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Le monde entier a rendez-vous à la Maison du Patrimoine de Naves avec le Trésor de Tintignac

Ils sont les vedettes de la Maison du Patrimoine de Naves, quatre objets du Trésor de Tintignac, le carnyx à tête de hure de sanglier, le casque oiseau, le petit cheval et le carnyx à tête de serpent.

Sortis de la fosse gauloise du site archéologique de Tintignac voisin en 2004, ils ont fait l’objet de toutes les attentions, trouvé asile au musée du Président Chirac, à Sarran, jusqu’à ce que, devenu musée des Présidents, l’établissement décide de les rendre, en 2021, à la commune.

Quatre vitrines ont été spécialement construites, à l’étage une réserve sécurisée a été installée. Et depuis 2022, ils attirent des visiteurs et des spécialistes du monde entier ; 820 environ l’été dernier, mais leur renommée est bien plus importante.

Des visiteurs très avertis

« Le premier visiteur, se souvient Jacques Ceron, cheville ouvrière de la Maison du Patrimoine, c’était le responsable de l’archéologie en Belgique. Il est resté tout l’après-midi assis devant le petit cheval, émerveillé. En général, les gens savent exactement ce qu’ils viennent voir ici. Des formations à l’art gaulois sont même organisées ici pour les professeurs de l’École de Louvre. »Le carnyx à tête de serpent.

« L’Office de tourisme de Tulle organise des animations sur le site de Tintignac et cette année, il répertorie la Maison du Patrimoine », apprécie Jean-Bernard Estrade, conseiller municipal en charge de la Culture, du Patrimoine et du Tourisme.

À Tintignac, en 2004, 500 objets et fragments ont été exhumés par lors de fouilles de l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives), bien rangés dans un dépôt gaulois, mais tous brisés, martelés et neutralisés. Parmi eux, sept carnyx (ou trompes de guerre), dont le seul exemplaire intégral au monde « a révolutionné les connaissances qu’on en avait », rappelle Jean-Bernard Estrade, mais aussi une dizaine de casques, des épées, leurs fourreaux, des monnaies et un chaudron.

Un Trésor de Tintignac qui devrait passer moins inaperçu dès l’été prochain, avec l’extension de l’espace archéologique porté par la commune, la DRAC et le Département.Le carnyx à tête de sanglier a révolutionné la connaissance de ces cornes de guerre gallo-romaines.

En septembre, dès après les Journées du Patrimoine, les quatre objets actuellement exposés seront remis en caisse, direction le laboratoire de restauration de Toulouse qui s’en était occupé lors de leur découverte. Alors seront lancés les travaux d’extension.

Un espace muséal doublé

L’espace archéologique doublera de surface, la sécurisation et les conditions de conservation seront optimisées pour une réouverture prévue en avril 2025.

Davantage d’objets devraient ainsi être exposés, selon la décision de la DRAC, notamment le casque aux trois anneaux, un casque en fer et bronze - le plus vieil objet de la fosse de Tintignac, daté au moins du IVe siècle avant notre ère -, des pièces d’or et une tête gauloise en calcaire.

Un grand écran présentera aussi la cité gauloise telle que les fouilles les plus récentes l’ont dévoilée. « Le nouvel espace sera évolutif et on fera des expositions variables au fil du temps », avance Jacques Ceron.

Comment un drone muni d'une technologie laser vient en aide à l'archéologie sur le site gallo-romain de Tintignac

La Maison du Patrimoine, place de l’Église à Naves, est ouverte jusqu’au 31 août les lundi, mercredi, vendredi et samedi, de 14 heures à 18 heures ; sur rendez-vous au 05.55.26.02.29 ou 06.87.34.72.68.

On dit souvent que la nature fait bien les choses. En minéralogie, elle les fait même merveilleusement bien.

La preuve en visitant l’espace minéralogique de la Maison du Patrimoine de Naves, dont Jacques Ceron, le président du Groupe des Amateurs de Géologie de Naves (GAGN) est l’une des chevilles ouvrières.Un quartz aurifère des mines de La Gardette, pièce maîtresse de la collection du Dr Puyaubert.

Là, dans des étagères et des armoires vitrées, aux cartels précisément renseignés, se dévoilent pas moins de 3.500 échantillons de minerais et minéraux du monde entier, issus pour une large part de l’incroyable collection du Dr Puyaubert (1876-1957), placé sous l’égide du Muséum d’histoire naturelle de Paris.

Le Dr Puyaubert ne faisait pas de la minéralogie, c’était un naturaliste.

Médecin à Tulle, habitant aux confins des communes de Saint-Mexant, Naves et Saint-Clément, le Dr Puyaubert était un autodidacte, mais non moins éminent minéralogiste, ami du patron du Muséum d’histoire naturelle de Paris Alfred Lacroix.

Dès l’âge de 14 ans, il se passionne pour les pierres et la nature tout entière. « Il ne faisait pas de la minéralogie, c’était un naturaliste, avance Jacques Ceron. Il avait chez lui notamment un herbier phénoménal, qui a d’ailleurs été dupliqué par l’Université de Limoges. » Il était marié à la fille du naturaliste Edmond Perrier, laquelle participa à l’enregistrement de sa collection.

Une collection qui permet aujourd’hui aux visiteurs de la Maison du Patrimoine de Naves de voyager à travers le temps et l’espace. « On trouve presque tous les minerais et minéraux existant dans le monde. Sauf du lithium », note Jacques Ceron. « Il a cherché à faire une collection systématique. »

Des pièces rares

Ce fonds, nourri d’échanges et de cadeaux et présenté pour une partie à la manière exacte du Dr Puyaubert, conserve quelques raretés. Tel ce quartz aurifère des mines de La Gardette (Isère), « remarquable par sa taille et les petites particules d’or écrasées entre les cristaux ».Insolite et rare, un fossile complet de grenouille.

Ou ce fossile de grenouille « très exceptionnel, parce qu’il est complet et qu’il conserve, en plus des os, les tissus de l’animal. Sur le registre, il n’indique pas le lieu d’où il provient, mais le seul où l’on peut en trouver, c’est à Teruel en Espagne. C’est une pièce que le Muséum aurait bien prise ».

Dans une grande vitrine, « ses trouvailles dans la mine de plomb de Meyrignac-de-Bar » et « le 1er échantillon d’antunite de La Croisille (63), qu’il a reçu en remerciement du Commissariat à l’énergie atomique pour avoir découvert l’uranium de Corrèze ». 

Blandine Hutin-Mercier

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