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"Il faut rester et continuer à faire vivre le village" : les classards, cette jeunesse rurale attachée à ses racines

Dans la commune, personne ne sait trop dire quand les premiers classards sont apparus, même pas le maire. "Ça doit être très vieux, j’ai toujours connu ça. À l’époque, ils l’étaient avant de rejoindre leur service militaire", se souvient Georges Morison.

Aujourd’hui, ces jeunes ne partent plus pour l’armée et le concept s’est (légèrement) féminisé, mais la tradition est restée. Ceux qui ont 18 ans cette année ou l’an prochain organisent des événements pour récolter des sous et partir en vacances tous ensemble.

"L’idée, c’est aussi de rassembler un maximum de personnes et de continuer à faire vivre notre village, comme l’ont fait les générations avant nous"

Un réel attachement local

Le week-end dernier, la jeune fille était à bord du char décoré par les classards nés entre 2006 et 2007, avec pour mission de mettre l’ambiance à la fête patronale de Saint-Anthème, organisée par la société de chasse du village. Pendant trois jours, on les repérait à leurs tee-shirts blancs bariolés d’inscriptions pas toujours politiquement correctes et on entendait de loin leurs sifflets. "En tout, on est 28 cette année, ce n’est pas mal. Notre génération est très attachée à ses racines", rapporte la jeune fille.

La famille, les amis, la montagne et le calme reviennent en boucle. "On a tout ici, il faut rester et continuer à faire vivre Saint-Anthème, parce que si on ne le fait pas, qui le fera??", questionne Yohan entre deux parties de pétanque, samedi après-midi. À 18 ans, le jeune garçon vient d’avoir son baccalauréat. À la rentrée, il intégrera une formation en alternance en vente automobile entre Lyon et Saint-Étienne. "Et puis quand j’aurai mes diplômes, je reviendrai ouvrir mon garage ici. Ça s’appellera “Meca’coiff”, avec un salon de coiffure à l’intérieur", sourit-il.

Une volonté de revenir après les études

Comme lui, les jeunes classards sont nombreux à avoir la volonté de revenir s’installer à Saint-Anthème après leurs études. Un village de 700 habitants niché à plus de 1.000 mètres d’altitude, avec peu de commerces et d’emplois, où l’on imagine une vie un peu rude.

"On sort les uns chez les autres, et puis il y a les bals, ça coûte moins cher qu’une boîte de nuit. En plus ici, on traîne tous ensemble depuis petits."

Les jeunes ruraux et la tentation du Rassemblement national

Le jeune homme né en 2006 part étudier la comptabilité à Saint-Étienne l’année prochaine. Pour lui, l’idéal serait de devenir le comptable attitré des petites entreprises du secteur, comme celle de "Pompom", un menuisier-charpentier.

Aurélien et Yohan ont toujours vécu à Saint-Anthème. Ils ont suivi les pas de leurs parents et grands-parents. La place du village, le bar L’Anthonoire, l’Encas chez Marie, c’est leur quotidien. "Cet été on a vu pas mal de touristes, c’est bien que les gens s’intéressent au village. Avec le plan d’eau, Prabouré, il y a de quoi faire en même temps", rapporte Aurélien en tirant sa dernière boule.

Parfois des excès aussi 

Après le tournoi de pétanque, les classards ont assuré l’ambiance du match de foot. Sous la ferveur de leurs supporters, les Verts locaux se sont hissés au troisième tour de la coupe de France face aux Écureuil de Franc Rosier de Clermont-Ferrand. Puis, une fois cette victoire historique encore bien arrosée, leur char a pris la direction de la salle des fêtes pour le bal.

"Les classards, c’est aussi beaucoup d’excès, notamment avec l’alcool. Les fêtes se terminent souvent en beuveries qui peuvent être difficiles à gérer", déplore le maire. Si Georges Morison s’inquiète pour la sécurité de ces jeunes, il salue quand même leur attachement au village. "Malheureusement, bien souvent, le manque d’emploi les oblige à partir pendant des années avant de revenir." Pour cette génération de classards, l’avenir est encore fait de tous les possibles.

Angèle Broquère

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