quatrième place.

"Je pense qu'il n'est pas plus fort qu'à Tokyo, mais ce matin, le terme était: être chasseur. A Tokyo il était chassé, c'est difficile à maîtriser", a déclaré Henry.

Au Japon, Benjamin Thomas s'était consolé avec la médaille de bronze à l'Américaine avec Donavan Grondin. Samedi, il va courir cette épreuve avec Thomas Boudat avec là encore une belle chance de médaille, voire de titre.

"C'était son jour. J'espère qu'on aura un deuxième samedi", a souligné Steven Henry.

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