Au Zimbabwe, la dédollarisation en marche
Au Zimbabwe, la dédollarisation entamée en avril dernier avance. Le 7 août dernier, le gouvernement a approuvé une feuille de route visant à abandonner le dollar américain, encore utilisé dans le pays pour les transactions, en faveur de sa nouvelle monnaie, le ZIG qui signifie « or du Zimbabwe » et qui est adossée à l’or.
Le ministre de l’Information du pays, Jenfana Muswere, cité par des rapports de presse, avait promis de dévoiler prochainement une stratégie de dédollarisation, visant à permettre au Zimbabwe de se défaire de sa forte dépendance à l’égard du dollar, qui a été la pièce maîtresse de l’activité économique au cours des 15 dernières années.
Le défi est de taille : en juillet dernier, une enquête de Geo rapportait que des entreprises locales faisaient venir des avions entiers remplis de dollars. Pour repartir vides. La population reste méfiante à l'égard de la nouvelle devise.
Cité par nos confrère d’Afrinz, John Mushayawanu, directeur de la Banque centrale du Zimbabwe, a admis que l'impression monétaire avait dévalué le dollar zimbabwéen. Il a perdu plus des trois quarts de sa valeur rien qu’en 2024. Le nom de la nouvelle monnaie (ZiG) signifie « or du Zimbabwe ». Cela coûtera 13,56 par dollar américain. « Nous voulons une monnaie nationale forte et stable », a ajouté Musayawanu.
La Banque de réserve du Zimbabwe possède un peu plus d'une tonne d'or dans ses propres coffres et 1,5 tonne à l'étranger, ainsi que de petites quantités d'autres réserves de change. À titre de comparaison, la Russie possédait environ 2 332 tonnes d’or en 2023.
Cinquième monnaie en 10 ans
Au cours des dix dernières années, alors que le Zimbabwe a été en proie à une crise monétaire, le ZIG est devenu la cinquième monnaie que les autorités du pays ont tenté d’introduire.
« Nous avons eu cinq monnaies au cours des dix dernières années. (…) Cela reflète une confusion au sein du gouvernement lui-même », a déclaré Masimba Manyanya, ancien économiste en chef au Trésor, cité par Afrinz.
Cet énième changement de monnaie intervient alors que les États-Unis et d’autres pays occidentaux ne sont pas satisfaits de la politique intérieure de ce pays sud-africains, Washington ayant suspendu cette année les négociations sur la dette avec le Zimbabwe.
Selon Afrinz, les États-Unis n'ont pas apprécié la façon dont le pays a géré les élections de 2023, qui « auraient été truquées », selon Washington, pour garantir la réélection de Mnangagwa pour un second mandat.
Le Département d'État américain avait déclaré auparavant que les autorités zimbabwéennes avaient arrêté des responsables de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), puis les avaient expulsés.