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Mostra de Venise 2024 : tapis rouge au cinéma

Ce n’est pas nouveau : les grands festivals (Cannes, Berlin, Venise…) ont besoin de stars – et pas de demi-stars ou de petites vedettes nationales – pour mobiliser les fans et leurs cris à l’entrée des projections officielles, être vus et montrés dans les grands médias du monde entier.

Mais ce petit jeu sans doute nécessaire, qui entretient la rivalité entre ces événements, ne fait pas toujours le bonheur du cinéphile. La compétition officielle à la Mostra de Venise cette année semblait tellement quêter la star de renommée internationale que la qualité des films s’en est souvent ressentie : la présence de Maria, de Pablo Larraín, biopic surjoué, surfilmé, bourré des clichés du moment – comme, en conclusion, de vraies images de “vraies” personnes dont le film met en scène la vie, souvent plus intéressantes ou plus vivantes que le long lui-même – ne se justifiait que par le fait qu’Angelina Jolie, en quête manifeste d’un Oscar de la meilleure actrice, y interprète La Callas.

Ménager la chèvre et le chou


The Order, de Zach Baylin, qu’on croirait issu de “l’imagination” de Chat GPT tant son scénario ressemble à des dizaines de milliers d’autres films policiers (un flic alcoolo trouve la rédemption en levant un lièvre nazi dans un bled paumé du Midwest), n’était là que parce que le rôle principal est joué par Jude Law. Idem pour les “interventions” de Clooney et Pitt (venus présenter un film qui ne sortira qu’en VOD…). Tout comme Babygirl, de Halina Reijn, comédie sur le BDSM assez audacieuse par endroits mais inégale, qui ne devait sa présence en compétition qu’à l’interprétation de Nicole Kidman.
Mais soyons justes. Heureusement, grâce au tapis rouge, Julianne Moore, Tilda Swinton et Almodóvar, vraies icônes, ont pu aussi venir présenter un grand film, The Room Next Door.

La compétition a proposé aussi des films plus ambitieux, comme Cloud de Kiyoshi Kurosawa, Trois amies d’Emmanuel Mouret, Vermiglio ou La Mariée des montagnes de Maura Delpero (film très sobre, et merveille comparée aux autres films italiens de la compétition, signés par des “noms” surfaits : Gianni Amelio ou Francesca Comencini…).

Tout n’est donc pas à désespérer des films en compétition et des programmateur·rices des festivals, qui tentent non sans difficulté de ménager la chèvre et le chou – au détriment souvent d’une véritable ambition de radicalité formelle. Mais gageons que la présidente du jury, l’exigeante Isabelle Huppert, saura y reconnaître les siens.

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