La vie de château en toute discrétion dans ces demeures historiques méconnues de l'Allier

Avec 570 châteaux implantés sur son territoire, l’Allier regorge de demeures d’exception. Loin des mastodontes comme le château de Lapalisse ou celui de Busset, la plupart de ces édifices restent méconnus.

Pour accéder au château de Bussière-les-Nonains, situé entre Saint-Désiré et Chazemais, il faut emprunter des chemins de traverse, rejoindre les bords de la rivière la Queugne. Avant de tomber nez à nez avec une charmante demeure bordée par des jardins à la française.

Une ancienne abbaye

Les yeux qui pétillent et le verbe haut, Françoise de Cussac et son époux Pierre-François Doucet, propriétaires du lieu, sont animés par l’envie de "partager leur savoir" avec la centaine de visiteurs qui, depuis 2022, s’aventure chaque année dans cette ancienne abbaye. 

Le calme du lieu invite à la contemplation. Impossible d’ignorer les tapisseries d’Aubusson. Impossible de passer à côté de la chapelle, ravissante tour qui a longtemps dissimulé des merveilles oubliées. Comme "ce Christ retrouvé derrière une trappe et enfoui sous la paille" ou l’énigmatique sculpture de l’abbesse Scolastique de Nursie, soeur de Saint-Benoît, créateur de l’ordre des Bénédictins.

L’ancienne abbaye est habitée par la famille Doucet 

Un voyage dans le temps jusqu’en 1181, date de l’arrivée des religieuses cisterciennes à Bussière où l’enceinte du château les protégeait "d’un royaume dangereux, traversé par la guerre de Cent ans".

Dans cette abbaye "idéale pour prier", les femmes sont à l’écart du tumulte : "Il faut imaginer qu’à l’époque il n’y avait qu’un chemin de terre" pour accéder à l’endroit, explique les propriétaires, férus de patrimoine.Ce n’est que bien plus tard, en 1821, que la famille Serre acquiert le domaine et s’attache à rénover le lieu alors très abîmé. Jusqu’à ce qu’il retrouve sa grandeur d’antan.

Six générations plus tard, les descendants résident encore dans les murs de ce château inscrit à l’inventaire des monuments historiques depuis 2020.

Le château de Puy Guillon : "Un sacerdoce sur deux générations" 

L'entrée arrière du château de Puy Guillon dissimule un élégant jardin.

À soixante kilomètres de là, non loin de Montmarault, à Vernusse, le château de Puy Guillon est une autre merveille cachée. Le travail d’une vie pour la famille Blanzat, fortement attachée à ce domaine qui est aussi leur maison : "Un sacerdoce sur deux générations", s’émeut Dominique Blanzat, l’ancienne propriétaire de l’édifice. Son flambeau, elle l’a transmis à son fils et sa belle-fille Sabrina. Ils partagent le même désir de faire rayonner Puy Guillon.

Un lieu de villégiature paisible et respectant son patrimoine.

L’imposant bâtiment abrite un gîte depuis juin 2023. Un projet bientôt complété par  "la création d’une chambre d’hôte dans l’ancien donjon", explique la maîtresse des lieux. Trois chambres avec vue panoramique "que nous espérons ouvrir dans deux ans".

Un château dans un état remarquable grâce aux nombreux travaux entrepris depuis les années 70, lorsque les époux décident d’en faire leur résidence principale. Et de goûter à la vie de château, là où, sous nos yeux, s’esquisse un corps à quatre tours, dominé par "un donjon qui remonte au XIIIe siècle". Dernier vestige de l’époque féodale.

Le château fort s’est enorgueilli de plusieurs extensions dès le XVIe, "date à laquelle le château fut pris par la famille de Beaucaire." Dynastie de l’illustre Marie de Beaucaire, princesse de Martigues dont la fille n’est autre que Marie de Luxembourg, reine de France et de Navarre de 1322 à 1324.

Une vue sur "ce château rappelant celui de la Belle au bois dormant"

Faute d’héritier masculin, le domaine est transmis via un mariage à la famille Rollat vers 1580. Plus de deux siècles d’occupation par cette famille, jusqu’au tragique assassinat par son domestique de Michel de Rollat, dernier du nom.En 1868, le domaine devient possession de la famille Blanzat. Depuis, ces descendants perpétuent un patrimoine d’exception.

L’élément le plus remarquable demeure l’escalier Napoléon III, cage d’escalier majestueuse, entouré par des murs en stuc veinés de marbrures, qui s’ouvre sur un plafond peint en très bon état.

Même si les intérieurs du château ne sont pas ouverts au public, il est possible d’observer sa façade Est en empruntant le chemin à droite du portail d’entrée.

Profiter d’une vue sur ce château rappelant celui de la Belle au Bois Dormant.

Devant l’ancienne basse-cour, les occupants du gîte peuvent admirer l’étonnant jardin floral et potager, création de Dominique Blanzat. Sous le regard des armoiries de la famille de Beaucaire et dont l’ombre plane toujours sur le château. 

Pratique.

Château de Bussière-les-Nonains                                Bussière, 03370 Saint-Désiré.                                       Visite libre de 13 à 19 heures. Plein tarif à 5 euros. 3 euros pour les enfants.                                                      Tel. 02 48 63 00 84 

Château de Puy Guillon                                                    Puy Guillon, 03390 Vernusse.                                                Point de vue sur le grand escalier et la façade Est. Uniquement par le chemin à droite du portail. Pas de visites.                                                                                 Tel. 06 87 14 57 36

Céline Deveau