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Cyclisme sur piste: Benjamin Thomas, gendre idéal ou faux gentil ?

Quand le Tarnais de 28 ans approche d'un pas décontracté, sourire aux lèvres et blague facile, on a du mal à imaginer le tueur qui sommeille en lui. "C'est son côté italien ça", se marre Cédric Vasseur, son patron dans l'équipe Cofidis. "Il est détendu, élégant, agréable à vivre. Tu pars en vacances avec Benjamin Thomas, tu vas passer des super vacances."

Installé depuis sept ans en Italie, au bord du lac de Garde avec sa compagne, la pistarde italienne Martina Alzini, le Français a justement "l'impression d'être en vacances" quand il est à la maison. "Je suis tombé amoureux de la région. J'aime le rythme de vie et c'est un beau cadre pour rouler. Le seul bémol, c'est l'éloignement avec ma famille qui habite dans le Sud-Ouest."

Benjamin Thomas est un coureur complet. Sur la route, il a brillé cette année avec une victoire d'étape dans le Giro. Sur la piste, avant son sacre olympique à Paris, il cumulait cinq titres de champion du monde à l'omnium (2017 et 2020), la course aux points (2021), et l'Américaine , une épreuve qui demande une grande intelligence (2017 et 2022). A Tokyo, il y a trois ans, associé à Donavan Grondin, il avait pris le bronze dans la course à l'américaine.

Son intelligence de la course, il a l'a démontrée jeudi sur l'anneau de Saint-Quentin-en-Yvelines: dans ce "décathlon" du cyclisme sur piste, il a été magistral de maîtrise pour remporter la course scratch avant de faire preuve d'un calme olympien pour réintégrer le peloton après sa chute sur la course aux points et aller décrocher l'or.

"Pour moi, c'est le coureur le plus intelligent en termes de prise d'infos, de lecture de course", soutient l'entraîneur national d'endurance Steven Henry. "C'est un passionné de cyclisme. Vous pouvez lui poser des questions sur les résultats ou les palmarès, il va tous vous les citer."
"Sensations fines"
Cette intelligence se mesure aussi par son implication dans le développement des vélos, un élément crucial sur la piste.

"Validation du vélo, validation des combinaisons. On a fait tout ça avec lui. C'était notre modèle. Il a des sensations fines. Il est comme il est dans la vie. Quand il a rendez-vous pour un test, il est là dix minutes avant. Il fait le truc, merci, au revoir. C'est d'une simplicité", explique Emmanuel Brunet, responsable de la performance à la Fédération française de cyclisme qui livre une anecdote qui le laisse encore pantois.

"En 2018, on a un forfait à l'avant-veille du Mondial de contre-la-montre à Innsbruck. Cyrille (Guimard, le sélectionneur de l'époque, NDLR) me dit: +Appelle Benjamin+. Je l'appelle. +Tu es prêt à venir ? Oui, je viens. T'inquiètes, j'ai ma combi de piste, je suis à 1h30 de voiture.+ Il fait son chrono, il fait 18e je crois (20e en fait, NDLR). +Merci les gars, super+. Il repart dans sa bagnole en Italie le soir-même. Benjamin, c'est quelqu'un d'extraordinaire."

Face à ce concert de louanges, l'intéressé répond qu'il est "important de ne pas oublier ses valeurs". "Je ne pense pas avoir d'ennemi dans le peloton. Il y a toujours des mecs qui sont dangereux. Des grenades. Moi j'aime bien discuter avec tout le monde. Je ne me prends pas la tête. Ce n'est que du vélo."
"C'était son jour"
La tête, il se l'est quand-même prise un peu aux Jeux de Tokyo en 2021 où, favori de l'omnium, il a terminé quatrième, avant de prendre le bronze à l'Américaine. "Il y avait beaucoup de pression avec le Covid. Tu prends l'avion, tu as quelqu'un qui éternue deux places derrière toi, tu ne dors plus. C'était vraiment difficile à gérer. En plus, l'équipe de France n'avait pas encore fait de médaille sur le cyclisme. Tu sentais l'épée au-dessus de ta tête."

Arrivé à Paris avec des "ambitions de podium", Benjamin Thomas a "réveillé le volcan" de Saint-Quentin-en-Yvelines apportant sa première médaille à la piste française.

"On va le laisser profiter, on va laisser passer la soirée et replonger demain pour se projeter sur la Madison (l'Américaine) samedi. C'était son jour. J'espère qu'on en aura un deuxième samedi", espère Steven Henry.

"Mec sympa" en dehors de la course, Benjamin Thomas a su montrer le "tueur" qu'il sait être sur la piste. "Je ne pense pas être quelqu'un de méchant, dit-il, mais sur le vélo, mon père m'a toujours dit que j'étais un faux gentil. Quand je peux gagner, j'essaie de penser à moi."

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