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A la convention démocrate, les influenceurs rois

L'arène des Chicago Bulls, transformée en quartier général des démocrates pour célébrer jeudi l'investiture de Kamala Harris en tant que candidate du parti à la présidentielle de novembre aux Etats-Unis, grouille de stars des réseaux sociaux.

"La salle dans laquelle nous nous trouvons est l'une de celles qui ont le plus de pouvoir", affirme à l'AFP Benjamin Zamora, journaliste qui a quitté les médias traditionnels pour les réseaux sociaux où il cumule 6,3 millions d'abonnés, à propos de l'un des lieux dédiés aux influenceurs - avec soda, vin, hot-dogs et hamburgers à volonté.

"Beaucoup de ces créateurs de contenus ont une audience plus large que CNN, le New York Times" ou de nombreuses chaînes de télévision, ajoute-t-il.

La différence de traitement avec les journalistes - qui occupent des salles de presse plus traditionnelles, sans buffet, à l'extérieur de l'arène et avec accès limités à certains endroits - lui paraît logique: "la convention considère les créateurs de contenus comme des alliés et la presse n'en fait pas partie".

Plus de 200 influenceurs ont obtenu une accréditation, une première qui contraste avec le fait que la candidate démocrate n'a pas encore donné d'interview ou de conférence de presse depuis que le président Joe Biden s'est retiré de la course à la Maison Blanche.

"Rameuter des créateurs de contenu nous permettra d'amplifier l'effet" de la convention, avait reconnu avant l'événement Cayana Mackey-Nance, directrice de la stratégie numérique de la campagne.

Sur un immense écran dans les travées de la convention, les organisateurs diffusent des messages postés sur les réseaux sociaux mais les influenceurs ont aussi obtenu une place de choix au micro, sur la scène principale.
50.000 abonnés à 12 ans
Au moins cinq d'entre eux ont défilé à la tribune sur les quatre jours, dont l'Uruguayen Carlos Eduardo Espina.

"C'est vraiment incroyable qu'ils nous aient donné cette opportunité", a-t-il déclaré à l'AFP.

"On a pu voir Bill Clinton, Joe Biden et c'est genre... Waouh. On se dit qu'on ne mérite pas d'être dans la même pièce qu'eux... mais en fait si!", ajoute cet influenceur de 25 ans aux 11 millions d'abonnés.

Dans l'arène, ils circulent plus librement que la plupart des journalistes, téléphone et micro à la main, et disposent d'un espace réservé, sur fond bleu, pour faire leurs interviews.

Leur travail diffère de celui de la presse traditionnelle, explique Knowa, plus de 50.000 abonnés sur X, son réseau social de prédilection, à seulement 12 ans.

Dans une vidéo devenue virale, on peut le voir échanger à la convention avec Mike Lindell, un entrepreneur adepte des théories du complot. Face au républicain qui déblatère contre les résultats de l'élection de 2020 en Géorgie, Etat remporté de peu par Joe Biden, ce que contestent Donald Trump et ses partisans, le jeune homme lui demande plusieurs fois de citer ses sources.

"Donc ta seule source c'est de me dire +crois moi frère?+", demande-t-il avec un aplomb désarmant.
"La totale"
A la convention, il est accompagné de son équipe de communication, "seulement trois personnes", et a pu s'asseoir aux côtés du sénateur Bernie Sanders ou de l'ancienne élue à la Chambre des Représentants Stacey Abrams.

Un événement presque banal pour celui qui a déjà rencontré cinq fois la vice-présidente Kamala Harris et a déjà été invité à la Maison Blanche avant même d'avoir le droit de vote.

Son dévouement pour la candidate est total et c'est d'ailleurs le seul loisir que s'autorise cet élève qui suit des cours à distance: "la première chose que je fais quand je me réveille c'est de chercher Kamala Harris sur Google".

D'autres créateurs, moins centrés sur la politique, ont adapté leurs contenus à la convention.

Blair Imani Ali, qui abreuve ses 642.000 abonnés sur Instagram de courtes vidéos didactiques sur des thèmes variés, a ainsi interrogé la gouverneure du Michigan Gretchen Whitmer.

Les organisateurs "ont été si accueillants", se réjouit l'influenceuse. "Je sais que certains sont même hébergés dans des hôtels, car beaucoup sont des créateurs indépendants (...) Ils ont vraiment prévu la totale."

Dans sa dernière vidéo, elle se moque d'ailleurs des journalistes qui se sont plaints d'avoir de moins bons accès que les influenceurs à l'arène.

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