Eugène Freyssinet relie les rives

Lorsque l’on évoque dans le département, et plus précisément dans les environs de Vichy, le nom d’Eugène Freyssinet, père du béton précontraint, brillant ingénieur des Ponts et Chaussées affecté à Moulins dès 1905, vient à l’esprit la construction du pont Boutiron qui relie Creuzier-le-Vieux et Charmeil, au-dessus de l’Allier.

La technique du béton précontraint

Cet ouvrage avant-gardiste, classé aux monuments historiques en 2021, inauguré en 1913, remplaça un ancien pont suspendu datant de 1854, plusieurs fois emporté par les crues de la rivière sauvage. Il fut l’un des tout premiers ponts en béton de Freyssinet à posséder des arches d’une portée de 70 mètres chacune, ce qui était important pour l’époque.

Par la suite, en France et dans le monde, de très nombreux ouvrages, ponts et bâtiments, certains très impressionnants, sont dus à ce constructeur. En Allier, entre 1905 et 1924, ce ne sont pas moins de vingt-trois ponts, plus ou moins importants, que Freyssinet construisit, basés sur la technique du béton précontraint.

Sur la rivière Allier, outre Boutiron qui est d’origine, le Veurdre et Châtel-de-Neuvre eurent également leur pont Freyssinet. Le premier fut bombardé en 1944, le second, dynamité à l’été 1940 pour retarder l’avancée des troupes allemandes.

Deux ouvrages à Cusset

Cusset n’est pas en reste et possède également sur sa commune deux ponts de cette technique, certes beaucoup plus modestes. L’un, très étroit, d’une portée de 15 mètres, franchit la rivière Jolan, dans la vallée des Malavaux. Et l’autre, ferroviaire, enjambe également le Jolan, au bout du chemin de Pralong, qui a encore belle allure bien que partiellement enfoui dans la verdure, sur l’ancienne ligne du tacot de Cusset à Lavoine, qui n’est plus empruntée maintenant que par les trains transportant les pierres de la carrière des Malavaux.

Sur la même ligne, un peu après Ferrières-sur-Sichon, le viaduc du Moulin Neuf, de plus de 60 mètres de long, ne voit plus passer de trains mais a conservé toute son élégance. Et il est également dû à l’ingénieur Freyssinet, tout comme plusieurs ponts sur des cours d’eau dans la Montagne bourbonnaise.