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Alexandre Mars, un serial entrepreneur reconverti philanthrope

Alexandre Mars, 50 ans à peine, mélomane et féru de sport, semble avoir abattu en quelques dizaines d'années seulement le travail de toute une vie : créer une entreprise alors qu'il est encore au lycée, lancer un fonds d'investissement pour la décarbonation, écrire des livres inspirants, lancer plusieurs podcasts, lutter contre les inégalités sociales, faire le tour du monde, etc. La liste est encore longue et après tout celle-ci est à l'image des multiples engagements du serial entrepreneur souvent cité parmi les personnalités françaises les plus influentes de la planète. Devenu dans un premier temps acteur du digital et du capital-risque au début des années 2000, Alexandre Mars rassemble aujourd'hui toutes ses forces autour de valeurs qui lui sont chères : la solidarité et l'impact. 

Des débuts d'entrepreneur flamboyants 

 " Ma première entreprise date de mes années lycée, quand j'organisais des concerts dans mon établissement. J'avais 17 ans. Le proviseur a peut-être été le seul à voir le potentiel en moi. Je n'étais pas un élève studieux et il m'a permis de me ressaisir en me donnant une seconde chance ", précise l'entrepreneur natif de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). À la suite de ce premier succès précoce, le jeune Alexandre Mars s'offre ses premiers ordinateurs puis lance, à 22 ans seulement, une deuxième entreprise baptisée A2X, " l'une des premières agences Web en Europe, rappelle-t-il. J'ai démarré très jeune, mes jeans baggy et mes cheveux longs inspiraient peu confiance aux chefs d'entreprise que je démarchais. C'est pourquoi j'ai dû redoubler d'efforts et travailler encore plus. " Loin de trembler, le businessman poursuit son ascension folle dans la tech en lançant les unes après les autres des entreprises prometteuses qui gagnent rapidement en traction en France et outre-Atlantique : c'est le cas notamment de l'agence de marketing mobile PhoneValley, rachetée par Publicis en 2006 mais dont il reste alors aux commandes, et de ScrOOn, là aussi une agence marketing mais cette fois dédiée aux réseaux sociaux, laquelle sera rachetée par BlackBerry en 2013. " J'ai commencé à la dure, en passant des centaines d'appels, témoigne le serial entrepreneur. J'ai dû m'affirmer et essuyer de nombreux refus. Ça m'a appris à persévérer. " La persévérance, une valeur clé dans la conception de l'entrepreneuriat prônée par Alexandre Mars. 

Un succès dans le capital-risque qui lui permet de révolutionner le monde de la philanthropie... 

C'est surtout en se lançant à la fin des années 1990 dans le capital-risque - ou venture capital, qui consiste à investir dans de jeunes startups innovantes au fort potentiel de croissance - qu'Alexandre Mars va confirmer sa place dans l'écosystème entrepreneurial. Mais il l'a toujours défendu : l'argent n'a jamais été une finalité. " Ma priorité était de protéger les gens que j'aimais, raconte-t-il. Ma première intention a donc été de gagner de l'argent, puis j'ai opéré un changement profond en faisant de la lutte contre l'injustice sociale ma mission de vie. " Après avoir bien gagné sa vie grâce à ses startups, il envisage un temps une nouvelle mue professionnelle : se reconvertir en travailleur social. Mais une rencontre décisive - avec qui, là-dessus il entretient le mystère - le fera cependant changer d'avis. " Cette discussion m'a fait réaliser que je pouvais maximiser mon impact différemment en révolutionnant la philanthropie et c'est la voie que j'ai empruntée. " Installé avec sa famille aux Etats-Unis depuis quelques années, Alexandre Mars concrétise son désir profond de solidarité en créant, en 2014, la fondation Epic, " start-up à but non-lucratif " selon ses propres termes, dont l'objectif est de lutter contre les inégalités sociales touchant particulièrement les enfants et les jeunes adultes. Son engagement ? Financer entièrement les frais de la structure afin que 100 % des dons reviennent à l'organisation. " Epic fait le pont entre des organisations sociales à fort impact qui travaillent sur des sujets d'accès à l'éducation, à la santé, à l'emploi et à la protection des enfants, des jeunes et de l'environnement, explique-t-il, et des particuliers et des entreprises qui ont envie de s'engager et de donner. " L'arrondi sur le salaire, ou la promesse de don (sur les actions, la plus-value, etc.) font alors partie des mesures suggérées par Alexandre Mars pour concrétiser cette normalisation du don. Depuis sa création, Epic a mobilisé plus de 85 millions de dollars et soutenu pas moins de 54 associations et entreprises sociales. 

... tout en investissant dans des startups à impact afin de créer un cercle vertueux 

Mais Alexandre Mars n'est pas en reste puisqu'il créé blisce/ la même année, société d'investissement responsable devenue en 2020 le tout premier fonds européen de capital-risque à recevoir le label B Corp. " Si l'on veut créer une société plus juste et durable, le secteur financier a un rôle majeur à jouer ", n'hésite-t-il pas à affirmer. Ainsi investit-il dans des sociétés reconnues pour leurs engagements telles que Spotify, Pinterest, Too Good To Go, Headspace ou Brut, en vue d'allier performance et impact positif sur la société et l'environnement. Dans cette continuité, le philanthrope a initié, il y a quelques mois de cela, le fonds blisce/climate, qui s'intéresse cette fois aux technologies de décarbonation (les climatetechs). " Ce fonds s'adresse aux startups en phase de croissance, a fort potentiel d'impact sur le climat a l'échelle mondiale, souligne Alexandre Mars. Il cible les cinq secteurs parmi les plus émetteurs en carbone, afin de favoriser une économie plus durable et de lutter contre le changement climatique. " Ce nouveau fonds vise une taille finale de 150 millions d'euros d'ici sa clôture prévue cet été. Toujours mû par ses convictions, Alexandre Mars lance également Infinite en 2023. " Mon engagement et ma volonté d'aider les moins fortunés est une vision que j'ai toujours portée en moi, depuis mon adolescence ", confie-t-il. Intimement convaincu que les inégalités sociales culminent une première fois à la naissance et une seconde fois à 18 ans, au moment d'entrer dans les études supérieures, le " philanthrepreneur " a souhaité créer une EdTech dont le rôle est d'aider des étudiants de milieux populaires à accéder aux meilleures écoles et universités et de les préparer à entrer dans le monde du travail via un prêt étudiant à taux zéro et sans garant, pouvant aller jusqu'à 45 000 euros sur deux à quatre ans d'études. Un modèle vertueux où le remboursement des uns doit permettre in fine de financer les prêts des autres, tout en s'appuyant sur les dons récoltés par le fonds. 

 

Podcasts, essais... un entrepreneur qui en inspire beaucoup d'autres  

Sa philosophie ne se manifeste pas seulement dans la création de fonds, puisqu'Alexandre Mars partage aussi ses convictions à travers ses écrits ou encore ses podcasts. Il suffit, pour s'en rendre compte, de parcourir ses publications, à l'instar de La Révolution du partage (Flammarion), paru en 2018, où ce dernier propose des solutions concrètes à celles et ceux qui souhaitent tendre vers plus de solidarité. Une valeur qu'il ne cache pas avoir hérité de sa mère : " Elle m'a toujours enseigné l'importance de veiller sur les autres (...) Elle est pour moi l'exemple même de l'altruisme ", livre-t-il. Après Ose ! Tout le monde peut devenir entrepreneur (Flammarion, 2020), Alexandre Mars est revenu cette année avec Pause, pour une vie alignée (Fayard), inspiré par son podcast éponyme : le créateur d'Epic et blisce/ y développe une réflexion stimulante autour de la notion d'alignement appliquée à l'entrepreneuriat. " Je pense que pour être aligné, il faut être la vraie version de soi-même, témoigne-t-il. On est aligné quand on commence à faire ce que l'on dit, et ça s'applique aussi bien au milieu professionnel qu'à notre vie personnelle. " Cela constitue par exemple à " aller au-delà de la version romancée de soi-même, celle qu'on poste sur Instagram, pour tendre vers plus d'authenticité et de sincérité. Je pense réellement que c'est une des clés de l'épanouissement ", affirme Alexandre Mars. D'où la nécessité de parfois faire une pause, de prendre du recul et se recentrer sur les valeurs qui nous animent. 

Finalement, Alexandre Mars participe à déconstruire le mythe de l'entrepreneur enchainant les succès sans aucun obstacle et construit au contraire une conception de la réussite qui n'est plus strictement associée à la performance économique ou sociale, mais à ce concept d'alignement. " Je pense qu'il est important pour chacun de trouver sa propre définition du succès : est-ce que c'est être la prochaine licorne et lever des millions d'euros ? L'entrepreneuriat ne se résume pas à cette vision de la startup nation ", reconnait-il. Ce sont aussi les artisans qui cherchent à conquérir leur marché local, à être indépendants, à rester dans leur région, tout en contribuant à leur communauté. Tant que votre projet entrepreneurial vous permet d'avancer votre mission première, je pense qu'on peut le qualifier de réussite ". Dans cette philosophie de vie, il y a finalement énormément de choses à apprendre de ses échecs et c'est sans doute la leçon à retenir pour tout porteur de projet : " Je dis toujours que les échecs sont les prémices d'un succès. Connaitre l'échec permet à l'instinct de survie de se développer et vous permet de faire quelque chose d'essentiel dans la vie d'un entrepreneur : apprendre à pivoter. " Pivoter au bon moment, partager les risques avec les autres, de bons conseils qu'Alexandre Mars prodigue aujourd'hui aux entrepreneurs de demain. 

 

Cet article a été publié initialement sur Big Média Alexandre Mars, un serial entrepreneur reconverti philanthrope

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