Merci la droite de ne pas vouloir gouverner le pays!
Dans Le Point, François Hollande aimerait que la gauche se libère de ses démons radicaux. Dans Le Figaro, Nicolas Sarkozy appelle la droite et les partis de gouvernement à cesser d’ajouter la crise politique à la crise économique et sociale française, au nom de l’intérêt du pays, et à se hisser au-dessus des intérêts partisans… Mais tout cela ne nous dit toujours pas quel Premier ministre atterrira à Matignon.
Il y a ceux qui font une vraie campagne électorale pour être nommés sans aucune raison, comme cette Première ministre LFI baroque qui aligne les aberrations, l’ignorance économique, les fautes sur le pouvoir d’achat et les caprices de pouvoir à tout prix. Ceux qui, comme le RN, ont complètement disparu de la circulation – sont-ils en psychanalyse, pour se remettre de la torture mentale qu’on leur fait subir en les traitant de « fachos » tous les jours ? – et se voient refuser tout poste à l’Assemblée nationale et ne bénéficier d’aucune considération alors qu’ils ont quand même 126 députés élus par le peuple français ! (Voilà qui nécessite d’augmenter fortement les doses d’antidépresseurs pour des gens qui ne sont pas tous des salauds comme on veut le faire croire et ont des ambitions pour la France, même si elles ne correspondent pas forcément à ce qu’on souhaite). Ceux qui restent de la droite qu’on aimait bien, mais qui estiment que ce serait se compromettre gravement que de prendre une parcelle de pouvoir lié à Emmanuel Macron (ils n’ont pas beaucoup d’arguments, en réalité, uniquement des punchlines). Ceux des vrais socialistes qui se cachent (sauf François Hollande et Ségolène Royal), terrifiés à l’idée de contredire le grand méchant loup, Jean-Luc de son prénom… et morts de peur devant l’hypothèse de peut-être devoir admirer un Premier ministre issu de leur camp, Bernard Cazeneuve, que beaucoup à droite trouvent en réalité très fréquentable, digne et plutôt entreprise-friendly… Du côté des centristes, ce n’est pas beaucoup plus clair, et on ne sait plus où tourner la tête au risque d’avoir un torticolis : « gauche, droite, gauche, droite – et où est le centre » ? Quant à Didier Migaud, ancien président de la Cour des comptes et dernier candidat sorti du chapeau pour aller à Matignon, c’est la certitude d’une révolte incendiaire et collective à LFI, à cause du mot « Cour » et du mot « comptes » !
Ne vous y trompez donc pas : si Jupiter ne se prononce pas aussi vite que certains le voudraient, c’est qu’il a encore un certain sens des responsabilités… olympiennes. Comment concilier l’inconciliable ? Il essaie. Et puis, le président n’a pas du tout l’intention de dissoudre dans un an ! Il souhaiterait certainement que la cohabitation à venir fonctionne un peu plus longtemps, car c’est contraire à tout principe jupitérien de ne plus régner. Pas facile, donc, de faire fonctionner cette Assemblée née de sa colère post-législatives… Le président espère vraisemblablement que tout cela puisse fonctionner façon puzzle, et on finit par le souhaiter aussi. Alors, Messieurs les ministres démissionnaires (qui font le boulot, mine de rien), Messieurs les députés et Messieurs les conseillers pas si intègres que cela, il va falloir vous réveiller tous, et endosser une responsabilité individuelle avant d’être collective, car c’est bien de la responsabilité individuelle des députés élus que dépend le fait que la France sorte de l’ornière. Quelques conseils basiques et gratuits, dont vous ne semblez pas franchement avides :
– Ayez le sens de l’honneur, et votez ce qui vous semble bon pour la France, sans penser à votre secte partisane ;
– Arrêtez de vouloir transformer l’Assemblée nationale en jungle ;
– Décidez cette année d’entamer une année de formation professionnelle personnelle : Comment fonctionne vraiment une entreprise ? Quelles sont les conséquences économiques de la générosité de l’État ? Où en sont la dette et ses perspectives dramatiques ? Pourquoi ça ne marche jamais d’enrichir les pauvres en faisant la chasse aux riches ? etc. Je peux vous proposer plein d’autres thèmes de formation professionnelle intéressants dans ce genre ;
– La cohésion nationale commence par soi-même ! Être aimable avec ses confrères, les écouter avec un peu d’objectivité, serrer la main de tout le monde, les Français vous en sauront gré…
– Créez une commission de travail pour définir enfin ce qu’est « un parti républicain », faites signer cette charte par tous les partis, et ne tolérez plus la moindre incartade ;
– Arrêtez de penser que le succès en France est une « rupture d’égalité » (ça, c’est ma recommandation spéciale pour les élus de gauche).
« L’avenir ce n’est pas ce qui va arriver, mais c’est ce qu’on va en faire » disait Bergson. Vous avez trois heures pour disserter sur cette déclaration philosophique, moins pour le président.
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