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Pourquoi une poule blanche était-elle invitée à la noce, autrefois, en Creuse ?

Autrefois, la demande en mariage et les fiançailles se concluaient à table (voir notre édition du 18 août), mais durant celles-ci, il était interdit au fiancé de coucher dans la même maison que sa future. Il arrivait cependant que les jeunes gens « fêtent Pâques avant les Rameaux », souvent pour forcer le consentement des parents. En général, on ne se mariait ni en mai (mois de Marie) ni en novembre (mois des morts), ni le lundi, le jeudi et le vendredi.

Une poule blanche invitée à la noce

Le matin du mariage, les jeunes gens se rassemblaient au domicile du fiancé, qu’ils quittaient, précédés de musiciens jouant de la vielle, de la chabrette ou du violon, en poussant de joyeux « you-fou-fou », pour se rendre à celui de la fiancée, la « nauye », que les jeunes filles habillaient. 

Sa mère glissait dans sa robe du sel, pour la protéger du mauvais sort et assurer la fécondité de l’union. Quand enfin elle apparaissait devant son futur, ce dernier demandait à son père la permission de l’embrasser. Puis il embrassait toutes les femmes de la noce, la fiancée faisant de même avec les hommes. Ensuite, le garçon et la fille d’honneur formaient les couples de cavaliers et cavalières, selon un protocole contentant tout le monde sans mécontenter personne.

En quittant la maison, les jeunes gens s’emparaient d’une poule blanche (symbole de pureté et d’innocence), réputée bonne pondeuse (symbole de fécondité). Elle suivrait la noce à la mairie et à l’église avant d’être mangée le lendemain. Après que la mère ait embrassé sa fille en pleurant et que celle-ci ait versé quelques larmes, pour montrer son amour filial, les musiciens abrégeaient cet instant mélancolique en attaquant des airs joyeux. Ils ouvraient le cortège, suivis de la mariée au bras de son père, de tous les autres couples et, en dernier du marié au bras de sa mère. Le mariage était la seule circonstance où un paysan donnait le bras à une femme.

Usages et présages

À Saint-Maixant, Faux-la-Montagne, Châtelus-Malvaleix, Bonnat, Nouziers, Dun-le-Palestel, La Souterraine, Le Grand-Bourg, Saint-Vaury, etc., la noce empruntait le « chemin des morts » parce que cela portait bonheur. À La Courtine, Sardent, Mourioux, Glénic, Bourganeuf, Saint-Marc, on l’évitait, car néfaste. À l’église, il ne fallait pas que la bénédiction nuptiale ait lieu après un enterrement. S’il faisait beau temps le jour du mariage, c’était un signe de bonheur, mais s’il pleuvait, on disait que la mariée aurait autant d’argent que de gouttes reçues. Dans la région de Saint-Sulpice-les-Champs, lorsqu’une jeune fille se mariait dans une commune autre que la sienne, on plaçait à la limite des deux communes une table avec une bouteille de vin et deux verres, dans lesquels les mariés devaient boire, le marié payant un « droit de passage » de 50 francs. À l’église, l’assistance guettait certains signes : à Magnat-l’Étrange, le premier époux qui mettrait le pied sur le tapis serait le maître du ménage ; dans le nord du département, si le marié mettait un genou sur la robe de sa femme, il ne se laisserait pas mener par elle, mais si la robe de la mariée recouvrait les pieds de son époux, ce serait elle qui porterait la culotte ; celui des deux époux qui se lèverait le premier au moment de l’Évangile était assuré de sa toute-puissance dans le gouvernement des affaires domestiques.

Entre l’omelette et la queue du chat

Enfin, dans la Creuse, il était fréquent qu’à l’église les assistants se partagent une galette, bénie par le prêtre, une bouteille de vin étant dégustée à la sacristie par les mariés et le curé. Au sortir de l’église, la bouteille et les verres étaient cassés contre les murs de l’édifice, car briser de la vaisselle un jour de mariage portait bonheur !Source. « Les âges de la vie - Naissance, mariage et décès : rites et coutumes », collection Les Carnets de la Creuse, Société des Sciences Naturelles, Archéologiques et historiques de la Creuse. 

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