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Pour les étudiants de l'université noire de Harris, la promesse de reconnaissance

Serena Evans a intégré cet "Harvard noir" il y a deux ans, après des années de scolarité où elle faisait partie de la "minorité" dans sa Caroline du Nord natale. A Howard, "j'aime voir des gens qui me ressemblent", dit à l'AFP cette étudiante Afro-Américaine sous la lourde chaleur des premières semaines de classe.

Avant elle, Kamala Harris avait fait le choix d'intégrer en 1982 cette institution de la capitale Washington, la plus réputée d'une particularité bien américaine: les universités historiquement noires. Cette centaine d'institutions, surtout présentes dans le sud-est du pays, accueillent toujours une immense majorité d'Afro-Américains.

Havre de tranquillité dans un pays encore marqué par le racisme, ces universités demeurent mal vues.

"Les gens pensent qu'on est sous-développés, comparé aux écoles de l'Ivy League comme Harvard", reprend l'étudiante en grec et en latin Serena Evans, en référence à ce groupe d'institutions prestigieuses qui forment les élites du pays.

Mais avec la démocrate Kamala Harris, "on se sent sur le toit du monde", se félicite Jomalee Smith.

Cette étudiante en relations internationales estime que si elle l'emporte en novembre, Howard "va non seulement être connu aux Etats-Unis, mais aussi à travers le monde". Et avec "davantage de personnes qui apprendront l’existence d'Howard", elle espère "davantage d'opportunités d'emploi".
Sérieux
Sur le campus, entre les bâtiments de briques rouges aux hautes colonnes blanches, il est quasi impossible de tomber sur un étudiant blanc, comme il est aussi difficile de trouver quelqu'un qui n'est pas fier de marcher dans les pas de l'ancienne élève Kamala Harris.

La vice-présidente américaine de 59 ans revient régulièrement sur place -- elle y était même le 12 août pour se préparer à son premier débat contre Donald Trump début septembre, selon le New York Times.

"Elle adore Howard", confirme Yusuf Kareem. Lui est venu du Texas pour étudier ici, conseillé par une cousine déçue d'une université traditionnelle à majorité blanche.

"En voyant qu'une femme noire peut être présidente des Etats-Unis, qu'elle est allée à Howard University, les gens sont obligés de nous prendre au sérieux."

L'université fondée en 1867 accueille environ 12.000 étudiants. De grandes figures y ont étudié, de la prix Nobel de littérature Toni Morrison au premier juge noir de la Cour suprême Thurgood Marshall.

"Tout ce que nous voulons, c'est les mêmes chances que les autres", ajoute cet étudiant en 2e année.
"Refuge"
Dans une Amérique qui, en 2020 encore, se déchirait sur la question du racisme après le meurtre de l'Afro-Américain George Floyd par un policier blanc, la question de l'accès des minorités à l'université n'est en rien réglée.

La Cour suprême, en juin 2023, a décidé de mettre un terme aux programmes de discrimination positive pour les procédures d'admission dans l'éducation supérieure.

Premier résultat concret: la part des étudiants noirs, hispaniques, issus des Premières nations ou des îles du Pacifique a chuté de neuf points de pourcentage dans la nouvelle promotion du très réputé MIT, à Boston.

Le réseau des universités historiquement noires -- Howard à Washington, mais aussi Morehouse et Spelman à Atlanta par exemple -- "offre une forme de refuge, de sanctuaire" pour les étudiants noirs, se félicite Opeyemi Faleye, un étudiant en droit.

"Elles ont été un élément cardinal de l'éducation des noirs", rappelle-t-il, assis sur un banc avec un ordinateur sur les genoux, un énorme livre à son côté.

"Et je crois que si les choses se poursuivent ainsi, avec d'autres institutions qui deviennent de plus en plus hostiles ou, en quelque sorte, discriminatoires, alors (ces universités noires) deviendront bien plus encore des refuges".

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