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Ils déterrent une ancienne église vieille de 1.000 ans dans un village abandonné de Haute-Loire

Décidément, les mystérieuses ruines de ce petit hameau fantôme qui surplombe la vallée de la Loire semblent avoir encore bien des secrets à livrer. La semaine dernière, une bonne vingtaine de bénévoles, étudiants en archéologie et locaux, encadrés par deux professionnels de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), ont lancé une impressionnante campagne de fouilles sur le site de Saint-Quentin à Chaspinhac. Les investigations étaient ciblées sur l’ancienne chapelle de ce village abandonné depuis plusieurs décennies. Sans eau ni électricité, le hameau dont l’accès est difficile, s’est progressivement vidé de ses occupants. La dernière habitante, Séraphie, y aurait vécu jusqu’en 1955.Avant le lancement des fouilles archéologiques, l’édifice était quasiment invisible.?Photo Christophe CoffyLa chapelle avait été mise en évidence il y a trois ans, lors d’un chantier de la jeunesse. La découverte de colonnes en marbre et de chapiteaux sculptés avait alerté la Drac et par conséquent, stoppé le chantier. S’il était déjà connu, notamment grâce aux textes anciens, que le village avait été construit sur les ruines de la forteresse du seigneur de Saint-Quentin, l’église du village, antérieure au XIe siècle, restait encore bien mystérieuse… Et pour cause, un minuscule amas de pierres dépassait à peine du sol il y a encore quelques jours. Mais après une semaine de décaissement minutieux de plusieurs dizaines de mètres cubes de terre et de gravats, les deux archéologues et leur équipe viennent de mettre à jour les vestiges d’un important édifice.

1.000 ans d’histoire jusqu’à l’époque du Moyen Âge

Dallage, colonne de marbre, céramique et bouts de vitraux se laissent découvrir au fil des fouilles. À chaque coup de truelle et de pinceau, la mystérieuse histoire de ce hameau se dévoile un peu plus. Une machine à voyager dans le temps de plus de 1.000 ans et l’occasion unique d’en savoir davantage sur l’importance du site de Saint-Quentin mentionné dès l’année 1027 comme dépendance de l’abbaye de Tournus. À cette époque, le site abrite alors une église et un château, tous deux détruits à la Révolution.

Lors de cette semaine intensive de fouilles archéologiques, l’équipe a pu mettre la main sur plusieurs vestiges de l’ancienne église qui daterait de plus de 1.000 ans. Sur cette photo, le fragment d’un ancien vitrail a pu être récupéré. Une colonne de marbre et de la céramique ont également été retrouvées. Avec seulement une semaine de fouilles autorisée sur le site, les archéologues savent déjà qu’il faudra revenir étant donné le haut potentiel archéologique du site. Mais avant cela, ils devront écrire un premier rapport d’ici la fin de l’année. Nul doute que le dossier devrait être une mine d’informations.Les nombreuses pierres taillées témoignent d’un riche passé sur le site de Saint-Quentin. « C’est un site très intéressant pour nous avec un ancien château, un village qui arrivera plus tardivement, un cimetière et une chapelle. Il s’agissait probablement d’un édifice religieux assez important. Il était coloré et on a déjà retrouvé pas mal d’éléments antiques. Ce bâtiment devait être largement visible depuis la vallée. Il n’y avait pas que les habitants de ce village qui venaient ici. Si l’église a été agrandie ou au contraire réduite au fil du temps, c’est un curseur très important de la démographie dans les environs », explique avec passion Laurent Fiocchi, l’un des deux archéologues en charge des fouilles.

« Saint-Quentin était un site important »

Nef, chevet, éléments de voûte, chœur, annexe… En attendant les analyses post-fouilles, un plan plus précis de l’église a pu être établi. Au moins trois états de construction à différentes époques ont été constatés.Une bonne vingtaine de personnes ont travaillé sur le site durant une semaine.?« Ici, on a un gros niveau de démolition, alors il faut souvent freiner l’ardeur des passionnés sur ce type de fouilles, s’amuse l’archéologue. Même moi j’aimerai tout déterrer tout de suite, mais en démolissant trop vite, on rate forcément des informations. On a désormais le plan de l’église, plusieurs états de construction et quelques vestiges, c’est déjà énorme en une semaine de fouilles alors que pratiquement rien n’était visible au départ. On observe beaucoup de pierres taillées, des colonnes de marbre, du vitrail. Des sculpteurs sont venus ici et ont été rémunérés pour travailler sur l’édifice. On a mis des moyens à l’époque sur ce site, sans parler de l’emplacement. Il y avait la volonté de montrer quelque chose et on ne faisait pas ça pour seulement quelques personnes. Sachant qu’il y avait un seigneur et son château juste à côté. Il y avait également l’objectif de marquer le territoire », confient Laurent Fiocchi et son épouse Brunilda Bregu, elle aussi archéologue.

Les deux archéologues, Brunilda Bregu et Laurent Fiocchi.?En 1807, le cadastre napoléonien mentionne un village situé à proximité du château et des jardins en terrasses cultivés jusqu’à la Loire. Dans les archives, on y apprend également que seul le seigneur du château avait droit de pêche sur cette partie de la Loire. Malgré les légendes autour du site et notamment celle « d’une salle des armes qui serait enfouie » sous l’ancien château, le véritable trésor reste l’architecture qu’on y découvre pour les deux archéologues. Ils n’hésitent pas à lancer l’hypothèse d’une occupation encore plus ancienne.Grâce à la vingtaine de personnes présente sur le site de l’ancienne église durant une semaine, le dallage de l’édifice religieux a enfin pu revoir la lumière du jour. Des dizaines de mètres cubes de terre et de gravats ont dû être décaissés à la sueur du front. Quelques jours avant l’arrivée des archéologues et bénévoles, la quasi-totalité de l’église était pratiquement invisible. Photos Christophe Coffy« Il faut bien avoir en tête qu’il y a les constructions en pierres qu’on retrouve encore aujourd’hui, mais il y a 1.000 ans ou plus, c’est la construction en bois qui prédominait. Là, on voit la végétation autour et on a l‘impression de ne rien voir, mais il faut imaginer cette zone avec moins d’arbres. Même sur les fortifications, des extensions en bois étaient fabriquées quand les familles s’agrandissaient. Ce n’est pas parce qu’il y avait un seigneur et un château que tout était construit en pierres », lâche l’archéologue.Une colonne de marbre.En attendant le très probable retour d’une équipe l’année prochaine, le président de l’association de Sauvegarde de Saint-Quentin, Franck Jarniat, a pour projet de sécuriser le site afin d’éviter sa dégradation.

Le chantier était organisé par l’association de Sauvegarde de Saint-Quentin en collaboration avec la mairie.  

 

Christophe Coffy

 

La croix disparue a retrouvé sa place

Elle était quasiment tombée dans l’oubli. La croix, datée de 1690, située sur le chemin qui mène au village de Saint-Quentin, avait disparu depuis au moins 30 ans. Seuls les plus anciens connaissaient son emplacement. Photo Christophe CoffyFranck Jarniat, président de l’association de Sauvegarde de Saint-Quentin, a demandé à Georges Itier, sculpteur de pierre à ses moments perdus, s’il ne voulait pas la reconstituer à l’identique, en s’appuyant sur un ancien cliché. C’est désormais chose faite grâce à un legs de la famille Bellaton qui a permis d’acheter une pierre extraite de la carrière de Blavozy.

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