“Dreaming Walls” de Maya Duverdier et Joe Rohanne : quand la nostalgie underground se heurte au capitalisme
Si les murs ont des oreilles, ceux du Chelsea Hotel ont tout entendu du gratin artistique du siècle dernier. La liste de celles et ceux passé·es par l’établissement de Manhattan est vertigineuse : Bob Dylan, Patti Smith, les Sex Pistols, Madonna (elle y photographia son livre Sex), Leonard Cohen, Janis Joplin, David Hockney, Jack Kerouac, Jane Fonda ou encore Jim Morrison y ont notamment séjourné. Filmée et photographiée à maintes reprises, la légende des soirées de débauche qui s’y déroulaient a aussi été alimentée par la littérature et la musique. Autant dire que la charge mythique du lieu pèse lourd.
La première bonne idée de ce documentaire coproduit par Martin Scorsese est de s’en délester en entrant dans l’hôtel par la porte des anonymes, qui sont en vérité ses dernier·ères résident·es permanent·es, résistant aux pressions de rachat de leur appartement. Car depuis la fin des années 2000, une interminable conversion en hôtel de luxe se déploie dans les couloirs du lieu qui fit jadis la gloire de l’underground. Ce que dit cette réfection, c’est la faillite de l’utopie punk. Habile mélange d’archives et de vues des appartements débordant de souvenirs, Dreaming Walls tente de ressusciter les fantômes de la contre-culture qui hantent le capitalisme en marche.
Dreaming Walls de Maya Duverdier et Joe Rohanne. En salle le 28 août.