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Pour la défense du capitalisme #1 : « Le capitalisme est responsable de la faim et de la pauvreté »

Rainer Zitelmann, historien, sociologue et contributeur régulier pour Contrepoints propose une série de 8 articles autour de son livre In Defense of Capitalism qui vise à désarmer certains préjugés des pourfendeurs du capitalisme.

 

Avant l’apparition du capitalisme, la plupart des habitants de la planète étaient pris au piège de la pauvreté extrême. En 1820, par exemple, environ 90 % de la population mondiale vivait dans la pauvreté absolue. Aujourd’hui, ce chiffre est inférieur à 10 %. Et le plus remarquable, c’est qu’au cours des dernières décennies, le recul de la pauvreté s’est accéléré à un rythme inégalé dans l’histoire de l’humanité. En 1981, le taux de pauvreté absolue était de 42,7 % ; en 2000, il était tombé à 27,8 % et en 2021, il était inférieur à 10 %.

Cette tendance, qui persiste depuis des décennies, est ce qui compte vraiment. Il est vrai que la pauvreté a de nouveau augmenté au cours des deux dernières années. Mais cela est dû en grande partie à la pandémie mondiale de Covid-19, qui a exacerbé la situation dans des pays où la pauvreté était déjà relativement élevée.

Pour comprendre la question de la pauvreté, nous devons nous pencher sur l’histoire. Nombreux sont ceux qui pensent que le capitalisme est la cause première de la pauvreté et de la famine dans le monde. Ils ont une image totalement irréaliste de l’ère précapitaliste, façonnée par des ouvrages classiques, dont celui de Friedrich Engels, La Situation des classes laborieuses en Angleterre. Engels y dénonce les conditions de travail du capitalisme naissant dans les termes les plus drastiques et brosse un tableau idyllique des travailleurs à domicile avant que le travail à la machine et le capitalisme ne viennent détruire leur beau mode de vie :

« Les ouvriers végétaient donc tout au long d’une existence passablement confortable, menant une vie juste et paisible en toute piété et probité ; et leur situation matérielle était bien meilleure que celle de leurs successeurs. Ils n’avaient pas besoin de se surmener ; ils ne faisaient rien de plus que ce qu’ils voulaient faire, et gagnaient pourtant ce dont ils avaient besoin. Ils avaient le loisir de travailler sainement dans le jardin ou dans les champs, travail qui, en soi, était pour eux une récréation, et ils pouvaient en outre prendre part aux récréations et aux jeux de leurs voisins, et tous ces jeux – quilles, cricket, football, etc. Ils étaient, pour la plupart, des gens forts et bien bâtis, dont le physique ne différait guère de celui de leurs voisins paysans. Leurs enfants grandissaient à l’air frais de la campagne et, s’ils pouvaient aider leurs parents au travail, ce n’était qu’occasionnellement, alors que pour eux, il n’était pas question de travailler huit ou douze heures ».

L’image que de nombreuses personnes se font de la vie avant le capitalisme a été transfigurée au point d’en être méconnaissable par ces descriptions romancées et d’autres du même genre. Ils s’imaginent que la vie avant le capitalisme ressemblait à un voyage à la campagne des temps modernes. Jetons donc un regard plus objectif sur l’ère précapitaliste, dans les années et les siècles qui ont précédé 1820.

Dans son livre The Great Awakening, le prix Nobel Angus Deaton écrit :

« Les petits travailleurs du XVIIIe siècle étaient effectivement enfermés dans un piège nutritionnel ; ils ne pouvaient pas gagner beaucoup parce qu’ils étaient physiquement faibles, et ils ne pouvaient pas manger suffisamment parce que, sans travail, ils n’avaient pas d’argent pour acheter de la nourriture ».

Certains s’extasient sur les conditions harmonieuses d’avant le capitalisme où la vie était tellement plus lente, mais cette lenteur était surtout le résultat d’une faiblesse physique due à une malnutrition permanente. On estime qu’il y a 200 ans, environ 20 % des habitants de l’Angleterre et de la France n’étaient pas en mesure de travailler, simplement parce qu’ils étaient physiquement trop faibles en raison de la malnutrition.

Les plus grandes famines provoquées par l’Homme au cours des 100 dernières années se sont produites sous le socialisme. Dans le sillage de la révolution bolchévique, la famine russe de 1921/22 a coûté la vie à cinq millions de personnes, selon les chiffres officiels de la Grande encyclopédie soviétique de 1927. Les estimations les plus élevées font état de 10 à 14 millions de morts par famine. Dix années plus tard, la collectivisation socialiste de l’agriculture et la « liquidation des koulaks » de Joseph Staline ont déclenché la grande famine suivante, qui a tué entre six et huit millions de personnes. Le Grand Bond en avant de Mao (1958-1962), la plus grande expérience socialiste de l’histoire de l’humanité, a coûté la vie à 45 millions de personnes en Chine. Lorsque l’on parle de famine, la plupart des gens pensent d’abord à l’Afrique. Pourtant, au XXe siècle, 80 % des victimes de famines sont mortes en Chine et en Union soviétique.

C’est une erreur typique de penser que lorsque les gens pensent à la faim et à la pauvreté, ils pensent au capitalisme plutôt qu’au socialisme, le système qui était en fait responsable des plus grandes famines du XXe siècle.

 

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