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Associations, élus et citoyens restent mobilisés pour soutenir cinq familles menacées d'expulsion en Creuse

« Voir autant de monde ici, en plein été, c’est significatif. Cela montre que beaucoup de gens sont sensibles à ce sujet », commente une participante au rassemblement organisé mardi 20 août, à 18 heures, place Louis-Lacrocq, à Guéret, en soutien à cinq familles en situation irrégulière. Originaires de Côte d’Ivoire, de Géorgie, d’Angola et des Comores, toutes sont menacées d’expulsion de leurs hébergements d’urgence.

Une fin de prise en charge prévue le 31 août 

Une mobilisation qui a lieu tous les mardis soir, depuis le 6 août 2024, devant la préfecture de la Creuse, à l’appel de treize associations. Et dont cette dernière édition a réuni environ 150 personnes. Pierrette Bidon, du Réseau éducation sans frontières de la Creuse (RESF 23), alerte :

Les familles que nous soutenons ne seront plus prises en charge par le 115 à partir du 31 août. Elles sont menacées d’être à la rue, alerte. Elles vivent en France depuis cinq à sept ans. Parmi elles, figurent des femmes isolées et sept enfants scolarisés ici.

Les associations demandent à la préfète, Anne Frackowiak-Jacobs, que ces personnes puissent continuer à être logées « le temps qu’une autre solution soit trouvée », dit Gabrielle Gozard, de la Cimade. Mais aussi que « les personnes qui ont le droit d’être régularisées puissent l’être. Ce qui leur permettrait de travailler et d’être autonome financièrement. »

Maia Usoevi, 44 ans, et sa fille Alina, 9 ans, n’en demandent pas davantage. De nationalité géorgienne, elles risquent de perdre l’appartement qu’elles occupent à Guéret. « Je vis en France depuis 2018. J’aimerais obtenir une carte de séjour pour pouvoir avoir un emploi et élever ma fille ici. Elle ne parle par le géorgien, le français est sa langue maternelle », témoigne Maia Usoevi.

« La France est mon pays. Je vais à l’école ici. J’y ai mes copains et mes copines », ajoute Alina.

Des élus locaux associés à la mobilisation

Une situation qui ne laisse pas indifférents certains élus présents au rassemblement de mardi dernier. À l’image de la maire de Guéret, Marie-Françoise Fournier, qui dit trouver « cruel » le sort réservé à ces familles, évoquant des « mamans bien intégrées et impliquées dans des associations locales » et des enfants n’ayant « aucune attache dans leurs pays d’origine. L’un d’eux est malade et est pris en charge dans un Institut médico-éducatif (IME). Il n’existe pas de structures équivalentes dans son pays d’origine. » Elle complète :

La Ville de Guéret apportera une aide, dans la mesure de ses possibilités, en prêtant un logement, ou en faisant le point sur le sujet avec la préfète.

La crainte d’un « appel d’air » ?

La préfète de la Creuse aurait d’ailleurs récemment adressé aux élus locaux un courrier relatif aux familles menacées d’expulsion. « Nous parlons aujourd’hui de cinq familles, mais dans, ce courrier, il est dit que trente autres vont se trouver prochainement dans la même situation et vont avoir besoin de logements pour effectuer leurs démarches », assure Marie-Françoise Fournier.

Pour la première magistrate guérétoise, la préfecture pourrait avoir peur d’un « appel d’air ». Elle ajoute : « Je comprends que concernant certaines régularisations, les choses soient compliquées. Mais dans le cas de ces cinq familles, nous sommes vraiment sur une décision qui relève de l’humain. » 

De leurs côtés, les différents collectifs mobilisés ont annoncé vouloir lancer un appel aux dons pour subvenir aux besoins des personnes qu'elles soutiennent, si elles ne sont plus prises en charge par l'hébergement d'urgence au 31 août. 

Un rassemblement organisé à Guéret en soutien à cinq familles déboutées de leur demande d’asile

Dans un courrier transmis au journal, la préfecture indique que le dispositif d’hébergement d’urgence doit faire face à une « saturation ». Elle dit avoir pris, en conséquence, « la décision […] de libérer des places afin de pouvoir continuer à accueillir des personnes dont la situation justifie une prise en charge immédiate ». Places qui, précise le texte, « sont destinées à accueillir temporairement des personnes en situation de vulnérabilité, leur offrant un abri et un accompagnement vers une solution de logement durable. ». La préfecture souligne qu’un « petit contingent de ce dispositif est réservé à des personnes, demandeurs d’asile déboutés ».

Elle précise toutefois que « la prise en charge de l’hébergement » des cinq familles en situation irrégulière, soutenues par le rassemblement de mardi soir dernier, ne répond plus « aux critères du dispositif d’urgence », car ces personnes seraient concernées par une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF).

« Chaque cas a été étudié avec soin, en tenant compte de la situation familiale et scolaire des enfants, et en veillant à minimiser l’impact d’une sortie du dispositif, sur leur scolarité […], poursuit la préfecture. C’est la raison pour laquelle la notification de cette décision a été communiquée aux familles dès le début du mois de juillet afin qu’elles puissent organiser leur départ de l’hébergement, le 31 août. »

Envisageant le « retour » des personnes concernées dans leurs « pays d’origine », les services de l’État assurent avoir pris en compte la stabilité politique des pays en question. Elle dit aussi avoir proposé aux familles « une aide au retour volontaire, doublée pour l’occasion (2.400 € par adulte, contre 1.200 € habituellement). » Aide qui inclurait un « accompagnement financier complémentaire et administratif sur place pour réinsertion économique et sociale » des personnes.

L’autorité préfectorale affirme que son « objectif est de favoriser une compréhension réciproque et un dialogue constructif avec les élus et les associations qui soutiennent les familles en question et sont en opposition aux décisions administratives prises. »

François Delotte 

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